Les deux travaux, que nous avons cités dans la section
précédente, comportent à la fois des mérites et des
limites. De ce fait, nous allons voir l'apport de ces travaux dans le cadre de
notre recherche.
Le premier chercheur a le mérite d'avoir bien
étayé les faits. Cette étude avait comme objectif de
montrer la relation qui existe entre la dollarisation, le taux de change ainsi
que le taux d'inflation.
D'après les résultats de ses recherches, une
augmentation du taux de dollarisation provoquerait une augmentation du taux de
change, ce qui entrainerait une forte dépréciation de la monnaie
locale.
Cela est d'autant plus vrai puisqu'une simple analyse
qualitative nous permet de l'affirmer en fonction d'un des déterminants
du taux de change, à savoir « la demande de la monnaie à des
fins de transaction » qui stipule que lorsqu'il y a une forte demande
d'une monnaie étrangère, cela entraine une hausse du taux de
change, avec comme conséquence l'appréciation de la monnaie
étrangère par rapport à la monnaie locale et l'effet
inverse sur la monnaie locale.
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ce dernier est quant à lui directement lié au
taux de dollarisation. Donc la hausse du taux de dollarisation a très
peu d'influence sur le niveau général des prix.
Cependant ce travail comporte une limite en particulier : un
manque flagrant des pistes de solutions pouvant mener à
l'éradication de la dollarisation, qui peut être comparée
à un cancer généralisé, qui gangrène
l'économie congolaise depuis presque trois décennies
maintenant.
L'auteur s'est juste limité à
l'établissement des relations de cause à effet, qui existe entre
la dollarisation, le taux de change et le niveau général des
prix. Cela, certes, lui a permis de rester dans les limites qu'ils se sont
fixés au début de leur travail. Mais le chercheur n'a pas
étalé les faits ainsi que les causes de ces problèmes en
vue de proposer des pistes de solutions pour de sortir de l'impasse.
Ses travaux nous ont permis de réaliser à quel
point la dollarisation contribue dans une large mesure à la
détérioration de l'économie sans pour autant nous proposer
des solutions concrètes pouvant permettre d'éradiquer ce
phénomène.
Le second travail a réussi à démontrer
que la dollarisation est aussi une source de problèmes,
particulièrement si elle se produit à grande échelle,
c'est-à-dire :
· Lorsque la proportion de monnaie locale dans la base
monétaire est faible, la politique monétaire a moins de prise
pour limiter le gonflement des agrégats monétaires qui
comprennent des devises étrangères (M1, M2, M3) ;
· Lorsque la part de monnaie locale dans M3 est faible,
la banque centrale réalise moins de recettes de seigneuriage ;
· La domination du dollar dans la fixation des prix
intérieurs implique la renonciation à une politique effective des
taux de change. Comme les prix sont presque exclusivement fixés dans la
monnaie dominante, une dépréciation de la monnaie nationale
ferait augmenter l'inflation, mais le taux de change réel serait
quasiment inchangé.
· Une dollarisation partielle accroit le risque
d'asymétrie actifs/ passifs (risque de change) ou le risque lié
aux prêts bancaires en dollars à des clients dont le revenu est en
monnaie locale (risque de portefeuille).
Bref, ce travail a eu le mérite de marteler sur le
fait qu'une forte dollarisation constitue un frein à l'efficacité
de la politique monétaire. En plus de limiter la portée de la
politique monétaire, la dollarisation réduit également la
capacité de la BCC à agir comme prêteur en dernier
ressort.
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La forte dollarisation signifie que la facilité de
prêt en dernier ressort de la BCC doit détenir davantage de
réserves internationales, en cas de panique bancaire qui
entraînerait des retraits massifs des dépôts en dollars.
Cependant, en parcourant ce travail, nous n'avons pas pu
capter ce niveau que les chercheurs qualifient de « forte dollarisation
». En d'autres termes, quand est-ce que l'économie congolaise
pouvais être considérée comme fortement
dollarisée.
A présent, nous allons passer à notre
deuxième chapitre qui va nous aider à faire une analyse factuelle
des données en République Démocratique du Congo allant
2001 à 2017.
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