3.2.2. Enseignement de l'expérience d'autres
pays
L'expérience d'autres pays montre que les mesures
incitatives à l'utilisation de la monnaie locale (mesures « pull
») ont plus de chances de fonctionner que les mesures contre la
dollarisation (dédollarisation contrainte ou mesures « push
»). Ces mesures sont :
Renforcement de la gestion et de liquidité et des
instruments de la Banque
Ceci dans le but de rendre la monnaie locale plus attractive
(commodité d'usage et moindre volatilité du taux
d'intérêt).
Citons comme exemples :
(i) Les réserves obligatoires, les facilités
permanentes de prêt et de dépôt, les opérations
d'open-market visant àÌ stabiliser le taux national
interbancaire.
(ii) Introduction d'effets publics à moyen terme pour
améliorer la lisibilitéì de la politique
monétaire et développer une courbe des rendements, ce qui
favoriserait aussi l'émergence d'un marché obligataire local ;
(iii) Développement du marché des changes, afin
d'assurer un accès facile aux devises estrangères, ce qui
réduit la nécessité d'en détenir par
précaution.
La plupart de ces mesures pourraient être utilement
appliquées, sous une forme ou sous une autre, en RDC. S'agissant du
point (ii), les échéances des billets de trésorerie,
actuellement de 7 ou 28 jours, sont trop brèves pour voir se
développer des marchés secondaires, stimuler le marché
interbancaire, développer une courbe des rendements, et donc
développer le marchéì des capitaux ; cela étant, la
demande de titres à échéance plus longue est probablement
trop faible pour justifier leur introduction par la BCC.
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Amélioration de la gestion du budget et de la dette
publique.
Le rééquilibrage des finances publiques, par une
réduction des emprunts d'État en devises
étrangères, peut contribuer à réduire la
dédollarisation des engagements de l'État.
Le gouvernement doit aussi autant que possible recourir
à la monnaie nationale pour ses opérations, notamment le
prélèvement des impôts et les prélèvements
sur les salaires, les biens et les services (comme l'Angola).
L'aide étrangère doit être utilisée
en monnaie locale et la fiscalitéì doit être neutre,
c'est-àÌ-dire ne pas favoriser la détention de devises
étrangères.
Le développement de la dette par émission
d'obligations libellées en monnaie nationale serait un moyen de
dédollariser le bilan de l'État et permettrait d'accroitre la
flexibilitéì du taux de change (c'est ce qu'ont fait la Bolivie,
le Brésil, Israël, le Mexique, la Turquie).
Parallèlement à la poursuite d'une gestion
budgétaire prudente, toutes ces mesures pourraient sous une forme ou
sous un autre être appliquées en RDC.
Renforcement des systèmes de paiement et
amélioration de la commoditéì d'usage de la monnaie
nationale
Les systèmes de paiement doivent être ainsi
conçus qu'il soit au moins aussi pratique et efficace de payer en
monnaie nationale qu'en devise étrangère. L'étape crucial
pour arriver à cela est d'assurer la disponibilité de coupures de
montants adaptés aux besoins des usagers, permettant de minimiser les
coûts de transaction, et rendre la monnaie nationale plus pratique pour
les transactions de montant élevéì (au Cambodge,
l'introduction de coupures d'une valeur plus importante a stimulé la
demande de monnaie nationale).
Ces dix dernières années, la plus grosse coupure
de monnaie nationale valait moins d'un dollar, et depuis deux ans ne vaut plus
qu'environ la moitié d'un dollar. L'introduction en 2015 de plus grosses
coupures en RDC est donc un progrès très appréciable.
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