3.2.1. Mesures et objectifs de lutte contre la
dollarisation depuis 2012 et leurs limites
3.2.1.1. Mesures de dollarisation de 2012
En 2012, le gouvernement central et la Banque Centrale du
Congo ont lancé un vaste processus de dédollarisation de
l'économie congolaise. Ce processus repose sur la fixation des objectifs
stratégiques, subdivisés en objectifs intermédiaires qui
devrait être atteints d'ici 2016.
Ces mesures et objectifs portaient sur les politiques
monétaire, budgétaire et de change, la stabilité du
système financier ainsi que la restauration des fonctions
monétaires du franc congolais.
Politique monétaire prudente : préservation de
stabilité du franc congolais Dans ce cadre, il a été
prévu de :
· Émettre des pièces de monnaie de 50, 100 et
200 CDF dès janvier 2014 ;
· Émettre les coupures de 20 000 FC en novembre
2012 et celle de 50 000 FC dès le 30 juin 2014 ;
· Assurer une meilleure régulation de la
liquidité dès fin mai 2013 par la révision des
instructions portant fonctionnement de BTR ;
· Fixer le cadre juridique et développer les
opérations d'open market au premier semestre 2015 ;
Lever la réserve obligatoire suivant la monnaie de
constitution des dépôts et appliquer un coefficient
discriminatoire à partir du mois d'avril 2013.
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Objectifs de politique budgétaire : Constitution des
réserves budgétaires et promotions des titres publics
A ce sujet, il avait été prévu tout au long
de l'année 2013, de :
· Effectuer les paiements au profit des Résidents en
CDF ;
· Percevoir graduellement les recettes, droits et taxes en
CDF ;
· Constituer les réserves budgétaires ;
· Éviter d'accumuler des arriérés de
la dette intérieur ;
· Émettre des nouveaux Titres Publics en 2014 ;
· Négocier les contrats futurs sur les
infrastructures en CDF ;
· Clôturer les comptes de l'État auprès
des banques ;
· Défiscaliser les importations des distributeurs
automatiques des billets et les CASH POINT.
Objectif de politique de change
Lissage de fluctuation du taux de change de la monnaie nationale
et amélioration des réserves de change.
Dans ce cadre, les autorités avaient prévu de :
· Réviser la convention sur l'organisation et le
fonctionnement du marché des changes en 2013 ;
· Systématiser les achats de devises par
adjudication suivant le nouveau cadre en 2013 ;
· Amender la réglementation de change en 2016.
Restauration des fonctions monétaires du Franc
Congolais
Utilisation du CDF comme étalon de mesure, moyen de
paiement et réserve de valeur. Ceci, à travers :
· L'affichage des prix des prix des biens et services en
CDF en 2012 ;
· L'utilisation du CDF comme monnaie de
référence dans les discours, décisions (des cours et
tribunaux) et documents officiels en 2013.
La relation qui unit les agents économiques avec une
certaine monnaie se base sur la confiance et lorsque la confiance n'y est plus,
cette relation se brise sans délai.
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3.2.1.2. Limites
Les mesures entreprises en 2012 avaient plusieurs limites,
mais dans le cadre de ce travail, nous voulons en citer trois seulement :
L'inconvertibilité du CDF
L'économie congolaise est une économie
extravertie c'est-à-dire qu'elle dépend en grande partie des
importations, que c'est soit dans le secteur privé ou publique. Or qui
dit une économie entièrement dédollariser, dit absence de
monnaie étrangère en circulation.
Cependant, pour importer il faut avoir une monnaie ayant une
certaine valeur internationale. Cependant, le franc congolais n'en a aucune.
Donc dédollariser totalement l'économie revient à
l'asphyxier. En d'autres termes, en grande partie des importations dont elle
dépend.
Absence presque totale de production locale
Comme signalé dans le point précédent,
l'économie congolaise est une économie qui dépend en
grande partie des importations. La production locale est presque inexistante ;
et dans la majorité de cas, lorsqu'elle existe, c'est pour
l'autosuffisance.
Cette situation met en mal la monnaie nationale puisqu'elle
n'a aucune valeur internationale. Aucune nation n'acceptera de se faire payer
ses exportations au Congo en CDF puisque ce dernier ne leur servira à
rien. C'est qui fait que le peu d'exportations que le pays peut faire surtout
en termes de matières premières à l'état brut, il
est obligé de le faire en une monnaie ayant une certaine valeur
internationale.
Le manque de confiance des agents économiques en la
monnaie nationale
L'élément confiance est très important
dans le domaine monétaire. Lorsqu'une monnaie perd la confiance de ses
utilisateurs, elle signe petit son arrêt de mort.
Le manque de confiance des agents économiques congolais
en leur monnaie découle d'une longue période
d'instabilité, période qui ont marqué l'avènement
de la dollarisation. Cependant, ce même manque de confiance constitue
à la fois une des raisons en la persistance de la dollarisation mais
aussi une limite au processus de dollarisation.
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La monnaie nationale n'inspire plus confiance. Elle peut
réussir à se stabiliser pendant un bon moment, même pendant
plusieurs années, mais au moment où elle se remet à se
déprécier, elle redevint ce qu'elle était avant. Tant que
les agents économiques trouvent sécurisant d'utiliser une autre
monnaie que la nationale, tous les efforts visant à installer un
processus de dédollarisation seront soit butés à cette
limite soit voués à l'échec.
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