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L'ONG AIDE et la question de la pérennisation des projets hydrauliques dans le district d'Abidjan


par Gnenefoli Mamadou OUATTARA
Chaire UNESCO - Master gestion de projets 2019
  

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6.2. ATTITUDE DES BENEFICIAIRES VIS-A-VIS DE L'AIDE EXTERIEURE

L'observation empirique de l'attitude des populations vis-à-vis des apports des ONG humanitaires révèle que dans la plupart des cas, les populations-cibles perçoivent inconsciemment les acquis des ONG comme des « sacrifices » c'est-à-dire des dons gracieusement offerts par des bienfaiteurs providentiels). Ce comportement fait qu'en général, les bénéficiaires adoptent une attitude passive, « attentiste » face à leur destin et espèrent qu'il y aura toujours quelqu'un pour s'occuper de leurs affaires. Cette réalité est très présente chez les peuples africains. C'est pourquoi Axelle Kabou (1991) déclare : « Les Africains sont largement persuadés que leur destin doit être pris en charge par des étrangers »21(*). C'est ce que dénonçait déjà Frantz Fanon (1961) dans son livre ?les damnés de la terre »lorsqu'il a écrit ceci : « Après avoir déculturé l'Africain colonisé, on lui a apporté le développement en théories et en espèces sonnantes ». Eric Driesen, (2001) confirme cette idée en disant : « L'aide ne marche pas bien, en Afrique subsaharienne (...). Les effets de dépendance engendrés par l'assistance telle qu'elle se pratique devaient être soulignés ». Dambisa Moyo (2009) va plus loin en déclarant que « l'assistance financière a été et continue à être, pour une grande partie du monde en développement, un désastre économique, politique et humanitaire »22(*). Elle continue son argumentation en affirmant que la majorité des pays subsahariens se débattent dans un cycle sans fin de corruption, de maladies, de pauvreté et de dépendance, alors que les pays riches ont déversé plus de mille milliards de dollars d'aide sur l'Afrique au cours des cinquante dernières années. Il ressort de son analyse qu'entre 1970 et 1998, quand le flux de l'aide à l'Afrique était à son maximum, encouragé par l'industrie du spectacle [...], le taux de pauvreté des populations s'est accru d'une façon stupéfiante. Selon cette auteure, l'octroi de dons et de prêts à des conditions très favorables favorise la mauvaise gouvernance, est source de conflits et sape l'épargne et les investissements locaux. Selon elle, les principaux donateurs doivent s'entendent pour annoncer la fermeture graduelle des robinets de l'aide sur une période de cinq à dix ans. Les pays concernés réorienteraient leurs économies vers des sources de financement privés aux effets secondaires moins nuisibles. Elle préconise le recours au marché obligataire, l'essor du microcrédit, le renforcement du droit de propriété et des mesures drastiques pour favoriser le commerce. Elle considère le Botswana, qui a prospéré après avoir rejeté la culture de l'assistance, comme un modèle à suivre. Notre auteure martèle que les nombreuses aides déresponsabilisent non seulement les populations mais également les Etats qui se soustraient de leurs rôles régaliens. Ce phénomène est le plus visible dans les pays où le gouvernement perçoit l'aide directement, en particulier en Afrique, et où ces mouvements d'aide sont souvent importants par rapport aux dépenses fiscales.

* 21Axelle Kabou,. Et si l'Afrique refusait le développement ? Paris, L'Harmattan, 1991, p. 27.

* 22Dambisa Moyo (JC Lattès). L'Aide fatale. Les ravages d'une aide inutile et de nouvelles solutions pour l'Afrique

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"Le don sans la technique n'est qu'une maladie"