Chapitre 4 : DIMENSION SOCIOCULTURELLE DE
L'EVENEMENT
I. INTERET DE LA CELEBRATION
1. Les fonctions du Gbônnô
Les fonctions du Gbônnô, en tant que rites
funéraires annuels et fête de nouvel an, s'apprécient au
niveau traditionnel, social et économique.
1.1. La portée religieuse et traditionnelle
Interrogé surl'intérêt religieux et la
fonction traditionnelle de la célébration, notre informateur
délégué, le notable Kouamé Kouman,nous confie qu'un
décès non célébré entraine des malheurs dans
le village et que les rites qui accompagnent la cérémonie sont
une libération pour les couples et les familles car ilseffacent les
impuretés des défunts. Il ajoute que lacélébration
permet de purifier le village. On comprend donc que c'est une occasion de
confier le village à Dieu et aux ancêtres avant le début de
la nouvelle année. C'est d'ailleurs tout le sens des sacrifices, rites
et libations faites en l'honneur de Dieu, des Voûga ou
fétiches et des ancêtres tout le long du déroulement de la
célébration pour implorer leur pardon et demander leur
protection. Il s'agit surtout de sanctifier et d'épurer le village de
toutes souillures avantd'entamer la nouvelle année avec joie et
espérance, mais aussi de prier pour éviter le maximum de
dégâts, de malheurs et de décès dans le village. Il
nous revient effectivement que cette coutume est un facteur de paix, de
quiétude et de stabilité sociale dans le village, avec une
limitation optimale des malheurs et des décès. Cependant, une
célébration faussée au niveau de la période ou des
dates entraine beaucoup de problèmes. C'est pourquoi seuls les sages
sont habilités à annoncer la date de l'évènement
à partir d'un calcul du temps dont ils ont l'exclusivité du
secret.
1.2. L'apport social et économique
Sur le plan social, le Gbônnô se veut avant toutun
moment de retrouvailles. En effet, les populations se retrouvent difficilement
pendant l'année en raison de leurs lieux de résidences souvent
éloignés du village, car celles-ci voyagent beaucoup, pour
certaines, à la recherche d'un mieux-être.Dès lors, il y'a
parfois rupture de contacts et de communication entre les parents restés
au village et ceux partis à à l'aventure, de même que entre
ceux résidants à des localités diverses hors du village.
Ainsi, la seule occasion de se revoirdans l'année apparait
l'opportunité unique de l'évènement ou tout le monde est
attendu au village. C'est d'ailleurs à cette circonstance que les uns et
les autres se donnent généralement rendez-vous pour les questions
d'intérêts privés, familiaux et même communautaires.
Car le Gbônnô est un moment d'arbitrage définitif de tous
les problèmes ou conflits, avant l'entame de la nouvelle année.
Le village devient ainsi un point de convergence pour toutes les populations.
La fête créée aussi une dynamique de socialisation,
d'intégration, de rapprochement, de rassemblement et surtout de
renforcement de l'union, la fraternité, la solidarité, la paix et
la cohésion sociale entre les populations.
Le Gbônnô a égalementun apport
économique. En effet les populations qui arrivent pour la circonstance,
ont besoin de se nourrir. La fourniture de vivres et de nourriture devient une
opportunité commerciale engendrant une activité économique
dans le domaine de la restauration et de la commercialisation de l'igname,
principal produit de consommation. C'est aussi une occasion de bonnes recettes
pour les restaurants et bars du village. Par ailleurs,le Gbônnô
marque le démarrage de nouveaux projets dans le village. Les populations
qui reviennent de voyage arrivent avec des devises importantes pour la mise en
oeuvre de nouveaux projets d'investissements notamment dans le domaine de la
construction et de l'agriculture.
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