2. Les enjeux culturels de l'évènement
Au-delà de ses fonctions traditionnelles, sociales et
économiques, le Gbônnô est un évènement
d'animation culturelle aux enjeux multiples.
2.1. L'affirmation du dynamisme et l'unité de la
société
Cette fête traditionnelle témoigne de la
solidarité dans le village et l'union entre les populations. Elle
renforce le lien de fraternité entre les familles et les individus. Ces
valeurs se manifestent notamment par la mobilisation de toute la
communauté lors des rites funéraires. D'ailleurs il se dit dans
le village qu'un deuil n'appartient pas à une seule personne ou une
seule famille. C'est pourquoi lors des rites funéraires, tout le village
se mobilise pour soutenir les familles endeuillées à toutes les
étapes de l'organisation. Les rites funéraires annuels permettent
en outre d'éviter les funérailles grandioses. C'est ce qui
explique même le fait qu'on reporte les funérailles après
l'enterrement pour les organiser à la fin de l'année, dans un
cadre participatif et organisé. Ces valeurs sont
perpétuées à tous les niveaux de la société
(enfants, jeunes et adultes), si bien que la société est
organisée par classes d'âges au sein desquelles se pratiquent et
se partagent ces vertus. L'évènement renforce donc l'unité
entre les populations qui réaffirment ainsi qu'elles forment une
communauté de destin unie et forte.
2.2. L'expression de la vivacité du patrimoine
culturel local
Le Gbônnô se veut un vecteur de valorisation et de
promotion de l'identité de la communauté. Il permet au village de
réaffirmer son attachement à sa tradition et identifie les
populations à leur histoire et leur civilisation. Les rites qui
accompagnent la célébration démontrent la vivacité
et l'authenticité de l'identité traditionnelle des populations.
Par exemple le culte des morts, notamment les rites funéraires annuels,
constitue une marque d'identification des Dègah dans leur milieu de
coexistence. Aussi, d'autres coutumes comme l'invocation de Korowiri
(Dieu) à travers lesVoûga (fétiches), les
sacrifices d'animaux en l'honneur des divinités,etc., nous donnent de
découvrir les croyances primitives des populations. Par ces usages
hérités des ancêtres et perpétués dans le
temps malgré l'influence du modernisme et l'expansion des religions
révélées, les populations affirment leur enracinement dans
leur culturetraditionnelle, gage de leur protection contre le risque
d'assimilation à d'autres peuples de leur environnement
géographique. L'évènement favorise également
l'immersion des populations dans l'immensité et la richesse de leur
patrimoine culturel et suscite un éveil culturel chez celles-ci. Car il
donne l'occasion aux festivaliers de se familiariser avec les
différentes formes d'expressions artistiques et culturelles en vigueur
dans le village, notamment les danses et chants traditionnels avec tous les
instruments qui les accompagnent, les musiques populaires, les créations
artistiques etc. Le Gbônnô est la seule occasion où toutes
les danses traditionnelles sont autorisées. Il permet aux populations de
mettre en valeur leur patrimoine culturel à travers notamment des
spectacles de danses et chants traditionnels éclatés, des
soirées artistiques et concerts, des animations populaires et
exhibitions de tous genres. A toutes ces fonctions, il faut ajouter l'enjeu
éducatif de la célébration. En effet, le
Gbônnô a une valeur initiatique pour les jeunes. Il leur donne de
se familiariser avec leurs coutumes, d'aimer et de pratiquer leur culture pour
garantir son dynamisme et sa transmission aux générations
futures. En somme, l'évènement permet de découvrir la
vivacité du patrimoine culturel duvillage, favorise la conservation et
la pérennité des traditions populaires et pratiques culturelles
de la communauté.
|