Deuxième partie :
SYMBOLIQUE DU GBÔNNÔ DANS L'UNIVERS
SOCIO-CULTUREL DES DEGAH DE MOTIAMO
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Chapitre 3 : DESCRIPTION DE L'EVENEMENT
I. LES FONDEMENTS DU GBÔNNÔ
1. Les fondements culturels de la
célébration
« Gbônnô » est une expression
Dègah qui traduit une idée d'affliction et de réjouissance
en même temps. C'est un évènement
célébré chaque année dans le village de Motiamo.
Cette célébration consiste en des funérailles annuelles
dénommées Lourri, suiviesde la commémoration du
nouvel an.L'évènementrevêt undouble caractère
traditionnel et socioculturel.
En effet,à l'instar de tout le peuple Dègah, des
grandes funérailles sont organiséeschaque année pour tous
les morts du village au cours de l'année pour marquer leur
séparation définitive d'avec le monde des vivants. A l'origine de
cette coutume, le mode d'organisation des rites funéraires chez les
Dègah qui se décline en deux (2) étapes. Selon le doyen
KOUAME Kouman, notable mandaté par le chef du village de Motiamo pour
nous entretenir lors de nos recherches, les Dègah enterrent leurs morts
et reportent les funérailles en fin d'année. A la question de
savoir pourquoi une telle manière de faire, le notable explique que les
Dègah sont très solidaires, même dans l'épreuve.
Dès lors, lorsqu'un décès survenait, il fallait attendre
toute la famille avant d'organiser les funérailles. Or il n'est pas de
plus en plus évident de réunir tout le monde immédiatement
après le décès, surtout que certains parents sont
très souvent en voyage loin du village. A défaut de pouvoir
conserver les corps tout ce temps, en cas de décès, on enterre
les morts et on reporte les funérailles pour permettre à toute la
famille et la communauté d'être réunis. Le moment choisi
à cet effet est la fin de l'année traditionnelle qui
coïncide avec la période des récoltes où il y'a
abondamment de nourriture pour alimenter toutes les personnes qui arrivent pour
la circonstance. Cependant, il faut noter que ces rites funéraires
annuels concernent seulement les personnes décédées ne
pratiquant ni le christianisme, ni l'islam. Car selon le principe de ces
religions, les funérailles sont organisées une seule fois selon
que l'enterrement et les funérailles sont combinés et faits au
même moment. Ainsi, quand un décès intervient, la
notabilité, réunie autour du chef du village, demande la religion
du défunt. Si son appartenance religieuse est avérée,
alors la responsabilité de ses funérailles revient à sa
communauté qui les organise conformément aux principes de la
religion. C'est seulement les funérailles des défunts animistes,
ne pratiquant aucune religionrévélée, qui reviennent
à la chefferie du village et sont prises en compte pendant les grandes
funérailles. Mais pour que cela soit, le défunt doit avoir la
majorité d'âge qui s'apprécie selon qu'il participe aux
collectes de dons communautaires ou N'zaa, en cas de
décès. Aussi, par le passé on consultait les morts
animistes pour qu'ils disent le motif de leur décès, car il n'y
avait pas de mort sans raison chez les Dègah. Tout défunt qui ne
donnait pas de motif poursa mort était considéré commeun
sorcier et n'était pas enterré dignement. Ses funérailles
n'étaient pas prises en compte non plus. Mais de nos jours,cette coutume
a été abolie et tous les défunts animistes sont
désormais célébrés dignement pendant les
Gbônnô.
En outre, dans toute société, le début de
la nouvelle année est une occasion de festivité et de
remerciement à Dieu pour ses bienfaits. Il est aussi de tradition chez
les Dègah de Motiamo de célébrer la nouvelle année
selon leur calendrier traditionnel. C'est ainsi qu'ils saisissent cette
occasion pour accompagner définitivement tous les morts de
l'année à travers les grandes funérailles, avant d'entamer
la nouvelle année avec faste et par des festivités. Le calendrier
Dègah compte douze (12) mois de quatre (4) semaines chacun, avec six (6)
jours par semaine. L'année lunaire commence généralement
dans la période de novembre-décembre du calendrier
grégorien.
Dans l'organisation pratique, les grandes funérailles
ou Lourri finissent le dernier jour de l'année en cours, pour
faire place aux festivités du nouvel an à partir du jour suivant
qui marque le premier jour de la nouvelle année. Toutefois,
l'évènement se prépare plusieurs jours avant les grandes
funérailles et prend fin trois (3) jours après la
célébration du nouvel an, tout cet intervalle de temps
étant marqué bien sûr par des activités
spécifiques.
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