2. La vie culturelle des populations
A l'instar de tout le peuple Dègah, le village de
Motiamo se caractérise par la richesse et la vivacité de son
patrimoine culturel. Le village compte en effet plusieurs fêtes et danses
traditionnelles, ainsi que des pratiques culturelles héritées des
ancêtres et perpétuées jusqu'à maintenant en raison
de leurs fonctions sociales. Il s'agit notamment de :
-« Gnangan » ou
fête de la nouvelle récolte chez les Dègah de Motiamo.
C'est une fête de moisson en guise de reconnaissance à «
Korowiri » (Dieu) et aux « Voûga » (divinités
terrestres) à qui l'honneur est fait d'être les premiers à
manger les nouvelles récoltes des champs avant que les populations ne
soient autorisées à en consommer. C'est à cette occasion
que le Pidii ou fête d'igname est célébré
dans le village. Mais la particularité de cette fête, c'est qu'en
plus de l'igname, elle concerne tout ce qui est nouvelle récolte,
notamment le maïs, l'arachide, le gombo etc. Cette fête se
déroule généralement dans la période du mois de
Juin-Juillet sur une durée de trois (3) jours et consiste en des
rituelles et festivités traditionnelles. Elle obéit à
plusieurs étapes dont la chasse communautaire du lapin dit
« Gnangan Tchooman », les sacrifices rituels
d'animaux en l'honneur de Dieu et des divinités terrestres pour leur
dire merci, l'adoration du fétiche Gnangan dont la fête
porte le nom, le pèhn tahî qui est une sorte de lutte
traditionnelle etc.
-
« Koumou » :C'est une
fête rituelle organisée avant la saison agricole. Elle consiste
à sanctifierla terre, à réparer tous les torts qui y ont
été commis et à adresser des prières au dieu de la
terre pour que les récoltes soient abondantes. Le Koumou est
célébré deux (2) fois dans l'année : une
première fois pour annoncer et fixer la date du Gnangan et la
deuxième fois pour fixer le Gbônnô. Le
Koumou est considéré comme une fête des chefs de
famille au regard de son caractère sacré dont les sages seuls en
savent le mystère.
-
« Gbônnô » :Le
Gbônnôest pour le village de Motiamo ce que les
Dègah appellent Loudjenanou lourri. Il s'agit des
grandes funérailles organisées chaque année pour tous les
morts du village pour marquer leur séparation définitive d'avec
le monde des vivants. La particularité de cet évènement
à Motiamo est qu'il marque aussi le nouvel an dans le village selon le
calendrier traditionnel du peuple. Ainsi, le Gbônnô
apparait comme une double célébration qui consiste
en des funérailles annuelles et la commémoration du nouvel an.
-
« Djamé » :Il est
aussi de tradition chez les Dègah de Motiamo d'organiser des sorties de
masques. Le principal masque est le Djamé. Il a pour fonction
d'exorciser le village. Chaque famille a son masque qu'il prépare pour
la circonstance. Le Djamé est sculpté en bois et a une
forme anthropomorphique. Le porteur est entièrement habillé avec
des étoffes tissées à l'aide de feuilles de rônier.
Leur sortie intervient à l'entame de la nouvelle année
Dègah, quelques semaines après le Gbônnô.
Après cette sortie des masques, les jeunes adolescents sont
autorisés à fabriquer leurs propres Djamé
appelés « tchenfè » qu'ils
promènent à travers tout le village avec des danses et chants, en
imitation aux vrais Djamé.
En outre, l'on a des danses et musiques traditionnelles comme
le « Gban », le
« Ganhin », le
« Wara », le
« Logan », le
« Gobi », le
« Naya », le
« Kpan-nan », le
« Mandié », le
« Vogora » etc. Chacune de ces danses a sa
particularité et la circonstance de son exécution. Le
« Gban » par exemple est un fétiche protecteur
invoqué très souvent pour chasser les mauvais esprits du village.
La sortie de ce fétiche donne lieu à une danse religieuse de
purification qui s'exécute généralement la nuit par des
personnes initiées, tout comme le
« Voûgora » qui est aussi une danse rituelle
de prédication pratiquée par les prêtres ou devins
vôgôrou. Quant au « Wara »,
le « Gobi »,le
« Mandié », le
« Logan » et le
« Naya », ce sont des danses de réjouissances
interprétées lors des mariages, fêtes et parfois même
des funérailles. Il existe aussi des danses de chasse comme le
« Kpan-nan » et des danses de guerre comme le
« Ganhin » exécutées seulement par
des initiés. Ces différentes danses et musiques sont
rythmées par divers instruments tels que les tambourskpan-nan,
djémé etnaya, les lames de houe
palî, la cloche daouro, les hochets en calebasse
logan, les gourdes percutées langôguin, les
sonnailles en feuilles de rônier yéga, la calebasse
percutée louyé etc.
Motiamo dispose également d'une fanfare,acquise depuis
1955 à l'initiative des populations elles-mêmes, qui assure
l'animation et l'ambiance populaire dans le village lors des différentes
cérémonies et fêtes qui y sont organisées. Le
dynamismeet le talent de cette fanfarelui vaut d'être très souvent
sollicitée pour des fêtes et cérémonies officielles
à travers la région.Le village compte aussi des musiques et
danses d'animations populaires et d'ambiancescomme le
« Djinan » et
l'« Atchéwé ». Par ailleurs, sur le
plan artistique Motiamo regorge une pléiade de talents excellant dans la
musique tradi-moderne. On peut citer parmi eux les célèbres
musiciens Atto Yam's, Djalam's et bien d'autres.
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