2. Les origines sociales de l'évènement
En considérant seulement ses fondements culturels, on
peut considérer le Gbônnô comme une cérémonie
rituelle ou un simple culte traditionnel. Mais en réalité, cette
célébration se veut aussi un phénomène social et un
évènement d'animation culturelle aux origines sociales. Plusieurs
facteurs témoignent de cette évidence. Il s'agit notamment de la
reprise de la vie sociale après les rites funéraires et l'accueil
du nouvel an. Chez les Dègah, la mort ou la séparation
définitive d'avec un être cher est un évènement
douloureux qui a besoin de la solidarité des autres. C'est ainsi que
toute la communauté se mobilise pour soutenir les familles
endeuillées lors des funérailles. Cette mobilisation vise le
réconfort des personnes touchées par le deuil. Pour ce faire, un
soutien moral est nécessaire pour atténuer la douleur. C'est
pourquoi des danses et chants sont généralement organisés
au lendemain des funérailles pour détendre l'atmosphère et
permettre de reprendre la vie avec courage et espoir.
A Motiamo, il se trouve que la période des grandes
funérailles communautaires coïncide avec la
célébration du nouvel an. Dès lors, l'occasion est toute
trouvée pour organiser des festivités et des animations
populaires non seulement pour détendre après la douleur des
funérailles, mais aussi et surtout accueillir avec joie la nouvelle
année qui commence.
Aussi, du fait de leurs lieux de résidence souvent
éloignés en raison des nombreux voyages qu'ils entreprennent
à la recherche d'un mieux-être hors du village, les populations se
retrouvent difficilement. A cet effet, la seule occasion pour elles de se
revoir apparait l'opportunité des grandes funérailles marquant la
fête du nouvel an. C'est alors que prend forme le phénomène
des retrouvailles annuelles dans le village. C'est à cette occasion que
les populations se donnent généralement rendez-vous pendant
l'année, aussi bien pour leurs affaires privées que pour les
problèmes d'intérêts familiaux et communautaires.
D'ailleurs, ce moment se veut même une obligation pour chacun de se
rendre au village.
Le Gbônnô est en effet l'occasion des
règlements de problèmes de familles dans le village, les
réunions entre parents pour des conseils, etc. Pour la circonstance,
chaque membre de la famille doit être présent. Des messages
d'interpellations sont envoyés aux absents sans motifs et aux personnes
qui ne viennent pas régulièrement au village par
l'intermédiaire de leurs plus proches parents ou cohabitants. Ces
moments de retrouvailles permettent de renforcer les liens et de maintenir la
cohésion dans la famille, car c'est l'occasion pour tous les membres de
la famille et du village de se connaitre en tant que parents, frères et
soeurs, cousins et cousines, neveux et nièces, etc.
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