Environnement, paysage et projet de territoire. Vers une approche territoriale pour la sauvegarde et la mise en valeur de la réserve de biosphère des oasis du sud marocain.( Télécharger le fichier original )par SADKI Aba Université Internationale de langue française au service du développement Africain (Université Senghor d'Alexandrie) - Master en Gestion de l'environnement 2007 |
TROISIEME PARTIE : « LE PROJET DE TERRITOIRE » : APPROCHE ET ÉLÉMENTS MÉTHODOLOGIQUESCHAPITRE I : LA DÉMARCHE DU « PROJET DE TERRITOIRE » :Le concept de « Projet de territoire » est la combinaison de deux notions : celle de « Projet » qui signifie « la projection, l'idée de ce que l'on veut construire dans le futur », et celle de « Territoire » qui signifie un espace vécu, homogène et approprié par ses habitants qui se sentent partager le même destin. Le « Projet de territoire » évoque alors une vision à long terme du développement local de l'espace vécu et se construit en fonction de la mobilisation des acteurs locaux.43
La notion du « projet de territoire » est apparue dans les pays d'Europe avec l'évolution de la régionalisation pendant les trois dernières décennies. Le courant régionaliste, soutenant l'idée que les territoires défavorisés ont la possibilité de se développer en mobilisant leurs propres ressources, constitue les bases de l'émergence de la notion du « projet de territoire ». La remise en cause du fonctionnement descendant de l'État et des approches dirigistes du développement conduit à l'éclosion d'un besoin nouveau; celui d'actions faisant participer la population dans une démarche ascendante. Les collectivités locales deviennent alors l'échelon approprié pour concevoir le développement du territoire. La philosophie du « projet de territoire » naît donc avec celle de l'auto- développement exprimée à travers la démocratie locale et la participation des populations locales à la prise de décision.
Le « projet de territoire » est une initiative locale et volontaire construite et animée par les acteurs locaux pour réagir aux contraintes et aux menaces auxquelles leur territoire est confronté, et saisir les enjeux et les opportunités du développement qu'il recèle. Étant un cadre fédérateur, le projet de territoire permet de donner une identité commune à l'espace vécu et de bâtir une vision partagée en particulier lorsque le territoire se trouve face à des déséquilibres qui peuvent engendrer un sentiment de fatalité et une perte de confiance dans son avenir, le cas notamment des palmeraies du 43 Pour en savoir plus sur le Web : www.projetdeterritoire.com L'union nationale des structures et des acteurs du développement local (www.unadel.asso.fr) L'association pour la démocratie et l'éducation locale et sociale www.adels.org sud Marocain. Les acteurs locaux peuvent alors s'organiser autour des idées et des actions communes et lancer un projet de territoire afin de prévenir la crise.
Être acteur d'un territoire signifie prendre une part active à son développement. Les acteurs d'un territoire sont donc tous ceux qui participent à la vie du territoire : les élus, les associations, les entreprises, les professionnels, les planificateurs, les acteurs économiques et institutionnels mais aussi les populations locales. Un projet de territoire suppose l'implication de l'ensemble des partenaires et des forces vives du territoire, et les objectifs à atteindre doivent être fixés et mis en oeuvre collectivement. Un « projet de territoire » doit prendre en compte dans les actions à mener les quatre piliers du développement durable (L'économie, la société, l'environnement et la culture). Il s'appuie sur le diagnostic des atouts, des faiblesses, des opportunités et des menaces qui pèsent sur le territoire et fait le point des actions du développement déjà menées et propose d'autres pour l'avenir. Sa mise en oeuvre repose sur la signature d'une « charte intercommunale » qui affirme une volonté politique marquant l'adhésion des différents partenaires. Pour mesurer l'impact du projet sur le territoire dans sa globalité, un programme de suivi et d'évaluation permanent est indispensable. Au cours de l'élaboration d'un « projet de territoire », les habitants prennent conscience du territoire au fur et à mesure que celui-ci leur apparaît par les actions qui y sont menées. Le bassin de vie dans le milieu urbain, et l'intercommunalité dans le milieu rural, se révèlent souvent l'échelle la plus pertinente à l'émergence d'un projet commun.44 De ces éléments de définitions il ressort qu'un projet de territoire est une projection du devenir d'un territoire partagé. Le constat de partage d'un même territoire et d'un héritage socioculturel, environnemental et paysager commun président à la constitution du projet de territoire. Document de planification stratégique et de prospective territoriale, il se construit sur la base de la vision du devenir souhaitée d'un groupement de communes. Il part de la mise en évidence des points de convergence des programmes du développement de chacune de ses entités territoriales et de leur solidarité et interdépendance dans le domaine du développement local. La nouveauté de cette démarche est la prise en compte des contraintes, des enjeux et des opportunités de développement en présence sur le territoire local. Dans l'optique de développement durable, les structures locales doivent donc se doter des outils 44 Didier MINOT, « Le projet de territoire : élaboration et conduite partagées d'un projet de territoire », éd. La Bergerie Nationale, 2001. leur permettant de donner vie à leur vocation territoriale et aux ressources spécifiques de leur territoire. Cela passe par la définition d'une vision stratégique exprimée dans un projet de territoire. De point de vue de la procédure d'élaboration, un projet de territoire doit passer par trois étapes majeures : Inspiré de « la charte paysagère : outil d'aménagement de l'espace intercommunal », fédération des parcs naturels régionaux de France, la documentation française, Paris 1995, p 44 Figure 31 : les étapes du processus d'élaboration d'un projet de territoire
Cette étape permet de comprendre et de penser l'occupation de l'espace. Elle consiste à identifier les Forces, Faiblesses, Opportunité et Menaces du territoire intercommunal afin de dégager les carences en matière de développement local et les atouts à fructifier pour leur apporter des solutions appropriées. Au traves d'un diagnostic environnemental et paysager, il s'agit de cerner l'identité écologique et paysagère du territoire et ses spécificités patrimoniales, et d'en évaluer le potentiel et les dynamiques d'évolution. Le diagnostic est un travail qui doit être élaboré en étroite collaboration avec les élus, les populations locales et les partenaires socioprofessionnels et associatifs.
Les résultats de diagnostic territorial intercommunal seront débattus dans des ateliers de concertation locale autour d'une table de négociation (forum d'acteurs) pour réguler les divergences d'intérêts et construire une vision d'ensemble de territoire qui facilitera la définition concertée des priorités du développement et d'aménagement intercommunal. Il s'agira dans notre cas de mettre en évidence les grandes orientations d'action en faveur de l'environnement et du paysage. Ces orientations fixeront un programme de résorption des « points noirs » paysagers et écologiques et la mise en place des principes d'intervention paysagère pour les aménagements futurs. Elles détermineront aussi des règles d'occupation de l'espace, en définissant la vocation majeure des entités du territoire à la lumière de leur intérêt environnemental ou paysager.
La signature d'un contrat intercommunal, point culminant de projet de territoire, servira de base pour l'encadrement réglementaire des engagements pris autour de la table de négociation et aboutira à leur concrétisation à traves des actions du développement ciblés. Le contrat est le document qui fixe par écrit les orientations et les choix stratégiques que se sont fixés les partenaires pour le devenir du territoire. Ce document, qui précise aussi les moyens à engager, est signé par chaque élu du groupement des communes et les partenaires qu'il associé à son action. Chaque signataire s'engage à respecter dans son action quotidienne les orientations définies en commun et à mettre en oeuvre. Un suivi des réalisations doit accompagner toutes les étapes d'élaboration du projet, et doit être effectué par un comité de pilotage et d'évaluation. Le programme de suivi- évaluation permettra d'identifier les lacunes et les points forts du projet en cours et fournira des enseignements pour les projets ultérieurs. Dans le contexte d'une coopération intercommunale, la réalisation d'un projet de territoire s'appuie sur la définition d'une « charte » qui est la feuille de route du projet, véritable cahier des charges définissant le périmètre du projet et intégrant le diagnostic territorial, la stratégie de développement à moyen et à long terme, les champs couverts par le projet, les acteurs en présence et le rôle de chacun dans la mise en oeuvre du projet. Compte tenu que tout projet demande un organe chargé de sa mise en oeuvre, cette feuille de route doit être élaborée par les collectivités territoriales en partenariat avec les organes représentatifs de l'État pour s'assurer de la cohérence de la stratégie du territoire avec les orientations définies au niveau national. Dans le cadre d'un projet de territoire est généralement créé un comité regroupant non seulement les représentants des collectivités locales mais aussi les acteurs concernés par la mise en oeuvre du projet (les associations, les opérateurs touristiques, les acteurs économiques, les élus...). Cet organe assure à la fois la mise en oeuvre et l'adhésion de tous les partenaires au projet. Il est aussi nécessaire de mettre en place des modes de contractualisation qui permettent d'articuler les projets de développement local avec les projets sectoriels de l'État pour assurer la cohérence entre le niveau national et local.
Tout projet de territoire doit influer sur le dynamisme et la qualité de vie au sein du territoire concerné. Le projet envisagé permet-il d'impulser des initiatives partagées et solidaires répondant aux attentes et aux demandes légitimes de sa population ?
Tout projet de territoire doit favoriser le progrès économique du territoire. Le projet élaboré a-t-il un impact positif sur les différents secteurs économiques locaux ?
Tout projet de territoire doit veiller à l'équilibre entre le développement local et la préservation des ressources naturelles, des espaces vitaux. Le projet préparé a t-il identifié ce capital et anticipé sur les menaces potentielles de dégradation ?
Tout projet de territoire doit prendre en compte le patrimoine historique du territoire, ses spécificités paysagères et son identité culturelle. Le projet préparé a-t-il identifié le potentiel paysager et patrimonial et proposé des actions de sauvegarde et de valorisation en relation avec les secteurs économiques ?
Douze questions majeures sont à poser face à un projet de territoire. Elles sont subdivisées en deux catégories : 5 questions amont et 7 questions méthodologiques (Voir tableau suivant): Tableau n° 2 : les questions majeures face à un projet de territoire.
1 - A quel(s) objectif(s) doit répondre le projet de territoire ? Il est primordial de déterminer de façon claire les ambitions que se donne le maître d'ouvrage, sa vision de l'avenir du territoire à court, moyen et long terme, puis les objectifs plus précis du projet à mettre en oeuvre définis à l'issue de la phase de diagnostic. 2 - Quelle est l'échelle pertinente pour le projet de territoire ? Le périmètre géographique sur lequel portera le projet de territoire peut varier selon les situations. C'est une question fondamentale à résoudre avant l'engagement de la démarche, en s'appuyant sur un certain nombre de critères (objectifs à atteindre, fonctionnement du territoire, structuration institutionnelle, découpage administratif, cohérence des paysages...). Pour notre cas, en raison de l'immensité du territoire de la réserve de biosphère, et comme nous allons le voir dans cette partie, l'échelle intercommunale (groupement de communes) présente plusieurs avantages d'ordre institutionnel et technique et des facilités de coordination. L'unité paysagère est déterminante dans le choix d'une échelle territoriale pour l'implantation d'un projet de territoire. Les communes à cheval sur une même unité paysagère (une palmeraie partagée par deux ou plusieurs communes par exemple) peuvent être objet d'un même projet de territoire. 3 - A quelle échelle temporelle le projet de territoire doit-il être envisagé ? L'échelle temporelle du projet doit également être déterminée en amont : veut-on imaginer l'avenir du territoire dans 5, 10, 20 ans ? Le choix à faire influera le niveau de précision à atteindre dans le projet et son caractère plus ou moins opérationnel. Il est possible de s'aligner à ce niveau sur un document d'urbanisme du moyen terme (10 ans) comme le Plan d'Aménagement (PA) ou le Plan de Développement et d'Aménagement Rural (PDAR) ou du long terme (25 ans) comme le Schéma Directeur d'Aménagement et d'Urbanisme (SDAU). 4 - Quelles thématiques doivent être abordées dans le projet ? Un projet de territoire est par nature une démarche transversale, il doit donc tendre vers l'exhaustivité dans les thématiques abordées. Toutefois, il est également important de hiérarchiser les aspects traités en fonction des enjeux du territoire et des priorités de son développement, des objectifs du projet et des complémentarités possibles avec d'autres démarches spécifiques surtout les documents d'urbanisme et d'autre projet de développement local. 5 - Quel est l'outil le plus pertinent pour la mise en oeuvre d'un projet de territoire ? Plusieurs outils sont utilisés pour le montage et la mise en oeuvre d'un projet de territoire mais chacun ayant sa spécificité : l'Agenda 21 local, le Plan d'Aménagement urbain, le Plan d'Occupation du Sol, le Plan de gestion d'une aire protégée, etc. L'outil sera à choisir en fonction des réponses apportées aux interrogations précédentes. Dans notre cas le SDAU et ses déclinaisons dans les Plan d'Aménagement (le PA pour les communes urbaines) ou du développement rurale (le PDAR pour les communes rurales) est l'outil le mieux appropriée pour construire un projet de territoire dans le réserve de biosphère des oasis.
6 - Comment sont déterminés les enjeux et les besoins du territoire ? En s'appuyant sur une analyse SWOT, la phase de diagnostic territorial doit permettre de dresser un inventaire complet du territoire en précisant ses forces, ses faiblesses, ses opportunités et ses menaces ainsi les tendances de son évolution et les véritables besoins de ses habitants. Pour des raisons de pertinence, le diagnostic doit se limiter à l'échelle territoriale définie pour le déroulement du projet. Il doit balayer l'ensemble des thématiques de façon transversale, et être techniquement spatialisé. Ce diagnostic doit permettre au maître d'ouvrage d'identifier les enjeux du territoire et d'en déduire les objectifs précis à atteindre. Pour la province d'Errachidia, le SDAU du Ziz qui vient d`être lancé pourra accompagner la mise en oeuvre d'un projet du territoire dans les communes intéressées par ce document d'urbanisme. L'élaboration du diagnostic territorial doit faire appel à des outils performants tels que l'analyse SWOT, la géomantique et les systèmes d'information géographiques et la cartographie numérique. 7 - Comment un projet de territoire s'articule-t-il avec les autres projets de développement local ? Le projet de territoire, bien qu'il concerne un secteur clairement identifié et une échelle spatiotemporelle bien définie, il doit nécessairement être inscrit dans une dynamique de développement territorial plus large qui est, pour notre territoire d'application, la mise en oeuvre du statut de la réserve de biosphère. Il est donc important de déterminer quel peut être le positionnement d'un territoire objet d'un projet et les relations de complémentarité ou de concurrence avec les territoires voisins et les projets de développement en cours ou à venir. Dans notre cas, un projet de territoire ne doit pas se limiter uniquement à l'échelle intercommunale à laquelle il s'applique mais doit aussi être articulé à l'ensemble des projets de développement mis en oeuvre sur tout le territoire de la réserve. 8- L'évaluation du projet est-elle prévue dès l'amont ? La démarche d'évaluation instituée dès l'amont du projet, permet de mesurer son impact sur le territoire et de vérifier l'atteinte des objectifs initiaux. A l'issue d'une opération d'évaluation, des mesures correctrices, des révisions ou des réorientations du projet pourront être envisagées. 9 - Plusieurs scénarios ont-ils été envisagés ? La réponse à un même objectif n'est jamais unique. Plusieurs scenarios possibles seront donc évalués au regard des objectifs du projet. Cette méthode permet au maître d'ouvrage de s'approprier le projet, et d'exercer pleinement son rôle de décision. 10 - Quels sont les enjeux et actions transversaux ? La notion de transversalité est fondamentale afin de prendre en compte les interactions, positives ou négatives, qui peuvent se mettre en place. La mise en évidence d'enjeux majeurs, dépassant le cloisonnement thématique, constitue donc une première étape incontournable qui doit déboucher sur des actions transversales. 11 - Quels acteurs sont impliqués dans l'élaboration du projet ? La construction d'un projet de territoire constitue une opportunité d'implication de l'ensemble des acteurs. Afin d'aboutir à un projet partagé, il est nécessaire de déterminer quels acteurs associer, à quelles étapes de l'élaboration, et selon quelles modalités. 12 - Quels outils et quels moyens sont mobilisables pour mettre en oeuvre le projet ? La déclinaison opérationnelle du projet de territoire constitue une étape cruciale puisque l'atteinte des objectifs dépend de sa réussite. Il est donc important d'envisager le plus tôt possible tous les moyens et les outils disponibles pour mener concrètement les actions découlant du projet. D'autres questions liées au contenu du projet peuvent être posées sur l'articulation de ce dernier avec les objectifs du développement durable. Il est essentiel de voir comment le projet de territoire prend-il en compte la dimension sociale (solidarité territoriale, accès équitable aux ressources, meilleure répartition des services, ségrégation socio-spatiale, cohabitation), la dimension économique (intégration de toutes les potentialités, éclairage sur la faisabilité des projets...) et la dimension environnementale (consommation d'espace, préservation de la ressource en eau, mode d'urbanisation, diversité des formes urbaines protection et mise en valeur des paysages, éducation relative à l'environnement) et la dimension culturelle (Gestion du patrimoine bâti, réhabilitation et mise en valeur de l'habitat traditionnel, encadrement des citoyens, etc.).
Nous avons auparavant souligné que le territoire de la réserve de biosphère, notamment les zones tampon, recèle des atouts importants mais confronte au même titre des contraintes de taille. En reconnaissance de l'intérêt des palmeraies de sud Marocain, le bureau régional du PNUD au Maroc a lancé un grand projet de conservation et de développement des oasis de la province d'Errachidia (Annexe 01). Dans le cadre de la promotion de tourisme dans cette province, le Ministère de Tourisme a aussi mis en oeuvre un projet (Pays des oasis) visant la valorisation des sites et lieux de récréation et renforcer leur rôle dans la contribution à l'amélioration des conditions de vie des populations. Pour une meilleure mise en oeuvre de ce genre d'initiatives qui se développent dans les oasis, une démarche de projet se justifie. De nombreuses expériences dans différentes « réserves de biosphère » et « paysages protégés » dans le monde entier révèlent un certain nombre d'exemples et de bonnes pratiques favorisant le développement durable du territoire en association avec les communes voisines. En France, les Parcs naturels régionaux présentent un registre très riche de projet de territoires et de pratiques de développement intercommunal rassemblées notamment dans l'expérimentation nationale «Territoires d'avenir» ou «Territoire de développement ».45 Dans le but d'aider les collectivités locales de la zone de la RBOSM à réaliser des objectifs du développement territorial durable dans le cadre de statut de la réserve de biosphère, un grand besoin se fait sentir dans le sens de préserver l'environnement et les paysages des palmeraies pour assurer une bonne qualité de vie aux habitants. Des actions autour d'un projet de territoire sur la 45 Cf. La démarche intercommunale mise en oeuvre dans à la région de Midi-Pyrénées au sud de la France qui serait une source d'inspiration intéressante pour le sud-est Marocain. base de contrats de communes doivent être renforcées par des coopérations intercommunales ciblées pour la protection et la valorisation du potentiel écologique et paysager. Étant un label international et outil fédérateur des espaces de vie et de développement commun, le statut de la réserve de biosphère offre des opportunités énormes pour la mise en place d'une stratégie intercommunale de valorisation des ressources spécifiques et d'implantation des activités économiques. Dans le cas de les zones tampon de la province d'Errachidia, où nous avons, à titre indicatif, présenté l'état des lieux du territoire et analysé les incidences naturelles et humaines sur l'environnement et le paysage, la mise en oeuvre d'un projet de territoire intercommunal nécessite au préalable trois mesures essentielles :
L'intégration de ces objectifs globaux dans chaque projet intercommunal au niveau des espaces potentiels du développement doit être une priorité absolue. Les orientations du développement local étant définies, un diagnostic territorial à l'aide de l'analyse SWOT est à envisager pour la mise en oeuvre du projet. La rentrée par le paysage et l'environnement pour la mise en oeuvre du statut de la réserve de biosphère dans notre territoire d'application se justifie par le fait que la gestion de l'environnement permet d'apporter une réponse technique aux problèmes rencontrés, alors que le paysage relève du domaine du patrimoine, de la culture et de la qualité de cadre du vie. Il est un choix de la société qui combine le milieu naturel et ses aménagements. De même, la démarche paysagère est aujourd'hui une réponse privilégiée à la conduite des projets du développement local, créant des liens forts entre la population, les associations, les collectivités territoriales, les environnementalistes, les conservateurs du patrimoine et les professionnels de l'aménagement. (Voir annexe 03 : Cadre logique et approche méthodologique de la mise en oeuvre du statut de la RBOSM). Ainsi, dans la cadre des palmeraies de la réserve de biosphère, les choix de l'aménagement des paysages orientent le traitement des problèmes d'environnement et la prise en compte de ces deux paramètres dans les projets d'aménagement constitue un enjeu important bien pour la préservation de l'environnement que pour le développement des territoires, et le projet paysager, au travers d'une analyse des lieux et des sites, est une ouverture sur leur avenir. Dans la pratique, un projet de territoire ressemble à un programme d'Agenda 21 local élaboré sur la base d'un diagnostic détaillé des potentialités et des faiblesses du territoire et les tendances de celui-ci. C'est un outil d'aménagement qui relève d'une approche nouvelle et s'inscrit dans une démarche prospective de développement durable à l'échelle locale. Cette démarche s'articule autour d'un questionnement sur les facteurs et les acteurs de territoire ce qui permet de dégager des enjeux locaux partagés. A partir de l'expérience locale, un projet de territoire permet de mettre en lumière des préoccupations nouvelles telles que la gouvernance locale et la gestion participative des ressources naturelles. Sur le plan de l'environnement et du paysage, un projet de territoire permet l'élaboration d'un un diagnostic de la situation écologique et paysagère du territoire. Une démarche qui repose sur le croisement de deux types d'analyse comme cela est illustré dans la figure ci- dessous : Source : adapté de « Le diagnostic territorial au regard du développement durable », Agence Régionale de Protection de l'Environnement de Midi-Pyrénées (ARPE-MIP), P.2 http://www.territoiresdurables.fr/upload/pagesEdito/fichiers/MethDiagTerritoire.pdf Figure 32 : Le schéma ci-dessous résume la méthode d'analyse considérée ï Une analyse qualitative : qui consiste à recueillir la perception des acteurs et leur vision partagée de territoire, des ses valeurs paysagères et de ses fonctions écologiques à travers l'organisation des séances de consultation ciblées et des ateliers d'acteurs ou groupes de travail, ï Une analyse quantitative : qui consiste à mener une évaluation quantitative de l'état des lieux du territoire à partir des données sectorielles variables et selon une échelle territoriale bien définie. Cette étape de l'analyse permet d'avoir une première perception des enjeux économiques locaux. Le croisement des deux analyses permet de construire une vision complète sur l'environnement et le paysage en faisant ressortir les enjeux, les priorités et les stratégies à adopter. La phase de la programmation est le point le plus important de l'analyse. Il consiste en deux choses :
Ce processus conduit finalement à l'émergence de projets de territoire. Il est à souligner que dans le cadre de cette approche, le questionnement concerne deux aspects :
Ces deux aspects de caractérisation sont analysés à la base d'une analyse SWOT (Forces, faiblesse, opportunités et menaces). Les atouts et les forces portent sur le constat aujourd'hui alors que les opportunités et les menaces portent sur les voies possibles pour l'avenir.
Acronyme des mots anglais (Strengths, Weaknesses, Opportunities et Threats) respectivement Force, Faiblesse, Opportunité et Menace, l'analyse ou matrice SWOT est un outil d'audit et d'évaluation conçu initialement pour les entreprises.46 Utilisé dans le cadre d'une analyse stratégique comme une première étape de planification pour faire le point d'un produit, d'un service, d'un projet de développement ou d'un processus de production. La matrice SWOT est très populaire parce qu'il est rapide, extrêmement facile et adaptable. Elle se présente sous forme d'une 46 Paradoxalement à l'ancienneté de concept SWOT qui remonte au début de la réflexion stratégique aux années 50 à l'Université Harvard au USA, l'utilisation de cet instrument s'est limité, jusqu'à récemment à l'audit des entreprises. Pour cette raison, l'essentiel de la documentation relative à cet outil intéresse la planification stratégique dans le domaine des affaires, du commerce et du Marketing. Actuellement, les agences du développement s'inspirent des techniques et des instruments d'audit appliquées aux entreprises. L'analyse SWOT gagne de l'intérêt et son d'action s'élargit progressivement et s'étend à des thématiques qui relèvent de domaine du développement durable, comme l'aménagement du territoire, l'urbanisation et la gestion de l'environnement. grille à quatre entrées : les force et les faiblesses (ou l'environnement interne) et les opportunités et les menace (ou l'environnement externe). Tableau n° 3 : les quatre entrées d'une matrice SWOT Après l'identification de toutes les composantes internes et externes de l'objet étudié, la démarche d'analyse se poursuit en se posant quatre questions clés : - Comment préserver ou améliorer les forces ? - Comment contourner ou éliminer les faiblesses ? - Comment tirer parti des opportunités ? - Comment éviter les menaces ou les transformer en avantages ? Les réponses à ces questions aboutissent à un diagnostic détaillé de la situation menant à l'élaboration d'un plan d'action.
L'application de l'analyse SWOT à l'élaboration du projet de territoire envisagé dans le cadre de cette étude doit suivre le cheminement suivant : Les acteurs de la réserve sont appelés à identifier et lister très précisément des faits basés sur des observations réalistes internes au projet (forces et faiblesses) ou propres à son environnement externe (opportunités et menaces). La convergence entre atouts (forces internes) et opportunités (forces externes), est un indicateur positif sur la performance du projet tel que cela est montré par la figure suivante : Figure 33 : Présentation schématique de la matrice SWOT La matrice SWOT se représente en tableau, les points étant classés par ordre d'importance dans une seule zone. S'agissant de la mise en oeuvre d'un projet de territoire, la pratique du brainstorming dans le cadre d'un atelier local s'assigne pour objectif de mettre en place un plan d'action qui facilitera la validation du projet en question.47 Un atelier de consultation locale est un forum où les acteurs locaux (représentants de communautés, ONG et associations, autorités locales, secteur privé...) se réunissent pour identifier des besoins spécifiques et proposer des solutions réalisables sur la base de la discussion des problèmes intersectoriels de leur territoire. Ceci doit conduire à la définition d'un plan d'actions ciblées et concrètes. Sommairement, la consultation locale suit un schéma en trois étapes : Le forum d'acteurs, la définition d'un plan d'action et les possibilités de mise en oeuvre. Il est très utile que l'animateur d'un atelier de consultation locale possède de l'expérience dans ce domaine. Les principes de base d'une analyse SWOT pour l'élaboration d'un projet de territoire sont : - Large participation, - Objectivité, - Lister des faits observés dans la réalité et non des souhaits et des désirs flous, - Être réaliste au sujet des forces et des faiblesses de projet, - Distinguer où le projet est aujourd'hui, et où il pourrait être à l'avenir - Être spécifique et évitez les indications vagues, - Analyser par rapport à un modèle réussi ou concurrent, - Clarté et simplicité. (Voir annexe 04 : propositions pour l'organisation d'un atelier de consultation locale à l'aide de la méthode SWOT). 47 Cet exercice est inspiré de « Training tool kit for MDGs », un guide réalisé par le PNUD pour l'élaboration d'un plan stratégique en vue de la réalisation de des Objectifs de Millénaire pour le Développement à la base de la méthode SWOT. (Module 01 activité 05) http://mdgtoolkit.undg.org/course/view.php?id=27 |
|