8.1.1.2. Les pertes en terre
Les pertes de terre résultent de la dégradation
physique, chimique et biologique du sol. Les pertes de terre s'expriment
à Assomé sous deux formes à savoir les pertes en
sédiments et les pertes en terre de culture.
Ø Les pertes en sédiments
Il s'agit de perte de consistance suite au départ de
particules sous l'action des gouttes de pluies et de l'érosion sur les
sols dénudés. Les pertes en sédiments sont
déterminées sur la base de l'indice d'agressivité que nous
avons calculé plus haut, et selon cette formule de Fournier :
![](Developpement-des-espaces-geographiques-Exemple-du-terroir-d-Assome-dans-la-basse-vallee-du64.png)
Où
E = perte de sédiments exprimée en tonne / km²
/ an
P²
C = (indice d'agressivité)
P
C = 50,69 (moyenne sur la période de 1996
à 2005, soit 10 ans)
Ainsi nous avons : E = 27,12 50,69 - 475,4
E = 899,31 soit 900
Cette valeur qui équivaut à 900
tonnes/km²/an correspondant à une perte annuelle de terre arable de
900 tonnes sur chaque superficie de 1 km². Ce qui représente
probablement plusieurs centaines, sinon plusieurs milliers d'années de
travail pour la nature (Bennet, 1939). Cependant ce chiffre peut augmenter
sensiblement dans les zones d'extraction de gravier parce que d'une part les
carrières qui y sont creusées augmentent l'ampleur des pentes
alors que de l'autre les sols y sont fragilisés. Par conséquent
les départs de sédiments sont plus importants.
Ø Les pertes de terre de culture
Les pertes en terre de culture, elles sont consécutives
à l'essor de l'extraction de gravier dans la région. La majeure
partie des bonnes terres agricoles a été absorbée par les
carrières de gravier. Par conséquent, il se pose de nos jours un
manque cruel de terres de culture.
En effet, les populations d'Assomé attirées par
les gains de l'extraction gravier, se sont ruées vers cette
activité qui avec le temps a pris le pas sur l'activité agricole.
Chaque clan, chaque famille et chaque individu homme ou femme a sacrifié
son patrimoine foncier pour cette activité. Pire encore, de vastes
superficies de terres ont été soit vendues aux exploitants
étrangers, soit expropriées par l'Etat au profit des grandes
sociétés de travaux publics de la place pour leur besoin en
gravier lors de la construction de certaines grandes édifices publiques
de Lomé.
Ainsi des centaines d'hectares de terre de culture ont
été transformés en carrières.La destruction du
couvert végétal, la modification notable de la morphologie et de
la structure du sol rendent impossible toute tentative de mise en valeur
agricole. C'est ce que nous a confirmé un chef de ménage en ces
termes «Regarde tout ce vaste domaine nous appartient mais on
ne peut pas le cultiver à cause des trous et des cailloux qu'il y a dans
le sol. On ne passe que de temps en temps pour tamiser les rejets de sable pour
en extraire les gravillons que nous vendons pour avoir un peu
d'argent. ».
Evidemment le propriétaire terrien
récupère son bien à la fin de l'exploitation. Cependant,
il est contraint d'attendre plusieurs dizaines d'années avant de pouvoir
le cultiver de nouveau. C'est ainsi que plus de 600 ha soit le 1/3 de la
superficiedu terroir est abandonné pour plusieurs années encore,
alors qu'elles devaient normalement servir à la production agricole. Le
phénomène est d'autant plus grave qu'il touche essentiellement
les terres ferralitiques qui disposent d'une bonne aptitude culturale. Par
ailleurs, la rente foncière rurale ayant conduit à la cession
d'importants lots de terres à des étrangers a
considérablement accentué la pénurie de terre de culture
dans la localité.
|