3.2.2. Utilisation du sang congelé dans
l'alimentation des glossines.
Les glossines sont des mouches strictement
hématophages. La réussite de leur élevage est fortement
conditionnée par la qualité de sang qui leur est offert.
Plusieurs expériences ont donc été réalisées
en vue de leur trouver un sang de qualité indemne de toute contamination
bactérienne. Des essais de New et al (1976) avec du sang
lyophilisé ont donné de mauvais résultats (Bauer et
Kaboré, 1984). Selon ces mêmes auteurs, ceux
réalisés à Vienne par l'AIEA ont donné de bons
résultats. De nos jours, L'AIEA travaille pour un certain nombre de
décontaminations du sang destiné à l'alimentation des
mouches dont la congélation.
Le sang congelé est gardé à l'AIEA
à -20°c. Ce sang utilisé pour l'alimentation des glossines
n'a pas permis la production de glossines de bonne performance (Itard, 1984).
Notre expérience entreprise au CIRDES avec du sang congelé a
quant à elle donné de bons résultats. En effet, pour une
productivité satisfaisante, l'élevage des glossines doit
répondre aux critères suivants:
- Mortalité journalière < 2%;
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- Taux d'éclosion > 85%;
- Nombre de pupes en 30 jours > 1.8/femelle (Itard,
1984).
L'expérience réalisée au CIRDES a
donné en 30 jours les résultats suivants:
- une mortalité journalière de 1,13 #177; 0,18 ,
1,10 #177; 0,05 et 1,16% respectivement pour les femelles nourries au sang sans
ajout d'ATP et glucose, le sang avec ATP et glucose et témoin ;
- une productivité de pupes par femelle de 1.51 #177;
0.19, 1.98 #177; 0.12 et 1.51 respectivement pour les femelles
alimentées au sang sans ATP et glucose, avec ATP et glucose et
témoin.
- Un taux d'éclosion supérieur à 85%.
Ces bons critères de productivité sont le signe
d'une bonne qualité du sang congelé. Cette qualité
pourrait s'expliquer par l'effet de la congélation sur les
micro-organismes pathogènes du sang.
L'abattoir n'étant pas un lieu stérile, le sang
qui y est récolté souffre d'une certaine contamination
bactérienne émanant non seulement des différentes
manipulations mais aussi du matériel de collecte et de l'animal
lui-même. Malgré les précautions prises pour le maintien de
la qualité du sang notamment, l'irradiation et la conservation à
-4°c, le sang frais ne peut pas être utilisé au-delà
d'une semaine pour des raisons de forte mortalité au sein des mouches.
Cette mortalité serait due à une pullulation des germes
pathogènes dans le sang.
Cependant, en dépit de la conservation du sang par la
congélation, certaines mouches mortes avaient un abdomen noir. Cette
mortalité pourrait s'expliquer par une atteinte de la qualité du
sang. Ces observations font croire que la congélation ne tuerait pas les
bactéries mais inhiberait le processus de leur développement.
Après une décongélation, lorsque la température
leur est favorable, elles reprennent leur activité normale causant donc
la mort des mouches. Cette hypothèse trouve sa justification dans
l'assertion de Itard, 1984 qui disait que : « Lorsque les conditions
d'asepsie ne sont pas respectées, des mortalités importantes se
produisent chez les mouches, dont l'abdomen devient noir et dont le contenu
intestinal renferme des bactéries du genre Pseudomonas, Aeromonas,
Micrococcus causes de la mortalité » Les mortalités
enregistrées seraient encore plus réduites et la
productivité encore améliorée si le contenu d'un flacon
avait été utilisé pour une alimentation journalière
au lieu de trois par semaine. La congélation a l'avantage de mieux
préserver la qualité du sang. C'est cette qualité qui
justifie l'utilisation croissante de la congélation dans la conservation
des
63
produits alimentaires.
Dans le même lot de mouches nourries au sang sans ATP et
glucose, la mortalité élevée tant chez les mâles que
chez les femelles et leur durée de vie plus courte que celle des
femelles, nous fait croire que les femelles tolèrent plus le sang de
qualité défectueuse.
L'addition de toute substance n'est importante que lorsqu'elle
concourt à l'amélioration de sa qualité. Ce qui est le cas
de l'ATP et le glucose. En effet, le sang congelé avec ATP et glucose a
donné des bons résultats par rapport au reste. Mais la
similarité entre la production de pupes des femelles alimentées
au sang congelé sans ATP et glucose nous fait penser que ce n'est pas
l'ATP et le glucose seuls qui déterminent la productivité des
mouches. Le degré de développement bactérien pourrait y
jouer un très grand rôle en causant la mort des femelles. Cette
mortalité réduit la productivité des femelles.
La campagne de lutte contre les glossines nécessite une
production de masse de mâles à lâcher à un coût
de production moindre. Le sang congelé sans ATP ni glucose, bien qu'il
réduise fortement le coût de production n'est pas celui qui est
approprié à une production de masse de mâles. Il pourrait
cependant être utilisé pour alimenter uniquement les femelles.
Toutefois cette utilisation ne contribuera pas à augmenter la
productivité par rapport à l'alimentation au sang frais mais la
maintiendrait stationnaire. Les mâles quant à eux ne pourront
qu'être alimentés au sang congelé additionné d'ATP
et glucose, ce qui réduira fortement les coûts de production.
L'utilisation du sang congelé offre une bonne
opportunité de production pour plusieurs raisons:
- Possibilité de stocker une importante quantité
pour l'alimentation continue des mouches ;
- Réduction du nombre de sorties à une par
semaine voire une en deux semaines ;
- Possibilité de produire en masse des mâles en
nombre pour le lâcher. En un mois, les mâles de laboratoire
auraient inséminé un maximum de femelles sauvages.
3.2.3. Importance de l'ATP dans l'alimentation sanguine
des glossines.
3.2.3.1. Quantité de sang absorbé.
Plusieurs facteurs conditionnent la quantité de sang
ingéré. Il s'agit : - du stade de faim ;
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- la qualité du sang offert.
En général l'ingestion est faible le jour de
l'éclosion. Elle est maximum avec le sang de bovin dans lequel l'ATP a
été ajouté après l'irradiation (6,00 #177; 1,53
mg). Cette quantité augmente lorsque le nombre de jours de diète
augmente.
Chez la glossine, à son premier repas, la membrane
péritrophique qui n'a pas encore atteint son développement
complet, forme un sac clos dans l'intestin moyen qui délimite le volume
de sang absorbé. Apres l'éclosion, plus la mouche est
affamée et déshydratée, plus la quantité
absorbée est importante ; les glossines pouvant absorber plus que leur
propre poids de sang soit 15 à 16 mg selon l'espèce (Itard,
2000). C'est ce qui justifie le fait que le lendemain de l'éclosion, le
maximum de sang absorbé par des femelles de 14,65 #177;1,25 mg soit
15.82 #177; 11,17 mg avec du sang de porc.
En une semaine, la quantité moyenne de sang
ingéré est maximum avec les sangs contenant le glucose et l'ATP.
Elle est faible avec le sang qui ne contient ni d'ATP, ni le glucose.
L'importance de cette consommation est due à la présence de
l'ATP. En effet, il stimule l'appétit des mouches, entraînant
ainsi une consommation importante. De ces observations, nous retiendrons que
l'ATP contribue à accroître l'absorption sanguine des glossines
par stimulation de leur appétit.
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