Enfants mendiants dans la ville de Parakou: profile et processus du talibépar Batoimayot Gilbert N'KOUE université de Parakou - Licence 2017 |
3-2 Processus social des enfants mendiants3-2-1 La religion comme facteur contribuant à la mendicité des enfants En effet, la mendicité bien que tolérée par la culture musulmane , correspondait à la voie de perception de la bourse d'étudiant ou de frais d'allocation des élèves coraniques, ce qui représente la source de leur subsistance. Cependant la mendicité avait d'abord un but éducatif, celui de former les talibés à l'humilité, la confiance absolue en Allah (Dieu), afin de devenir des disciples exemplaires de la religion musulmane et servir de modèl. La mendicité concernait aussi bien les enfants de parents riches que ceux issus de parents pauvres. Noutsougan(2010). Ils sont issus de familles musulmanes croyantes et pratiquantes qui transmettent l'apprentissage de la religion de générations en générations. Le Coran est un Livre Saint dont tous les musulmans croyants respectent ses recommandations. De plus il faut souligner qu'à l'origine, un autre but visé par la pratique de la mendicité des talibés était la promotion de la culture et de la solidarité existante au sein de la communauté. Cette pratique visait également à faire participer la communauté à l'éducation des enfants par l'octroi de la bourse aux talibés . S'agissant des causes religieuses, il est important de parler de la zakat en tant que l'un des cinq piliers de l'Islam. En effet la zakat est cette obligation pour tout musulman dans la mesure de ses moyens de donner aux plus démunis un dixième de son revenu annuel, Noutsougan(2010). 8 28 --- Réalisé et présenté par Gilbert Batoimayot N'KOUE--- Enfants mendiants dans la ville de Parakou : profil et processus social du talibé Certes,l' on voit un peu les fondements religieux qui motivent la mendicité des enfants talibés ; la mendicité de manière générale et celle des enfants en particulier, a quand même une explication religieuse de grande portée. Les résultats de cette recherche montrent que 100% des enfants enquêtés sont musulmans et 73 % étudient le Coran pour des raisons religieuses. Par contre seulement 7% étudient le Coran pour la passion. Ainsi, la majorité est des garçons âgés de dix (10) à quinze ans (15) selon l'échantillon. La figure 2 et 3 ci-dessous montre les fréquences selon la religion et les raisons de l'étude du Coran et le tableau 4 présente l'âge des enfants par rapport au sexe. Figure 2 : Proportion selon la religion des enfants mendiants
0 Source : Enquête de Juin 2017 9 29 Suite à la lecture de la figure, il faut noter que la mendicité des enfants dans la ville de Parakou est essentiellement dominée par la religion musulmane. La ville étant dominée par la religion musulmane, elle représente un des facteurs expliquant le phénomène de la mendicité. --- Réalisé et présenté par Gilbert Batoimayot N'KOUE--- Enfants mendiants dans la ville de Parakou : profil et processus social du talibé Tableau 4 : L'âge des enfants mendiants par rapport au sexe
sexe âge masc ulin 5-10 10-15 Source : Enquête de Juin 2017 feminin TOTAL 6 8 14 40 0 40 15-20 17 0 17 20-25 6 0 6 25-plus 1 0 1 TOTAL 70 8 78 L'analyse du tableau présente des données significatives par rapport à l'âge des enfants et le sexe ; la différence des répartitions entre '10-15' et l'ensemble est significative. (chi2= 4,40, 1-p = 96,41%). Figure 3 : Classification des raisons de choix des enfants pour l'étude du Coran Raison pour l'étude du coran 57 7 14 contraintes des parents raisons religieuses passion Source : Enquête de Juin 2017 0 30 A travers la lecture de la figure 3, il est remarqué que les raisons pour lesquelles les enfants étudient le Coran sont d'ordres religieux mais parfois par la contrainte des parents. --- Réalisé et présenté par Gilbert Batoimayot N'KOUE--- Enfants mendiants dans la ville de Parakou : profil et processus social du talibé Mais pour certains religieux, la mendicité des enfants pendant leur apprentissage n'est pas synonyme de la prescription de la religion. Des préjugés font croire que le Coran encourage la mendicité. Or, cela est faux. Le Coran ne prescrit pas la mendicité. Les jeunes talibés sont souvent contraints d'aller mendier par le seul ordre de leur maître coranique. Or, même dans les familles riches, on désire soumettre les garçons à une vie humble, dure et ascétique. En fait, la mendicité vient du fait que les daaras sont gratuites. Le marabout ou l'Alfa est alors dépendant de la générosité des parents d'élèves ou de n'importe quel don. Il faut noter aussi que la mendicité est un phénomène urbain provoqué par les marabouts qui ont fui la pauvreté des campagnes : c'est ainsi qu'ils se sont mis à exploiter leur «seule richesse», c'est à dire leurs élèves. (Un musulman de la Ville). Photo 2 : Le talibé en lieu de prédilection Source : Enquête de Juin 2017 1 31 --- Réalisé et présenté par Gilbert Batoimayot N'KOUE--- Enfants mendiants dans la ville de Parakou : profil et processus social du talibé 3-2-2 La pauvreté, un indicateur important dans le processus de la mendicité chez les talibés Des rapports avancent que les parents pauvres envoient leurs enfants loin de chez eux, notamment pour étudier dans des daaras, afin de réduire le nombre de bouches à nourrir au sein du foyer. « Ceci est une opinion utilitaire, mais trop simpliste de la circulation des enfants et des pratiques de placement qui ont des origines lointaines », Thorsen(2012). La principale cause de la mendicité des enfants est essentiellement économique mais d'ordre religieux et culturelle. Nombreux sont les parents, les maîtres coraniques ou les tuteurs qui mettent à profit la mendicité des enfants pour faire face aux difficultés de la vie, Thorsen(2012). L'organisation de la mendicité des enfants leur permet d'assurer leur survie économique. Etant donné que les daara sont gratuites, par conséquent les enfants sont à la charge de l'Alfa, ces derniers ont une obligation envers leur maître, qui est de payer une somme à la fin de chaque semaine. Bon nombres de talibés affirment qu'ils paient cinq cent francs à leur maître tous les azouma : les vendredis, en guise de leur participation pour l'hospitalité du maître. Cela représente une sources de motivation à mendier pour couvrir les frais du maître. J'ai 15 ans et je suis chez mon maître coranique depuis près de trois ans. Le devoir principale d'un élève (talibé) en vers son maître en dehors de l'étude du Coran, c'est le respect et la gratitude. Nous somme prêt de cinquante élèves qui vivent sous la responsabilité de notre maître. Donc chaque vendredi, nous donnons au maître 500F par élève, non seulement pour son hébergement mais aussi pour son enseignement.et sont hospitalité généreuse (Un talibé âgé de 15ans à Guèma) Les résultats de la recherche montrent que 91% des parents des enfants qui étudient le Coran dans les arrondissements de la ville de Parakou sont pauvres et majoritairement migrés des pays limitrophes dominés par la religion musulmane. Un pourcentage énorme qui justifie que, la situation économique généralement mauvaise dans la plupart des pays d'Afrique de l'Ouest, représente un facteur très important dans le processus de la mendicité chez les enfants. 2 32 --- Réalisé et présenté par Gilbert Batoimayot N'KOUE--- Enfants mendiants dans la ville de Parakou : profil et processus social du talibé Tableau 5 : Situation économique des parents des enfants mendiants
situation économique des parents Non réponse riche moyen Source : Enquête de Juin 2017 Fréq. 1,3% 2,6% 5,1% pauvre 91,0% TOTAL OBS. 100% Il est remarqué d'après le tableau 5, que les parents qui envoient leurs enfants pour étudier chez les Alfa sont économiquement pauvres. Enfin cette analyse sur la situation économique des parents explique aussi pourquoi les enfants-mendiants ne bénéficient pas d'un suivi familial. Lors de l'enquête, plusieurs élèves ont affirmé n'avoir pas eu de soutien des parents dès leur entrée dans l'école coranique. Figure 4 : Suivi des parents des enfants mendiants
71 7 oui non Source : Enquête de Juin 2017 3 33 D'après la figure 4, peu d'enfants (7/78) étudiants le Coran bénéficient d'un suivi familial. --- Réalisé et présenté par Gilbert Batoimayot N'KOUE--- Enfants mendiants dans la ville de Parakou : profil et processus social du talibé La mendicité des enfants devient un problème délicat au Bénin comme dans d'autres pays de la sous-région. La rareté des enquêtes et des études consacrées à cette question fait qu'aujourd'hui l'ampleur du phénomène est mal circonscrite. En effet, ils existent plusieurs facteurs expliquant le processus de la mendicité chez les enfants. Comme il a été vu tout au long de l'exposé, il s'agit entre autres de la religion, de la pauvreté et la situation économique des parents qui expliquent le processus de la mendicité chez les enfants dans la ville de Parakou. Pour lutter contre ce phénomène, il faut entendre la mise en place des mesures de protection sociale. Cela a pour intérêt de donner aux enfants l'opportunité de jouir de leurs droits fondamentaux, à commencer par l'accès à l'éducation. Tous les enfants ont les même droits sans distinction de sexe, de l'âge, de couleur, de religion ni d'appartenance politique (UNICEF). |
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