à‰tat des lieux de l'oeuvre des ONG internationales dans la région centre du Cameroun de 1960 à 2010.( Télécharger le fichier original )par Judith Tsafack Institut des Relations Internationales du Cameroun - Master 2013 |
D. Revue de littératureDans les investigations relatives aux travaux se rapportant à notre sujet, nous avons relevé un déficit de publications traitant de l'état des lieux de l'oeuvre des ONG internationales au Cameroun. En dehors des divers ouvrages généraux traitant notamment des questions de méthodologie, nous nous sommes inspirés d'un certain nombre de productions spécifiques afin de mieux cerner le sujet de notre recherche. Dans cet élan, nous avons parcouru un rapport publié par la Fédération Internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant Rouge7 (FICR) qui fait une lecture critique de la mise en oeuvre de l'assistance humanitaire en Afrique. Au fil des études publiées, il en ressort que les organisations internationales oeuvrant en Afrique devraient dans leur action, mettre un accent sur la prévention des crises humanitaires à travers des actions de développement plutôt que d'attendre qu'elles surviennent pour agir dans l'urgence. A cet effet, la FICR demande aux bailleurs de fonds de dédier 20 à 25 % des fonds qu'ils injectent dans la réponse aux catastrophes, à la réduction des risques et au développement des communautés. S'interrogeant sur l'avènement d'un éventuel changement sur la possible amélioration de la situation après des décennies d'intervention en Afrique, cette étude s'appuie sur des exemples de 7Fédération Internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant Rouge, État des lieux et recommandations. Faim, catastrophes, espoir : repenser l'action humanitaire en Afrique, Rapport d'étude, 2009, extrait en ligne du site http://w3.ifrc.org/meetings/statutory/ga/ga09/Reports/177700-BiA-Report-FR-LR.pdf, consulté le 05 février 2012. 6 réussite, des exemples de communautés africaines qui, avec le soutien des organisations internationales, ont fait des pas réels et tangibles vers la limitation de l'impact des catastrophes. Ce rapport laisse paraître de l'espoir et la conviction selon laquelle, en dépit d'un tableau quelque peu alarmiste, le succès engrangé par les Sociétés Nationales africaines de la Croix-Rouge laisse présager des lendemains meilleurs. Toutefois, ce rapport quoi qu'il fasse allusion à la mise en oeuvre des projets humanitaires en Afrique en général, traite particulièrement de la situation de certains pays de l'Afrique de l'Est et de l'Ouest, ce qui nous paraît peu représentatif pour tout le continent. D'autre part, nous y remarquons la non prise en compte de l'inter-culturalité8 comme un outil d'échange de bonnes pratiques entre les acteurs du développement, de l'humanitaire ainsi que les populations victimes des catastrophes, certaines expériences réussies ailleurs pouvant faire l'objet d'un échange entre les acteurs de la solidarité (organisations humanitaires, organisations de développement, populations locales...). Une autre étude effectuée au Maroc par le Ministère du Développement Social, de la Famille et de la Solidarité sur les associations de développement9 nous a permis d'élargir nos connaissances sur le fonctionnement, le rôle des acteurs non étatiques que sont les ONG dans le processus de développement. Ce rapport soulève un certain nombre de questionnements sur le fonctionnement des associations de développement, leurs domaines d'intervention, leurs actions, les ressources humaines et matérielles dont elles disposent ainsi que leurs relations avec les partenaires au développement. Ce rapport nous a permis de mieux appréhender le diagnostic à effectuer sur l'action des ONG internationales au Cameroun et particulièrement dans la région du Centre. Toutefois, un point très important à considérer dans les actions de développement concerne les relations ONG /associations et les populations bénéficiaires. L'on est donc en droit de s'interroger sur la place accordée à la prise en compte des connaissances des populations qui bénéficient des actions de développement, dans notre cas, celles de la région Centre du Cameroun. Sans remettre en cause la richesse de ce rapport, nous y trouvons un déficit en matière de prise en compte effective du savoir-faire des populations bénéficiaires. C'est d'ailleurs l'avis défendu par Basile KENMOGNE, (2002) qui pense que : « dans de nombreux pays du tiers 8 Selon la Convention de l'UNESCO sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles, l' « interculturalité » renvoie à l'existence et l'interaction équitable de diverses cultures et la possibilité de générer des expressions culturelles partagées à travers le dialogue et le respect mutuel. 9 Ministère du Développement Social, de la Famille et de la Solidarité, Royaume du Maroc, Les associations marocaines de développement : Diagnostic, analyses et perspectives, Rapport d'étude, 2010, 57P, p. 25 7 monde, des projets grandioses ont connu des résultats peu satisfaisants, très souvent parce que les populations locales ont été insérées dans lesdits projets comme un meuble dans un mobilier, c'est-à-dire sans leur participation effective dans la réalisation des projets. C'est ce qui explique certainement que de nombreux projets de développement, fort prometteurs au départ, aient eu des résultats mitigés. L'alternative aujourd'hui semble être de faire adhérer les populations concernées aux projets, de les encourager à coopérer aux travaux communautaires »10. La lecture de ces différentes contributions nous permet de nous rendre compte que malgré l'importance du sujet, la question de la solidarité internationale, notamment à travers l'oeuvre des ONG internationales fait l'objet d'un intérêt mitigé. Compte tenu de ces limites, il nous semble opportun d'orienter notre travail vers l'étude des actions menées par les ONG internationales au Cameroun, notamment dans la région du Centre. |
|