Paragraphe B) De l'idée de « communauté
internationale » à la
solidarité internationale
A l'aube du 21ème siècle, la construction de la
paix est encore et toujours un des défis majeurs pour l'humanité.
Les réponses proposées viennent des stratèges militaires
qui s'expriment en termes de violence et de guerre, ou des spécialistes
des sciences sociales qui parlent en termes de structures et de
systèmes. En effet, si la paix tient au respect des droits humains et de
la dignité de toute personne, elle n'est ni le résultat de la
violence victorieuse, ni un produit des structures sociales. La paix semble
aussi et surtout être une question de personnes : elle est affaire
d'attitudes, de valeurs partagées. L'une des questions centrales dans la
construction de la paix et la promotion du développement aujourd'hui
concerne la nature et la responsabilité des acteurs. En effet, avec
l'émergence et la consolidation de la notion de communauté
internationale face aux maux qui minent l'humanité, la
préoccupation commune des acteurs de paix est celle du rejet de
l'inacceptable et l'affirmation selon laquelle chaque être humain -
quelles que soient ses origines ou ses opinions - a droit à un cadre de
vie où son existence ne soit mise en danger, où il puisse
s'épanouir, grâce au concours de tous.
31 Commission indépendante sur les
problèmes de développement international, Nord/Sud un
programme de survie, Rapport de la Commission, sous la présidence
de Willy BRANDT, Paris, Gallimard, 1980, p. 33
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Le monde bouge, évolue sans arrêt et se
transforme. Les relations internationales, parce qu'elles touchent à la
vie des hommes, à leurs aspirations et à leurs contradictions,
revêtent un caractère dynamique de mouvement commun. La majeure
partie de la seconde moitié du vingtième siècle s'est
caractérisée par la Guerre Froide, par l'affrontement de deux
modèles de société antagonistes. Cela s'est traduit par
des orientations politiques, économiques et militaires conduisant
à une situation à mi-chemin entre la guerre et la paix. Le
basculement de la fin des années 1980, avec la chute du Mur de Berlin et
le démantèlement progressif de l'Union des Républiques
Socialistes Soviétiques (URSS), a instauré une nouvelle donne. Il
a en quelque sorte constitué la porte d'entrée du processus de
mondialisation que nous connaissons aujourd'hui : développement
technologique, essor des télécommunications et des transports...
L'on pourrait dire que ce changement caractérise la période
actuelle. Mais à plusieurs endroits de ce village planétaire, la
misère et la pauvreté n'ont pas disparu. Le temps n'est certes
plus à l'âge de la pierre taillée, mais les enjeux d'un
véritable développement sont encore complexes.
En effet, dès leurs indépendances, les jeunes
Etats ont tôt fait d'adopter de vastes projets dans les domaines de
l'industrie et des infrastructures, sur le modèle ultra-capitaliste
occidental. Ayant heurté de front les exigences socioculturelles
locales, ces grands investissements qui n'avaient pour but que la mise en
oeuvre des politiques de développement calquées sur le
modèle des pays industrialisés de l'Occident, n'ont pas souvent
atteint leurs objectifs. Il ne fait aucun doute que les premiers dirigeants
aient eu l'ambition de transformer rapidement le paysage
socio-économique de leurs Etats, mais il reste aussi indéniable
que ce désir était impulsé, encouragé et soutenu
par les pays occidentaux, les organismes internationaux et les programmes
d'aide bilatéral Nord-Sud. Au profit des projets dont les pays
occidentaux tiraient avantage et qu'ils étaient les seuls à
s'offrir, le développement local a été
négligé.32 Quand il avait même été
démontré que les populations locales étaient
bénéficiaires d'une action, celle-ci avait été
réalisée soit en marge de leur participation ou alors à
travers une implication forcée, au mépris de la dignité
humaine. Au Cameroun, l'on peut signaler à titre indicatif la
réalisation du chemin de fer par la REGIFERCAM en 1969;33 la
construction de l'oléoduc du projet Pipeline Tchad-
32 KING Alexander et SCHNEIDER Bertrand,
Questions de survie, la révolution mondiale a commencé,
Calmann-Lévy, 1991, p.147.
33 NKUISSI, Bernard Nkongsamba, les
années obscures de la fondation, mémoire de DES en histoire,
université de Lille, 1977, p.47.
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Cameroun34. Les conséquences directes de ces
politiques de développement ont été et sont encore
aujourd'hui : l'endettement de nombreux pays africains, l'importation des
produits de première nécessité, la crise alimentaire et le
rejet des projets par les populations locales pour ne citer que
celles-là.
Face à un tel contexte, la responsabilité d'une
multitude d'acteurs est engagée ; les Etats naturellement, acteurs
traditionnels du développement, les organisations internationales, les
OING et les autres représentants de la société civile et
du monde économique, car le développement reste et demeure une
affaire de tous. C'est dans cette mouvance que les OING se déploient au
Cameroun en général et dans la région du Centre en
particulier.
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