a.2 Le Makhzen
Le Makhzen est segmenté en 3 parties, l'armée,
la notabilité et le clergé. Chacune des fonctions n'est pas
juridiquement établie, dès lors, à défaut d'un
système politique basé sur un mécanisme de contrôle
des pouvoirs, les agents d'autorité adoptent un pouvoir de
supplémentation sur fond de droit de coercition royale (droit de ban :
qama'). Les agents d'autorité constituent le Makhzen.
Par « agent d'autorité », entendons les
personnes investies d'un pouvoir par le roi, suivant la logique de la
proclamation par l'élite (beia). Avec la beia,
l'investiture est effectuée suivant l'influence d'une famille
makhzénienne auprès de la cour royale.
Le pouvoir se façonne selon l'influence des grandes
familles, ainsi par exemple, les familles Iraqi, Amrâni et Idrissi
jouèrent un rôle majeur dans l'apport et la gestion du haut
fonctionnariat d'Etat. Cette influence permet l'exercice d'un droit de monopole
dans différents secteurs de la vie politique, économique et
sociale au Maroc.
Apparu sous la dynastie Almoravide (1056-1147) vers la fin du
11e siècle de notre ère, le Makhzen a connu plusieurs
phases d'évolution. Il a surtout servi de grenier central directement
tenu par le souverain, par opposition à « l'Agadir », terme
berbère désignant un grenier local. Etymologiquement, le terme
arabe
8 A. LAROUI, Les origines sociales et
culturelles du nationalisme marocain (1830-1912), Paris, François
Maspero, Coll. Textes à l'Appui, 1977, pp. 108-111.
9 H. RACHIK et M. SGHIR JANJAR,
Légitimation politique et sacralité royale, in Les
Cahiers Bleus, N°18, 2012. J. WATERBURY, Le Commandeur des Croyants.
La monarchie marocaine et son élite, Paris, Presses Universitaires
de France, 1975.
10 P. DECROUX, Le souverain du Maroc,
législateur, in Revue de l'Occident musulmans et de la
Méditerranée, N°3, 1967, pp. 3137.
11 Sur ce sujet voir E. LEVI-PROVENCAL, Historiens
des Chorfas - la fondation de Fès, Paris, Maisonneuve & Larose,
2001.
12 Voir les Constitutions du Maroc de 1962, 1970,
1972 et les réformes constitutionnelles de 1980, 1992 et 1996. A.
ENHAILI, Une transition politique verrouillé, in Confluences
Méditerranée, N°31, 1999, pp. 59-75.
10
« Makhzen » désigne le lieu de concentration
des impôts en nature et des biens matériels13. Plus
généralement, il désigne le lieu de thésaurisation
de tous les revenus financiers de l'Etat, qu'ils soient issus des impôts
légaux, des dons et offrandes (hadiya) mais aussi des butins de
guerre (ghazzu).
Sous les Almohades (1130-1269), le Makhzen prend une
connotation plus politique. En effet, il devient le lieu d'apprentissage du
pouvoir et de la servilité14. Ces lieux d'apprentissage sont
pour la plupart situés dans les ailes des palais. On désigne par
le terme Dar Al Makhzen, les parties du Palais consacrées
à l'instruction d'une institution d'Etat. Les souverains almohades
déléguaient au prince issu de la famille royale la gestion du
pouvoir au sein du Makhzen. Ce dernier était assisté dans son
apprentissage par un cheikh issu d'une tribu alliée du souverain. Ce
creuset institutionnel fut gardé et développé dans les
anciennes possessions almohades à Tlemcen (Algérie) et à
Tunis (Tunisie). On définit dès lors le Makhzen comme un concept
institutionnel spécifique à l'Afrique du Nord : au Maroc,
à l'Algérie et à la Tunisie15.
A l'avènement des Mérinides (1269-1465) et des
Wattassides (1465-1556), le Makhzen subit plusieurs transformations, notamment
par l'apport culturel des institutions de l'Espagne musulmane16. Des
nouvelles fonctions sont créées en même temps qu'elles
deviennent permanentes ; elles sont souvent représentées par des
« bureaux » tenus par des « ministres » (Wazirs)
qui sont eux-mêmes assistés par des secrétaires
(Kuttabs). La répartition se fait en différents bureaux,
par exemple, un bureau de décision royale (Wazira Al Tafwidd),
un bureau d'exécution des décisions royales (Wazira Al
Tanfid), un bureau chargé des dépenses publiques (Wazira
Al Qahraman) etc.17... C'est à cette période que
le Makhzen devient véritablement le socle des institutions. Longtemps
basée sur un système de recrutement tribal, l'armée
commence aussi à être une institution permanente, tantôt par
le mercenariat, tantôt par l'esclavagisme.
Sous les Sâadiens (1525-1659), d'importantes
réformes dans la judicature18 ont lieu, cependant qu'une
certaine « turquisation » s'effectue dans le gouvernorat, comme
l'introduction des pachas dans les villes et l'idée d'organiser la cour
royale à l'image du Diwan ottoman. On comprend donc que le
système politique central hérité par les Alaouites
(régnant au Maroc depuis 1666) s'est consolidé pendant plusieurs
siècles en assurant aux nouveaux dynastes une superstructure permettant
de se régénérer en cas de crise politique. L'histoire du
Maroc a connu plusieurs crises politiques cependant que le Makhzen n'a jamais
été sérieusement inquiété dans ses
bases19.
13 M. KABLY, A propos du Makhzen des origines :
cheminement fondateur et contour cérémonial, Londres, The
Maghreb Review, N°30, 2005, pp. 2-23.
14 CH-A. JULIEN, Histoire de l'Afrique du Nord :
Des origines à 1830, Paris, Grande Bibliothèque de Payot,
1994, pp. 437-481.
15 G. MARCAIS, Le Makhzen des Beni Abdel-Wad,
rois de Tlemcen, Alger, Mélanges d'histoire et d'archéologie
de l'Occident musulman, Vol.1, pp. 51-57. B BRUNSCHWIG, La Berbérie
orientale sous les Hafsides : des origines à la fin du 15e
siècle, Paris, Adrien Maisonneuve, 1940.
16 Voir E. LEVI-PROVENCAL, Histoire de l'Espagne
Musulmane, 3 vol., Paris, Maisonneuve & Larose, 1950.
17 A. KHANEBOUBI, Les Institutions
gouvernementales sous les Mérinides (1258-1465), Paris,
L'Harmattan, 2009, pp. 70-93.
18 B. HARAKAT, Le Makhzen Sa'adien, in Revue
de l'Occident musulman et de la Méditerranée, N°15, 1973,
pp. 43-60.
19 P. PASCON et M. ENNAJI, Le Makhzen et le
Sous Al Aqsa, la correspondance politique de la maison d'Illigh
(1821-1894), Paris-Rabat, Editions du CNRS-Toubkal, 1988.
11
De 1880 jusqu'en 1912 - sans oublier l'Acte d'Algésiras de
1907 conférant à la ville de Tanger un
statut diplomatique international - le Protectorat espagnol,
exercé par le Haut-Commissaire basé à Tétouan et le
Protectorat français, exercé par le Résident
Général à Fès, apportent de sensibles modifications
au Makhzen traditionnel. Ainsi la Résidence Générale :
« sauvegardera la situation religieuse, le respect et le prestige
traditionnel du Sultan, l'exercice de la religion musulmane et des institutions
religieuses (...). Il comportera l'organisation d'un Makhzen chérifien
réformé20. » Ces aménagements sont
surtout territoriaux avec la création des régions, des provinces,
des préfectures, des circonscriptions, des arrondissements et des
communes. Mais les changements sont aussi institutionnels avec la
création des ministères permanents tels le Ministère de la
Justice, de l'Intérieur, des Services de la Sécurité
Publique et des Habous, par exemple21.
Suivant les nouveaux découpages territoriaux de cette
époque et des nouvelles charges, les administrations
donnent un caractère plus permanent au Makhzen sans
pour autant revoir en profondeur les mécanismes de
supplémentation. Le système politique marocain est
organisé depuis l'indépendance par la superposition d'un
système traditionnel et d'un système hérité du
Protectorat. Quelles sont les compétences du Makhzen ?
Comme il a été vu précédemment, le
Makhzen désigne à la fois la bureaucratie, l'armée et les
finances d'Etat au sens strict du terme. Le personnel du Makhzen est
recruté parmi les princes issus de la famille royale, la bureaucratie
urbaine et la seigneurie rurale. Ce personnel désigné constitue
les agents d'autorités du Makhzen qui doivent remettre la beia
au roi.
Cette beia incarne le fondement «
constitutionnel » du Maroc. En effet, elle évoque à la fois
: la
cérémonie d'investiture du roi, qui correspond
à la « Joyeuse entrée » que le roi accorde à ses
obligés, et la relation féodo-vassalique entre le souverain et le
Makhzen, ainsi que, par extension, le contrat social entre le souverain et le
peuple. Pour traduire la beia marocaine dans le langage juridique
belge, on peut dire qu'elle constitue une fusion des sources non écrites
par les Principes généraux du droit et de la coutume, ainsi que
les sources auxiliaires par la jurisprudence et la doctrine22. Cette
fusion se situe au sommet des normes constitutionnelles, car, à
défaut de disposer d'une logique des mécanismes de
contrôle, le pouvoir constitue un état de fait au Maroc.
Les agents d'autorités relevant de l'Assemblée
des notables (Majlis Al `Ayan) sont directement nommés par le
roi ; ils peuvent se subdiviser en trois catégories, dont les
représentations se font au niveau (inter)national,
régional-provincial et local.
Au niveau (inter)national, le na'ib23
désigne le substitut du roi. Ponctuellement désigné par le
monarque, le na'ib est envoyé auprès des
délégations étrangères ; il était
assisté - pendant la période
20 Article 1 du Traité du Protectorat,
Fès le 30 mars 1912, in E. ROUARD DE CARD, Traités et
accords concernant le Protectorat de la France au Maroc, Paris, Pedone
& Gamber, 1914, p. 86.
21 J. BRIGNON et al., Histoire du Maroc,
Casablanca, Hatier, 1974, pp. 341-350. D. RIVET, Lyautey et l'institution
du protectorat français au Maroc, 1912-1925, Paris, L'Harmattan, 3
vol., 2000.
22 O. CORTEN et A. SCHAUS, Le droit comme
idéologie : Introduction critique au droit belge, Bruxelles,
Presses de l'Université Libre de Bruxelles (2e
édition), 2000, pp. 112-116
23 M. EL MANSOUR, Dans le secret des premiers
diplomates, in Zamane, N°37, pp. 68-71
12
protectorale - dans sa tâche par un mendoub,
sorte de missi dominici interne au territoire. En guise d'exemple,
l'ancien recteur de la Grande Mosquée de Paris, Si Kaddour Ben
Ghabrit24 incarnait le na'ib de Mohamed V. A l'instar de
Abdelkhalaq Torrès*, fils du pacha de Tanger, et qui était le
mendoub du même monarque et fondateur de l'un des premiers
partis politiques du Maroc : le Parti des Réformes Nationales. A partir
de 1960, Hassan II aura coutume d'envoyer un na'ib quand il s'agira
d'ouvrir des pourparlers avec l'opposition comme c'était le cas d'Ahmed
Réda Guédira* avec les partis de gauche ou bien le rôle de
Moulay Ali Alaoui envoyé par Hassan II auprès de Mehdi Ben Barka*
lors de son exil en Suisse.
Les walis, les amils, khalifas et
les pachas se situent au niveau de la notabilité régionale et
provinciale.
Dans l'Ancien Maroc, jusqu'en 195625, les walis
assuraient la gouvernance des provinces éloignées.
Actuellement, ils cumulent, avec les amils, les pouvoirs du
gouvernorat urbain, de la préfecture au niveau régional,
provincial et du commissariat d'arrondissement. Ces agents d'autorité
contrôlent et coordonnent les corps de police détachés dans
les arrondissements. Les amils, établis dans les villes,
étaient chargés de collecter les impôts. Le khalifa
désigne le concept de « lieutenant-successeur ». Le
khalifa au Maroc représentait donc le prince héritier du
roi26. Dès 1956, cette tâche est reconvertie en
gouverneur supplétif par rapport au wali.
Au niveau de la notabilité locale urbaine, il reste les
moqqadems. Ces derniers jouaient dans l'Ancien Maroc, un rôle
dans les confréries religieuses (zaouias) et
représentaient un préposé à la
sécurité publique27. Suivant le type de
confrérie, ils appartenaient à une classe d'initiés ou de
maîtres spirituels et géraient les biens de mainmortes
(habous) des confréries. Après l'indépendance, en
plus de son rôle religieux, le moqqadem incarne un rôle
d'agent de quartier qui exerce l'autorité avec le maire de la ville.
Aussi, le nombre de moqqadems varie en fonction des quartiers dans les
villes.
Au regard de la gestion politique urbaine, il existe, bien
entendu, une gestion politique régionale rurale, dont la subdivision des
agents d'autorité reste semblable mais dont les fonctions et les
dénominations diffèrent. Les agents d'autorité ruraux sont
: les caïds, les caïds moumtazz et les
cheikhs. Dans une société segmentée sur la
famille - le clan - la tribu, les caïds assuraient à la
fois le commandement d'une unité militaire et la représentation
d'une tribu auprès du Makhzen28. Son pouvoir est
considéré comme une pièce maîtresse dans
l'échiquier politique marocain. Avec les réformes territoriales,
le caïd dirige un « caïdat », qui regroupe les
circonscriptions et les communes urbaines et rurales.
24 Si Kaddour Ben Ghabrit (1868-1954) fut le
premier Recteur de la Mosquée de Paris. Formé à
l'école arabe-française puis à la médersa de
Tlemcen, Ben Ghabrit devient successivement conseiller en législature
musulmane en Algérie (1892), drogman et sera surtout sollicité
par le sultan Mohamed V pour négocier la paix avec les tribus rebelles
au Maroc.
25 A. KHANEBOUBI, op. cit., pp. 135-142. A.
LAROUI, op. cit., pp. 160-167.
26 Bulletin officiel du Royaume du Maroc du 21
janvier 1976, N°3299, Arrêté du ministre des affaires
administrative, secrétaire général du gouvernement
n°454-75 du 27 hija 1395(30 décembre 1975) relatif à la
classification des fonctionnaires pour l'attribution des indemnités de
déplacements.
27 M. ABITBOL, Histoire du Maroc, Paris,
Perrin, 2009, pp. 241-244&293-306. Sur le rôle de la zaouia
voir G. DRAGUE, Esquisse d'Histoire religieuse du Maroc, Paris,
Peyronnet, 1951. I. BEN-AMI, Culte des saints et pèlerinages
judéo-musulmans au Maroc, Maisonneuve & Larose, 1990.
28 A. KHANEBOUBI, op. cit., pp. 371-375.
A. LAROUI, op. cit., 160-163. B. SIMOU, Les réformes
militaires au Maroc de 1844 à 1912, Rabat, Publication de la
Faculté des Lettres et des Sciences Humaines, 1995.
13
Le caïd représentait jusqu'à
l'établissement des institutions civiles françaises et
espagnoles, l'agent d'autorité chargé du recrutement militaire
dans sa tribu pour le souverain durant ses expéditions. A chaque tribu,
son caïd. En plus du commandement militaire, les caïds
étaient chargés avec le cadi de faire respecter
tantôt le droit coutumier de la tribu, tantôt la coutume
sacrée d'Etat (chari'a).
Bien que l'armée fût réorganisée
sur le modèle français depuis 1956, les caïds n'en
gardent pas moins une prérogative dans la gestion des
détachements armés et des corps de polices. Jusqu'au début
des années 1980, la société marocaine reste largement
rurale, si bien que contrôler la campagne revient à
contrôler tout le Maroc. Les caïds représentent une
pièce maîtresse entre le Makhzen et la tribu locale car ce sont
par ces agents d'autorité que le Ministère de l'Intérieur
communique directement.
Pour alléger son travail, le caïd agit en
tandem avec le caïd mumtazz dont les fonctions sont fort
apparentées aux fonctions du khalifa. Le caïd
mumtazz, sorte de caïd supplétif, contrôle avec
le caïd les circonscriptions urbaines et rurales29.
Le titre de cheikh (amghar en région
berbérophone) représente dans la société marocaine
l'idée du patriarcat. Il personnifie le doyen d'une famille ou le chef,
d'un clan, d'une corporation de métier (amins) ou encore d'une
confrérie religieuse. Sa fonction comme agent d'autorité donne
lieu au contrôle des agglomérations villageoises
sédentaires (dshars), semi-nomades (douars) et des
collectivités agricoles (jma'a)30.
Avec la notabilité d'ordre administratif, le Makhzen
s'accorde un pouvoir clérical. Ces agents d'autorité et gardiens
de la tradition religieuse et du droit d'interprétation des Textes
Sacrés se répartissent en plusieurs catégories parmi
lesquelles : les cadis, les oulémas, les khatibs
et les faquihs. Il est important de préciser que la fusion
du système traditionnel avec le système protectoral va
sensiblement confondre les rôles des différents acteurs
cléricaux. C'est ainsi, par exemple, que les cadis conservent
encore de nos jours d'importantes prérogatives dans la juridiction
civile et religieuse par exemple.
Les cadis, au Maroc précolonial, avaient des
pouvoirs dans la judicature civile mais contrôlait aussi le
muhtasib. Ce dernier était un préposé de la
police des marchés et contrôlait la qualité des
marchandises. Actuellement, les cadis tranchent notamment dans les
affaires relatives au mariage, au décès, aux litiges et à
l'héritage et sont capables de délivrer le sceau royal pour
l'octroi d'une terre de concession (Iqta') par l'intermédiaire
d'un notaire (`adl).
Les oulémas disposent d'un rôle central
dans la vie religieuse. Longtemps répartis entre légalistes et
contestataires, les oulémas avaient jusqu'en 1961, une
capacité de critique envers le roi. O rganisés en Conseil sous
forme de colloque à la Qaraouiyyine de Fès, les
oulémas pouvaient adresser des remontrances
29 B. CUBERTAFOND, Pour comprendre la vie
politique au Maroc, Paris, L'Harmattan, 2001, pp. 52-73. R. LEVEAU, Le
Fellah marocain Défenseur du Trône, Paris, Presses de la
FNSP, 1985.
30 Guide Juridique des Collectivités
Locales, Publication du Ministère de l'Intérieur du Royaume
du Maroc, Tome 1-2, Rabat, 2010, pp. 49-96. Par ailleurs, cet ouvrage contient
des indications sur les compétences des agents d'autorité.
14
(nasiha)31 au roi qui incarne, à
leurs yeux, moins un monarque temporel qu'un imam tenu de respecter la coutume
sacrée (chari'a). Au-delà de cette prérogative,
ils pouvaient émettre des avis et des doctrines juridiques
(fatwas). Les faquih avaient un rôle important dans
l'enseignement élémentaire (msid) jusqu'à
l'introduction de l'instruction municipale. Les khatibs
représentaient l'une des sources principales de communication dans
l'Ancien Maroc. En effet, c'étaient les khatibs qui
prononçaient le sermon du vendredi (khutba) et qui informaient
les fidèles sur la vie politique du pays, en lisant du haut de leur
chaire les circulaires (manshurs) rédigées par le
monarque32. Actuellement, les rôles des faquihs et
khatibs se limitent davantage à un enseignement rudimentaire du
culte islamique dans les écoles coraniques.
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