Section 2 : La santé des enfants en RCA
La présente section a pour objectif de présenter
les initiatives prises en termes de réalisations de quelques programmes
(PEV et PNSR) et leur impact sur la dynamique de certains indicateurs de
l'état de santé des enfants ainsi que les causes
sous-jacentes.
2.1. Les initiatives en faveur de la santé des
enfants en RCA
La RCA a marqué sa ferme détermination à
ne pas négliger les enfants qui constituent l'avenir de demain
lorsqu'elle a ratifié la Convention relative aux Droits de l'Enfant
(CDE, 1992) et a successivement adopté la déclaration du Sommet
Mondial pour l'Enfant (SME, 1990) et celle du Sommet du Millénaire pour
le Développement (OMD) en 2000. Elle a également adopté
les recommandations d'un monde digne des enfants lors de la session
extraordinaire de l'Assemblée Générale des Nations Unies
en mai 2002. Afin de leur permettre d'assumer pleinement les
responsabilités d'adultes de demain, vitales au développement
socioéconomique de la RCA dans un contexte de mondialisation, les
enfants d'aujourd'hui, ont et auront droit de jouir d'un bon état de
santé physique, mental et social et d'un bien-être.
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La volonté et le ferme engagement du gouvernement
centrafricain d'offrir aux enfants une bonne santé se sont
matérialisés par l'adoption du Plan National de
Développement Sanitaire (PNDS, 1994-1998), le Plan Intérimaire de
Santé (PIS, 2000-2002), le PNDS 2006-2015 et le Document
Stratégique pour la Réduction de la Pauvreté (DSRP,
2008-2010). Ces différents documents de référence
nationale comprennent dix-neuf (19) programmes dont six (06) sont
consacrés à la santé des enfants et accordent une
priorité particulière à la lutte contre le paludisme, les
troubles dus à la carence en iode (malnutrition), les maladies
diarrhéiques, les Infections Respiratoires Aiguës (IRA), les
maladies évitables par la vaccination avec comme cibles
l'éradication de la poliomyélite, le contrôle de la
rougeole et l'élimination du Tétanos Materno-Néonatal
(TMN). Deux de ces six (06) programmes consacrés à la
santé des enfants méritent une analyse minutieuse afin de mettre
en relief l'importance qu'accordent les autorités centrafricaines
à la santé des enfants.
Le premier programme est le Programme Elargi de Vaccination
(PEV) adopté par un Plan Pluriannuel Complet du PEV (PPCPEV) couvrant la
période 2008 à 2010, lequel a pour objectif de contribuer
à la réduction de la morbidité et de la mortalité
des enfants de moins de 5 ans dues aux maladies évitables par la
vaccination. En effet, le PEV fait partie des programmes prioritaires du PNDS
II dont la contribution à la réduction de la mortalité
infanto-juvénile et maternelle a été reconnue par tous au
terme de l'exécution du Plan d'Opération pour le
Développement Accélérée du PEV (PODAPEV). La RCA
avait obtenu en 1987 le prix du Conseil National de la Santé
Internationale (NCIH) en récompense des progrès remarquables
qu'elle avait accomplis pour la survie de l'enfant en Afrique. Ces
progrès n'ont pas pu être maintenus et consolidés pendant
la période de 1997 à 2003 à cause de la performance
insuffisante du système de santé et surtout de l'environnement
socio-politique et économique défavorable. Cette situation a eu
comme conséquences, une augmentation du taux de mortalité
infanto-juvénile (220%o) et celle du nombre des femmes enceintes
décédées (1355 pour 100.000 naissances vivantes) selon les
indicateurs du Recensement Général de la Population et
l'Habitation (RGPH) de 2003. Conscient de l'impact du PEV sur la survie et le
développement de l'enfant, le gouvernement avait adopté le plan
pluriannuel du PEV 2003-2007 dont les quatre premières années de
mise en oeuvre ont permis d'améliorer les taux de couverture vaccinale
qui, néanmoins restent insuffisants pour des raisons
évoquées ci-haut.
L'impact du PEV ne serait rendu possible que si
l'intégration au PEV d'autres programmes prioritaires de lutte contre la
maladie de l'enfance et des nouvelles stratégies (telles que le
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développement intégral du jeune enfant, la
réduction de la mortalité maternelle et néonatale, etc.)
devient effective au sein d'un système de santé performant et en
parfaite relation de partenariat avec les communautés. Dans l'optique de
renouer avec les progrès accomplis dans le domaine de survie et du
développement de l'enfant au cours des années 90 et
amorcés pendant la période de mise en oeuvre du Plan Pluriannuel
2003-2007, par la suite des longues crises militaro-politiques et sociales, le
Ministère de la Santé Publique et de la Population en
collaboration avec les départements ministériels
apparentés et ses partenaires au développement, a
élaboré le Plan Pluriannuel Complet du Programme Elargi de
Vaccination (PPAC/PEV) 2008-2012, première phase d'un plan qui court
jusqu'en 2015, ce conformément à la vision et aux
stratégies de l'immunisation dans le monde. Le Gouvernement adopte le
PPAC/PEV pour la nouvelle période 2011-2015 comme outil de
programmation, de mise en oeuvre, de suivi et d'évaluation des
activités de vaccination intégrant d'autres paquets de services
essentiels dans un système de santé centrafricain performant afin
d'assurer une bonne santé aux enfants et femmes centrafricains pour la
période 2011-2015.
Le graphique 1 montre que par rapport aux objectifs
fixés par le PPCA/PEV de 2008 à 2010 pour la couverture
vaccinale, aucun d'entre eux n'est atteint en 2010 tandis les objectifs de
couverture en VAT2+ en 2008 et 2009 ont été atteints
au-delà même de l'attente (respectivement 103% et 107%) et ceux de
couverture en VAR et VAA en 2009 sont aussi atteints (respectivement 94% et
93%).
Graphique 1 : Tendances de la couverture vaccinale au
niveau national de 2008-2010
2008 2009 2010
Source : Auteur à partir des données du Plan
Pluriannuel Complet de PEV (PPACPEV) de 2008-2010.
<
23
Le second programme est le Programme National de lutte contre
le Paludisme (PRONAPAL) adopté en 1986 débouchant sur l'adoption
d'un Plan Stratégique National de Lutte contre le Paludisme couvrant la
période de 2001 à 2005 puis révisé en 2007 par un
autre dit Plan Stratégique Faire Reculer le Paludisme de 2007
à 2011. Ce dernier a pour objectif général de contribuer
à la réduction de la morbidité et de la mortalité
attribuables au paludisme notamment chez les enfants de moins de 5 ans et les
femmes enceintes. En termes de résultat, sur les 101 activités
prévues dans le cadre du précédent plan, seulement 30 ont
été réalisées complètement soit 30% et 07
partiellement soit 7%. La mise en oeuvre de ce plan a permis de lutter contre
le vecteur mais surtout d'améliorer la prise en charge des cas de
paludisme.
Cependant, les obstacles liés à la prise en
charge correcte du paludisme demeurent. Ces obstacles sont observés dans
toutes les régions de la RCA et sont liés aux points faibles
suivants : la proportion des femmes enceintes et des enfants de moins de 5 ans
correctement pris en charge pour cas de paludisme n'est respectivement que de
1,1 % et 1,18 % ; l'absence d'utilisation des antipaludiques efficaces d'action
rapide (la proportion des enfants qui sont correctement pris en charge à
domicile et dans les formations sanitaires est respectivement de 17,27 et 12,75
%).
2.2. La dynamique des taux de mortalité
infanto-juvénile et les causes principales
L'un des objectifs très importants des Objectifs du
Millénaire pour le développement (OMD) et d'un monde digne des
enfants est celui de la réduction de la mortalité infantile et
infanto-juvénile. En particulier, les OMD prônent la
réduction de la mortalité infanto-juvénile de deux tiers
entre 1990 et 2015. Le graphique ci-après présente les tendances
de la mortalité infantile et infanto-juvénile en RCA.
L'examen du graphique 2 montre qu'après la baisse du
taux de mortalité infantile observé jusqu'en 1995, celui-ci s'est
remis à augmenter pour retrouver son niveau atteint en 1988. Ce qui
indique que les efforts consentis par le gouvernement ont été
annihilés par les différentes crises militaro-politiques. Cette
tendance est quasiment similaire pour le taux de mortalité
infanto-juvénile car celui-ci a connu une baisse jusqu'en 1995 avant
d'augmenter à nouveau dépassant son niveau de 1988. Ce n'est
qu'après 1995 que ce taux a baissé de manière
régulière jusqu'en 2006. Il convient de signaler que ce niveau
élevé du taux de mortalité infanto-juvénile est
probablement le résultat de l'aggravation des conditions de vie dans le
pays ces dernières années, notamment les conditions sanitaires.
La destruction et le pillage des infrastructures sanitaires dans plusieurs
régions du pays, le déplacement des populations dans
24
la brousse fuyant les conflits sont autant de facteurs qui
pourraient avoir un impact important sur la survie des enfants. Cette
situation, synonyme de la malnutrition, de faible couverture vaccinale,
d'augmentation des maladies diarrhéiques et autres infections et
accouchements non assistés par un personnel qualifié, ne peut
qu'augmenter les risques de décès chez les enfants de moins de 5
ans.
Graphique 2 : Tendances de la mortalité infantile
et infanto-juvénile en RCA de 1975 à 2011
261
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211
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220
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185
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157
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194
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176
|
179
|
16
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132
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131
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132
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106
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116
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10
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97
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300
250
200
150
100
50
0
Mortalité Infantile
Mortalité Infanto-juvénile
4
8
Source : Auteur à partir des données des
enquêtes nationales
Il s'avère aussi important de souligner que les causes
principales de la mortalité des enfants à différents
âges évoluent dans le temps et selon la conjoncture. Le graphique
3 présente les causes fréquentes de décès des
enfants de moins de 5 ans.
Graphique 3 : Principales causes de décès
des enfants âgés de moins de 5 ans de 2000-2003 (en
%).
30 25 20 15 10 5 0
|
27
|
26
|
12
|
7
|
15
|
17
|
6
4
|
19
|
17
|
19
|
21
|
6
2 2
0
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Causes VIH/SIDA Maladies Rubéoles Paludisme Pneumonie
Blessures Autres
néonatales diarrhéiques
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Moyenne nationale Moyenne régionale
Source : Auteur à partir des données de MICS2
2000 et du RGPH 2003
25
Le graphique 3 présente les causes les plus
récurrentes du décès des enfants de moins de 5 ans. Elles
sont entre autres : les causes néonatales (27%), la pneumonie (19%), le
paludisme (19%), les maladies diarrhéiques (15%), le VIH/SIDA (12%), la
rubéole et les blessures ne représentent respectivement que 6% et
2% des causes les plus courantes de la mortalité
infanto-juvénile. Le constat qui se dégage à l'analyse de
ladite figure est que la proportion de certaines causes de décès
des enfants de moins de 5 ans en RCA dépasse la moyenne
régionale, par exemple les causes néonatales (27%) pour la RCA et
26% pour la moyenne régionale, le VIH/SIDA (12%) pour la RCA et 7% pour
la moyenne régionale.
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