Section 2 : Les recommandations de politique
économique
Au regard des résultats de la première section,
il semble important de formuler quelques recommandations susceptibles d'aider
les autorités centrafricaines à fixer un cadre d'actions qui
pourrait permettre d'améliorer la santé des enfants, en ce qui
concerne l'objectif de réduire significativement le taux de
mortalité infanto-juvénile.
2.1. La promotion de l'éducation pour tous et
l'alphabétisation des adultes
Selon le Rapport mondial du PNUD (2013) sur la pauvreté
dans le monde, la RCA fait partie des pays les plus pauvres de la
planète. L'un des critères à l'origine de cette
classification est le niveau d'instruction. Or, il ressort des résultats
des estimations de cette étude que l'éducation des parents
(mère et conjoint) aux côtés duquel il faut citer
l'âge de la mère à l'accouchement et l'allaitement maternel
influencent les risques de mortalité infanto-juvénile. A la base
de tous ces facteurs explicatifs, l'éducation des parents constitue le
canal de transmission qu'il convient mettre en exergue afin d'inverser la
tendance du taux de mortalité des enfants de moins de 5 ans. Pour cela,
il incombe aux autorités centrafricaines de mettre un accent particulier
sur « le programme d'éducation primaire pour tous (OMD 2) ».
Ceci doit passer par la mise en oeuvre d'actions prioritaires suivantes :
y' Promouvoir (dans la mesure du possible) et rendre
obligatoire la scolarisation des enfants et des filles en particulier.
y' Mettre en place des mesures de subvention ou de
gratuité effective de l'école primaire sur toute l'étendue
du territoire national et réduire davantage les frais de
scolarité au niveau du secondaire, ce qui inciterait les parents
à scolariser leurs enfants en âge de fréquenter sans
distinction de sexe.
y' Mener des campagnes de sensibilisation
régulières des parents à l'importance de
l'éducation de leurs enfants garçons et filles, ainsi que leur
maintien dans le système éducatif, afin de dissiper la perception
contrastée de l'intérêt de l'école par les
ménages vivant en milieu rural et le taux élevé de
redoublement qui contribuent souvent à démotiver les parents
à inscrire et maintenir les enfants à l'école.
y' Rendre l'offre d'éducation plus accessible aux
enfants des ménages pauvres et au niveau des zones rurales
déficitaires.
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y' Promouvoir la création des centres de formation des
adultes en vue de corriger le déficit de scolarisation ;
y' Sensibiliser les femmes sur l'importance de l'espacement de
naissances et du planning familial gage d'un accouchement sans risque pour la
mère et pour le nouveau-né. Ce faisant, cette sensibilisation
doit mettre un accent particulier sur l'adoption des méthodes
contraceptives modernes afin de contrôler et réduire les
naissances. Le but ultime consisterait à assortir la taille du
ménage à leurs moyens financiers.
y' Elaborer et mettre en oeuvre un programme
d'éducation sur la santé de la reproduction des femmes
âgées en vue d'améliorer le comportement des femmes
âgées de 35 ans ou plus en matière de la Santé de
Reproduction.
y' Encourager et sensibiliser les mères à ne
donner que du lait maternel à leurs enfants avant leurs six (06)
premiers mois car les spécialistes en nutrition le présentent
comme la meilleure boisson pour le nouveau-né puisqu'en plus de son
caractère hygiénique, il contient une proportion assez
élevée de substances nutritionnelles requises pour la croissance
de l'enfant.
2.2. La mise en place des mesures de lutte contre la
pauvreté
Les principaux résultats de notre étude font du
statut économique du ménage (capté ici par le niveau de
vie) et du milieu de résidence, des déterminants importants de la
mortalité des enfants de moins de 5 ans en RCA. D'après les
résultats des estimations, les risques de décès sont plus
élevés non seulement dans les ménages pauvres mais aussi
en milieu rural car nombreux sont ceux qui y résident (MICS 2010). A
l'instar des autres pays de l'Afrique subsaharienne, la RCA fait de la lutte
contre la pauvreté une priorité. Cette lutte s'est
matérialisée par l'adoption du Document de Stratégies de
Réduction de la Pauvreté (DSRP) initié à partir de
2007. Les actions de lutte contre la pauvreté doivent passer par :
y' La poursuite des réformes pour l'amélioration
de l'environnement des affaires en vue de promouvoir la création
d'entreprises à haute intensité de main d'oeuvre (HIMO) ;
y' La mise en oeuvre d'une véritable politique de
relèvement économique permettant aux couches les plus
défavorisés d'accéder aux activités
génératrices de revenus et à l'auto-emploi ;
y' La sortie de la phase humanitaire qui doit permettre
d'ouvrir de nouvelles perspectives de relèvement économique et
social par le développement des offres de
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services sociaux de base, à travers
l'amélioration de l'accès à l'eau potable, à
l'assainissement en milieu rural et la performance du système de
santé ;
? La mobilisation des communautés, l'accroissement de
l'offre sanitaire et la mobilisation des ressources pour le passage à
échelle des interventions ayant un haut impact sur la mortalité
des enfants de moins de 5 ans ;
En effet, en appui à l'amélioration de l'offre
des services de santé à haut impact, la mobilisation effective
des communautés sur les programmes mis en oeuvre pour
l'amélioration de la santé des enfants, à savoir : la
prise en charge de certains soins à domicile (paludisme non
compliqué, diarrhées, pneumonies), l'utilisation des
moustiquaires imprégnées, l'adoption des pratiques essentielles
de l'alimentation du jeune enfant, la participation effective aux campagnes de
vaccination de masse (Journées Nationales de Vaccination, Semaines
Santé Mère-Enfant) et la prévention de la transmission du
VIII des parents à l'enfant (PTPE) auront un impact important sur la
maîtrise de la mortalité infanto-juvénile.
Enfin, la mobilisation conséquente des ressources tant
intérieures (suite à l'atteinte du point d'achèvement de
l'IPPTE, et à l'augmentation de la part du budget consacré
à la santé) qu'extérieures (organisation de la table ronde
sectorielle de la santé pour mobiliser des ressources additionnelles)
pourront doter les programmes de santé infanto-juvénile des
ressources conséquentes qui font défaut aujourd'hui.
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