2. Faiblesses de la médiation régionale
L'organe central de l'OUA créé en 1993 pour la
prévention, la gestion et le règlement des conflits, a
été remplacé par le conseil de paix et de
sécurité (CPS) de l'union africaine (UA), lequel a
été officiellement lancé au niveau des chefs d'Etat
à l'occasion de la journée de l'Afrique le 25 Mai 2004, au seigle
de l'organisation, et ce, après un long travail conceptuel ainsi que
d'intenses consultations entre Etats membres de l'Union.
Les analyses internes du centre de gestion des conflits de
l'OUA ont d'abord déterminé les faiblesses de l'organe central du
mécanisme avant de formuler un certain nombre de suggestions visant
à améliorer la capacité opérationnelle de cet
instrument.59
Ces faiblesses sont dues :
- A la qualité de membre de l'organe central qui
n'était pas basée sur des critères établis, mais
déterminée à la faveur de l'élection des membres du
bureau de la de la conférence des chefs d'Etat et de gouvernement par le
seul jeu de la rotation et de la réparation géographique ; les
réunions de l'organe central au niveau des ambassadeurs étaient
mal préparées, voire banalisées.
- Les rares réunions de cet organe au niveau des
ministres ou des chefs d'Etat n'étaient pas convoquées au moment
opportun ( éclatement d'une crise ou gestion de situations
conflictuelles), mais se tenaient presque de manière routière en
marge des session ordinaires de la conférence des chefs d'Etat et de
gouvernement ou du conseil des ministres, d'où le manque
d'effectivité des réunions ; la présence au cours des
réunions de l'organe central des représentants des parties au
conflit, voire leur participation au débat, avait pour
conséquence de dissuader les membres de cet organe d'évoquer les
« questions qui fâchent » ; quand ils n'étaient pas
rappelés à l'ordre pour atteindre aux principes de «
souveraineté » et de « non - ingérence ».
59 OUA (secrétariat général)
2001
65
- L'incapacité pour l'organe centrale d'intervenir dans
une situation conflictuelle sans l'accord de parties concernées avait
pour résultat de limiter ses prérogatives et de paralyser son
action ;
- Le mandat de l'organe central manquait de clarté en
ce qui concerne les opérations de maintien de la paix ;
- L'absence de volonté politique et d'engagements
concrets allait de pair avec la faiblesse des moyens (financières,
logistiques, humains) pour faire face aux situations d'urgence.
- L'implication directe ou soumise de certains pays membres
dans l'émergence et/ou l'exacerbation des conflits ainsi que les
interférences des puissances extra - africaines compliquaient
considérablement la recherche de solutions aux conflits, l'occultation
de la réalité des faits, les approches démagogiques et les
considérations d'intérêt à court terme
empêchaient l'organe central de prendre des décisions objectives,
équilibrées et réalistes ; le fonctionnement de l'organe
central était aussi caractérisé par une difficulté
d'échanges d'informations en temps opportun en raison des obstacles
à la communication sur l'ensemble du continent africaine et par
l'absence d'un réseau crédible de suivi des conflits qui aurait
pu, par le biais des points focaux, renforcer l'efficacité du
système d'alerte rapide ;
- L'élaboration de rapports peu objectifs, voire
orientés, sur les conflits était courante.
En effet, ces rapports étaient rédigés de
manière à ce qu'ils
soient plus conformes aux attentes d'une ambassade
donnée et de son gouvernement et ne reflétaient pas
forcément les faits réels des conflits. cette attitude avait pour
impact négatif de détourner l'attention de l'organe central des
vrais problèmes concernant les causes des conflits ainsi que les
rôles des différents acteurs dans leur genèse et dans leur
évolution, le manque d'efficacité , de crédibilité
et d'objectivité des missions d'enquête, d'information ou
d'évaluation dépêchées par l'OUA dans les
capacités des pays touchés par des conflits internes avait pour
conséquence la rédaction de rapports peu équilibrés
qui favorisaient les seuls de vue exprimés par les gouvernements et qui
occultaient ainsi ceux des autres parties aux conflits ;
66
- De nombreuses difficultés entravaient la mise en
oeuvre des décisions prises par l'organe central, à savoir des
décisions ambiguës, un manque de moyens , des processus de suivi
inadaptés ou encore le reniement par les parties au conflit des
engagements auxquels elles avaient souscrit ;
- La faiblesse et le caractère peu incisif des
décisions adoptées par l'organe central faisaient que l'on se
limitaient à des constats, à des exhortations ou à des
appels du fait que le mécanisme n'avaient aucun pouvoir de
rétention ou de sanction sur les parties réfractaires à la
mise en oeuvre des accords de paix ;
- La nature ethnique et /ou confessionnelle de certains
conflits internes impliquait immanquablement l'émergence de
solidarités transfrontalières dans un contient ou le sentiment
ethnique ou religieux semble souvent plus fort que l'identité nationale
:
- Le manque de consensus était clairement établi
sur les questions de paix et de sécurité pour au moins trois
raisons : la prolifération des conflits, les influences extra -
africaines ainsi que l'absence d'un cadre se référant à
des valeurs et des normes communes qui pouvaient orienter les travaux de
l'organe central ;
- Le manque de règles de procédure
appropriées entravait le fonctionnement de l'organe central, notamment
en termes de quorum. C'est ainsi que l'absence régulière de ce
dernier a contribué à l'annulation de nombreuses réunions
alors que les conflits et les crises sur le continent apparaissaient
quotidiennement et que leurs solutions ne pouvaient attendre que le quorum soit
réalisé.
Ces faiblesses ont été clairement
évoquées dans l'étude réalisée en l'an 2000,
pour l'International Peace Academy60, par Margaret vogt et Monde
MUYANGWA, qui ont fort pertinemment conclu :
? D'une part, que l'OUA était restée en acteur
périphérique dans la plupart des conflits du fait l'ampleur de la
tâche, de son manque d'expérience dans le domaine deleur gestion,
des contraintes organisationnelles et financières, ainsi que de
l'absence de consensus
60Mujangwa et vogt (2000),p32
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international sur les rôles impartis respectivement
à l'organisation des nations Unies (ONU) et à l'OUA ;
? D'autre part, que les principes
consacrés par la charte de l'OUA limitaient son rôle dans la
gestion des conflits, dans la mesure où le respect de la
souveraineté nationale entravait une intervention effective dans les
conflits interne.
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