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Droit international et changement climatique. Impact des marchés-carbone sur la protection de l'environnement.

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par Cédric Jean-Jacques TWANA SHERIYA
Université de Kinshasa - Licence 2011
  

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CHAPIITRE II.. LA DETERIIORATIION DE L''ENVIIRONNEMENT

PAR LES CHANGEMENTS CLIIMATIIQUES

Les tendances actuelles de la détérioration de l'environnement par les changements

climatiques ne font l'ombre d'aucun doute. Définis par la Convention cadre des Nations

Unies sur les changements climatiques comme «... des changements de climat qui sont

attribués directement ou indirectement à une activité humaine altérant la composition de

l'atmosphère mondiale et qui viennent s'ajouter à la variabilité naturelle du climat observée

au cours de périodes comparables. »,22 ils ont déjà des effets très mesurables sur des nombreux

systèmes naturels et humains.

Ainsi, il sera question dans ce chapitre de cerner la notion même du réchauffement

climatique (section I) avant d'aborder la question du cadre international de lutte contre

le réchauffement climatique (section II).

SECTION I. LE RECHAUFFEMENT CLIMATIQUE DE LA TERRE

Phénomène d'augmentation des températures des océans et de l'atmosphère, le

réchauffement climatique n'est que la conséquence de la modification du climat terrestre résultant

de l'émission des gaz à effets de serre et autres substances due aux activités humaines.

Cependant, appréhender la notion du réchauffement climatique de la terre requiert de prime à

bord d'analyser conjointement le mécanisme du climat et l'effet de serre.

Depuis la formation de la Terre il y a 4.6 milliards d'années, son climat a constamment

évolué. Celui-ci résulte d'interactions complexes essentiellement entre l'atmosphère

et les océans.23

En effet, la température du globe dépend de l'énergie qu'il reçoit du Soleil et

qu'il émet dans l'espace. Pour l'essentiel, la Terre reçoit de l'énergie sous forme de rayonnement

solaire et émet elle-même de l'énergie sous forme de radiations infrarouges. Environ 30

% des rayons solaires sont directement réfléchis vers l'espace par la surface de la Terre. De

l'ordre de 20 % sont aussi réfléchis par des gaz et poussières présents dans l'atmosphère. Le

reste réchauffe océans et continents (cfr fig. I infra). Le rayonnement solaire absorbé est trans-

22 Art 1 de la Convention cadre des Nations Unies sur les changements climatiques

23 BARBAULT (R.), Ecologie générale : structure et fonctionnement de la biosphère, 5ème éd, Paris, Dunod, 2000,

p. 39

9

formé en chaleur et la Terre devient émettrice de rayonnement infrarouge. 95 % de cette énergie

est rabattue vers le sol par les gaz présents dans l'atmosphère. L'effet de serre est ce phénomène

d'interception et de rabat partiel du rayonnement (cfr fig.2 infra).

La surface de la Terre se trouve ainsi réchauffée, en plus du rayonnement solaire,

par un rayonnement infrarouge. Sur la surface terrestre, il a pour conséquence

d'augmenter la température moyenne de la surface de la Terre d'environ 33°C. Cette surface

est en moyenne à 15°C alors que la température moyenne de la planète qui, elle, résulte uniquement

du chauffage solaire est de -18°C.24

Fig. I

24 HUFTY (A.), Introduction à la climatologie, Québec, De Boeck, 2001, P.19

10

Fig.2

Ainsi, sous l'effet du rayonnement solaire, l'ensemble des interactions entre

l'atmosphère, les eaux de surface, la cryosphère, la lithosphère et la biosphère terrestre, détermine

le climat de la planète.25 L'énergie reçue est absorbée différemment par les diverses

composantes. Les océans représentent le principal réservoir de chaleur capturée, et d'humidité,

et ils l'échangent principalement avec l'atmosphère. La position des courants marins et leur

température déterminent donc une grande partie du climat. Par ailleurs, les continents et surtout

le relief introduisent des barrières physiques à ces échanges qui modifient grandement la

distribution des précipitations, de la chaleur et de la végétation.

Les sciences de la terre ont montré depuis longtemps qu'au cours des derniers

millions d'années, depuis l'entrée dans le quaternaire, des ères glaciaires ont régulièrement

alterné avec des périodes de réchauffement interglaciaires. On pense généralement que ces

changements climatiques sont dus à la combinaison des variations de l'activité solaire et de la

complexité du mouvement orbital de la Terre. Les forages de glace effectués dans

l'Antarctique ont permis de remonter des carottes emprisonnant des bulles d'air de plusieurs

centaines de milliers d'années et l'analyse de ces échantillons a contribué de façon importante

à l'étude du climat et de ses variations sur une longue échelle de temps, plus de 700000 ans .

Nous sommes actuellement dans une période interglaciaire, commencée il y a 13000ans. Elle

25 HUFTY (A.), op cit, p.19

11

se distingue de la période glaciaire précédente par une fonte des calottes de glace des hautes

latitudes assortie d'une augmentation du niveau des océans (130m entre 13000 et 8000ans).26

De ce qui précède, il apparait clairement que l'effet de serre et le réchauffement

climatique ne sont ni une calamité, ni un risque naturel, mais des phénomènes physiques

rendant la vie sur Terre plus agréable à l'homme dans les conditions climatiques générales

actuelles. Favoriser par les gaz à effet de serre qui se trouvent naturellement dans

l'atmosphère, il convient de s'interroger sur l'ampleur de l'intensification ou de la concentration

de ceux-ci sous l'influence des activités humaines, situation qui inquiète actuellement le

monde : l'effet de serre additionnel (§1) d'une part et, d'autre part, nous verrons les conséquences

du réchauffement climatique sur l'environnement pour arriver à cerner l'intervention

du droit international dans ce domaine précis (§2).

§1. Les gaz à effet de serre

L'augmentation des gaz à effet de serre dans l'atmosphère est un fait observé et

indéniable. De caractéristiques très diverses, ils ont des origines, capacités de réchauffement

ainsi que des durées de résistance dans l'atmosphère, différentes. S'il en existe ceux qui sont

non-exclusivement générés par l'homme tel que la vapeur d'eau ou le dioxyde de carbone, il

en existe aussi ceux que l'homme peut crées ou, par ses activités, générés.

1. Les gaz à effet de serre naturellement présent dans l'atmosphère

Les principaux gaz à effet de serre qui existent naturellement dans

l'atmosphère sont :

- La vapeur d'eau ;

- Le dioxyde de carbone ;

- Le méthane ;

- Le protoxyde d'azote ;

- L'ozone.

26 BARBAULT (R.), op cit, p. 40

12

La vapeur d'eau

Principal GES naturel, la vapeur d'eau est la plus abondante et sa capacité

d'absorption d'infrarouges est la plus élevée de tous les GES (70% de l'effet de serre global).

Toutefois, elle est assez souvent oubliée dans l'énumération des GES et ceci du fait que

l'action de l'homme sur le cycle global de l'eau est faible en raison du rôle joué par les mers

et océans. En outre, il a été établi que la quantité de vapeur d'eau accumulée dans

l'atmosphère était relativement stable pour peu que la température ne varie pas trop.27

Le dioxyde de carbone

Communément appelé « gaz carbonique », le dioxyde de carbone est un composé

chimique formé d'un atome de carbone et de deux atomes d'oxygène (CO2). C'est un

gaz incolore, inodore et à la saveur piquante. Il est produit lors de la fermentation aérobie ou

de la combustion des composés organiques et lors de la respiration des animaux et végétaux.

L'intensification de l'effet de serre due à son accumulation anthropique est estimée à 60% et

d'après le GIEC, le dioxyde de carbone et la vapeur d'eau contribueraient approximativement

à 85% de l'effet de serre.28

Le méthane

Comme le gaz carbonique, le méthane peut être d'origine naturelle, par

exemple lorsqu'il se dégage des zones humides naturelles (sols et océans), ou d'origine animale

(fermentation entérique) ou bien d'origine humaine, lorsqu'il provient de l'agriculture

(rizières inondées), de l'extraction de gaz ou des prairies. Il est considéré que plus de la moitié

des émissions de méthane sont d'origine anthropique.

Si l'influence du méthane sur le climat est moins importante que celle du

dioxyde du carbone, elle est quand même préoccupante car une molécule de méthane absorbe

en moyenne 25 fois plus de rayonnement qu'une molécule de dioxyde de carbone sur une période

de 100 ans. C'est en considération de ce potentiel de réchauffement qu'il est classé

comme le 3ème gaz responsable du dérèglement climatique.29

27 DENEUX (M.), Rapport sur l'évaluation de l'ampleur des changements climatiques sur la géographie de la

France à l'horizon 2025, 2050, 2100, Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques,

Assemblée nationale française, session ordinaire 2001-2002, p. 36

28 Idem

29 DENEUX (M.), Op cit, p.37

13

Le protoxyde d'azote

Le protoxyde d'azote (N2O) est un composant du cycle de l'azote (N). L'azote

est présent dans le sol, les végétaux et dans l'atmosphère principalement en forme de gaz.

Les micro-organismes qui réalisent la nitrification et la dénitrification de

l'azote dans les sols et les fumiers sont responsables des émissions de N2O en milieu agricole.

Ces émissions sont stimulées par l'épandage d'engrais minéraux azotés et d'engrais organiques,

et par l'excès d'azote minéral provenant des engrais organiques et de synthèse dans un

milieu faible en oxygène, tel que les sols compacts et mal drainés.30

Le protoxyde d'azote a aussi été classifié comme polluant. Son potentiel de réchauffement

global a été estimé à 298 fois que celui du CO2 et sa contribution est de 6% de

l'effet de serre total. Ces sources d'émission naturelles sont les sols et océans.31

L'ozone

Ce gaz joue un rôle essentiel pour le maintien de la vie sur la Terre. Sa présence

dans la haute atmosphère absorbe l'essentiel du rayonnement solaire ultra-violet de très

courte longueur d'onde (UV-B) qui est nocif pour les êtres vivants (cancers de la peau pour

les hommes et les animaux, inhibition de la photosynthèse, mutations génétiques...)

Quant à l'ozone troposphérique, qui résulte de l'émission de méthane et de divers

polluants, sa concentration réagit rapidement aux variations des émissions polluantes. Sa

présence, liée aux émissions des gaz précurseurs, est donc particulièrement prononcée audessus

de l'Amérique du Nord et de l'Europe, ainsi qu'au-dessus de l'est de l'Asie. Cependant,

une incertitude provient de l'absence ou de la rareté des informations antérieures à 1960,

ce qui rend impossible une comparaison des zones de présence actuelles de l'ozone avec sa

répartition antérieure.32

2. Les causes additionnelles de concentration de GES dans l'atmosphère : le

forçage anthropiques

Si des incertitudes demeurent encore concernant le lien entre l'augmentation

constatée de GES et le réchauffement climatique actuel (et il existe des fortes présomptions de

30 « Gaz à effet de serre et influence des activités humaines » in http://www.notre-planete.info/ Gaz à effet de

serre et influence des activités humaines - notre-planete_info.html

31 Idem

32 Ibid.

14

l'existence d'une causalité entre ces deux phénomènes), la corrélation entre l'augmentation de

la concentration actuelle des GES et activités humaines ne fait l'ombre d'aucun doute.

En effet, l'accroissement de la production de GES, qui serait à l'origine des

changements climatiques, aurait une origine anthropique, et serait directement lié au développement

économique et à l'évolution des modes de vie : le dioxyde de carbone produit par la

combustion du pétrole, du charbon et des gaz naturels ; le méthane et l'oxyde nitreux par rejets

de l'agriculture et conséquences des changements dans l'utilisation des terres ; l'ozone

troposphérique, par les chlorofluorocarbones...

Dans le cas du carbone par exemple, l'ère industrielle a marqué l'accélération

des émissions de gaz carbonique dans l'air. Cela résulte tant de la combustion des combustibles

fossiles que de la déforestation. Il peut être même considéré, comme l'estime le GIEC,

dans son dernier rapport en 2001, que l'accroissement de l'émission de dioxyde de carbone

durant l'ère industrielle est dramatique. En effet, ces experts ont noté que le taux annuel

d'accroissement des émissions de CO2 depuis 1980 est de 0,4 % par an. Au cours des vingt

dernières années, 70 % à 90 % des émissions de dioxyde de carbone proviendraient de la

combustion des carburants d'origine fossile, et entre 10 % à 30 % seraient issus du changement

d'usage des terres, essentiellement de la déforestation. La variation annuelle du niveau

des émissions est parfois importante puisqu'elle oscille du simple au triple, et il a été relevé

que les plus grands taux d'augmentation ont correspondu aux années où le phénomène El Niño

s'est manifesté avec le plus d'acuité.33

Quant au méthane, plus de la moitié des ses émissions proviennent de sources

anthropiques. A partir de l'année 1983, début des mesures précises de la concentration de ce

gaz dans l'atmosphère, celui-ci a continué à augmenter en passant de 1,610 ppbv34 en 1983 à

1,745 ppbv en 1998.

Cependant, l'augmentation annuelle s'est réduite durant cette période. De

grandes variations dans les émissions annuelles ont été observées au cours des années 1990.

33 DENEUX (M.), Op cit, p.40

34 Le Partie par milliard en volume est l'unité de concentration de GES

15

Ainsi, en 1992, les émissions étaient proches de zéro, alors qu'elles dépassaient 13 ppbv en

1998. Il s'agit là d'une source d'interrogation pour les experts.35

Dans la mesure où l'accroissement dans l'atmosphère de la présence du CH4

résulte de l'équilibre entre les sources et les puits, toute prévision des taux futurs de concentration

est difficile à établir. En effet, même si les principales sources ont été identifiées, elles

sont difficiles à quantifier, étant toujours largement sujettes à variation, et ce déjà en fonction

du changement climatique lui-même.36

Il doit être rappelé qu'une importante part des émissions de méthane provient

de la culture du riz, et de la fermentation entérique chez les ruminants, c'est-à-dire des vents

émis par ceux-ci lors de leur digestion. Curieusement, le résumé technique du dernier rapport

du GIEC ne dit rien sur ce dernier point, tandis que la riziculture est à peine évoquée.

Concernant l'oxyde nitreux, ses sources anthropiques sont l'agriculture intensive

(décomposition des engrais, déjections), la combustion de la biomasse, procédés industriels

chimiques (production d'acide nitrique et d'acide adipique) et combustion des carburants

pour l'aviation et aérosols.37

La production d'ozone est fortement liée au trafic automobile dans des conditions

de températures supérieures à 25°C. L'ozone troposphérique représenterait 17 à 20% de

l'effet de serre additionnel.38

Il convient de noter qu'outre ces gaz naturellement présent dans l'atmosphère,

il en existe d'autres, généralement d'émanation anthropique. Tels est le cas des halocarbures

qui - quand bien même influençant quasi-indirectement les changements climatiques - représentent

néanmoins 14% de l'effet de serre additionnel.

Ces gaz sont, par exemple, utilisés comme propulseurs dans les bombes aérosols,

liquides réfrigérants (fréons), agents de fabrication des mousses de polymères, solvants

pour l'électronique. Pour la plupart de ces halocarbures ou de ces composés du carbone, qui

contiennent du fluor, du chlore, du brome ou de l'iode, les activités humaines en sont les

35 DENEUX (M.), Op cit

36 Idem, p.41

37 « Gaz à effet de serre et influence des activités humaines » in http://www.notre-planete.info/ Op cit

38 Idem

16

seules sources. Ceux d'entre eux qui contiennent du chlore ou du brome sont à l'origine du

trou dans la couche d'ozone stratosphérique, et sont juridiquement contrôlés par les dispositions

du Protocole de Montréal de 1987. De ce fait, après avoir culminé en 1994, ces gaz sont

en lent déclin. En revanche, les concentrations des substituts aux CFC sont en augmentation

et certains d'entre eux sont des gaz à effet de serre. Ainsi, la concentration de HFC-23 a triplé

entre 1978 et 1995. Par ailleurs, les perfluorocarbures (PFCs), notamment le CF4 et F6, et

l'hexafluorure de soufre (SF6) sont des gaz à effet de serre puissants qui demeurent très longtemps

dans l'atmosphère. Il faut y prendre garde, car quoiqu'émis en très faibles quantités, ils

risquent d'influer sur le climat futur. Ainsi, le perfluorométhane (CF4) possède un temps de

résidence dans l'atmosphère d'au moins 50.000 ans, et les émissions dues à l'homme étant

mille fois supérieures aux émissions naturelles, elles sont totalement responsables de

l'accroissement observé. L'hexafluorure de soufre (SF6) est 22.200 fois plus puissant, par unité

émise, que le dioxyde de carbone, comme gaz à effet de serre. En conséquence, même une

très petite concentration, mais avec un taux de croissance important, peut entraîner des répercussions.

39

Il faudra aussi noter que si le rapport du GIEC ne mentionne pas moins de 42

GES, il convient, eu égard du rôle jouer par ceux-ci dans l'intensification de l'effet de serre,

d'établir une liste limitative des GES d'origine anthropique qu'il faudrait d'encadrer. C'est

dans ce contexte que le Protocole de Kyoto ne retiendra que six GES. Il s'agit du dioxyde de

carbone (CO2), du méthane (CH4), de l'oxyde nitreux (N2O), des hydrofluorocarbones (HFC),

des hydrocarbures perfluorés (PFC), de l'hexafluorure de soufre (SF6).

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