4.2.4.4. L'introduction de nouvelles espèces
La présence de nouvelles espèces a fortement
reconfiguré l'aspect des paysages végétaux actuels.
L'exemple le plus probant est l'envahissement des pâturages par le
Chromolaena Odorata plus connu sous le nom de Bokassa Grass (photo
14). Cette plante originaire d'Asie fut introduite en Afrique pour ses
qualités fertilisantes du sol, via les cendres de cette plante une fois
incinérée. Cependant, elle est un frein pour l'élevage au
regard de son développement rapide au détriment des
pâturages. Par ailleurs, son système de développement
rapide et sur tous types de sol à des effets néfastes sur la
végétation qui va au-delà de l'envahissement des
pâturages. En effet, cette plante élimine ses paires sur les
Dynamique des paysages végétaux dans
une ville moyenne et sa périphérie : cas de Meiganga (de 1987
à 2015) 134
surfaces qu'elle colonise, affectant les jeunes repousses.
Ainsi, à long terme, l'on se retrouve avec des surfaces importantes
mono-spécifiques.
X : 6.594547 ; Y : 14.234480°
Photo 14. Touffes de Chromolaena
Odorata
En avant-plan de cette image, nous observons une surface
colonisée par des touffes de Chromolaena Odorata. La présence du
drain d'évacuation d'eau au bas de l'image traduit la limite avec la
route en terre. En arrière-plan, la cime d'un arbre suivi du ciel
constitue le reste de l'image.
4.2.4.5. Le surpâturage
Le nombre sans cesse croissant du cheptel bovin dans le
département en général et les surfaces de pâturages
qui s'amenuisent face à l'évolution du Chromolaena Odorata
entraine une forte pression sur les espaces restants, ce qui induit des
transhumances à la conquête de nouveaux espaces de pâturage.
Débutées à partir de fin décembre pour s'achever en
début de saison pluvieuse (mars - avril), ces transhumances
façonnent la morphologie des aires traversées, et ce, au
détriment du couvert végétal. Par ailleurs, afin de
réduire la distance parcourue, certains éleveurs transforment
progressivement les savanes arbustives en savane herbeuse en éliminant
les ligneux.
Dynamique des paysages végétaux dans
une ville moyenne et sa périphérie : cas de Meiganga (de 1987
à 2015) 135
La mise en place des champs fourragers via la vulgarisation
des espèces comme Brachiaria et Stylosantes, l'achat
du tourteau42 pour l'alimentation des bêtes en période
de crise, sont les moyens utilisés pour réduire les
transhumances. Cependant, les habitudes ancrées et le faible revenu des
éleveurs font en sorte que ces moyens palliatifs soient faiblement
utilisés au regard du coût élevé de la
création et entretien d'un champ fourrager (2 millions de FCFA en
moyenne). De même, la distribution du tourteau dépend de l'ethnie
de l'éleveur, de l'importance de son cheptel et de son âge. Ainsi,
les éleveurs Gbaya, nouveaux venus à l'élevage, semblent
plus sensibles à l'utilisation du tourteau (21,4 % d'entre eux
l'utilisent) même si, par manque de moyens, ils en achètent moins
que les Foulbés. Quant aux Mbororo, leur caractère très
traditionaliste fait qu'ils sont moins nombreux à acheter du tourteau et
quand bien même ils le feraient, ils n'achètent que de petites
quantités (Doufissa, op cit.)
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