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Dynamique des paysages végétaux dans une ville moyenne et sa périphérie. Cas de Meiganga (de 1987 à  2015).

( Télécharger le fichier original )
par ISSOUHOU MOUHAMAN
Université de Ngaoundéré - Master 2015
  

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4.2.3.2. L'élevage

L'élevage est une activité très pratiquée en milieu rural. On y retrouve les éleveurs travaillant à leur propre compte et les bergers, exerçant au compte d'une tierce personne. Dans ce secteur d`activité, nous nous sommes intéressés aux modes d'élevage à savoir l'élevage pratiqué de façon sédentaire et l'élevage nomade (tableau 20). S'agissant particulièrement du nomadisme, nous nous intéressons aux causes de ce phénomène qui peut être périodique ou courant.

Dynamique des paysages végétaux dans une ville moyenne et sa périphérie : cas de Meiganga (de 1987 à 2015) 117

Tableau 20. Type et mode d'élevage

type d'éleveur

mode d'élevage

autonome

employé

sédentaire

Nomade

13

4

16

1

Source: Enquête de terrain, 2014.

Près de 90% des éleveurs interrogés étaient des sédentaires qui, pour la majorité pratiquent la transhumance en saison sèche du fait de la difficulté d'alimenter le cheptel bovin en cette période d'insuffisance de pâturage liée à l'avancé sans cesse croissant du Bokassa-Grass, envahissement qui laisse les éleveurs (du cheptel bovin) impuissants malgré quelques efforts consentis (désherbage, pulvérisation avec herbicide, incinération, etc.). Toutefois, la période d'enquête (saison pluvieuse) est susceptible d'expliquer la minorité, voire l'absence d'éleveur nomade.

La pratique des feux de brousse de manière anarchique est un phénomène qui sévit dans la zone et influe fortement sur le développement de la savane herbeuse au détriment des autres formations de savane (arbustive, boisée, arborée et forêt claire).

4.2.3.3. La coupe du bois

La coupe des arbres est une pratique qui prend de l'ampleur dans l'arrondissement de Meiganga et ce, depuis les troubles orchestrés dans les pays voisins principalement la RCA36 et le bitumage de la route Nationale N°1 qui la lie aux autres départements. En effet, ce déboisement est pratiqué par divers acteurs et ceux pour plusieurs raisons.

D'une part, la recherche du profit immédiat est mise en avant via la coupe destinée à la vente et d'autre part elle est pratiquée pour l'extension des champs et la construction des habitations. Par ailleurs, la présence d'une scierie dans les années 1960 à Nganhi (Planche 3) justifie la rareté des grands arbres utilisés pour la fabrication des meubles dans cette zone à l'instar des Milicia excelsa (Iroko) et Vitex Doniana.

36 Enquête de terrain

Dynamique des paysages végétaux dans une ville moyenne et sa périphérie : cas de Meiganga (de 1987 à 2015) 118

X : 6.586510° ; Y : 14.256691°

Planche 3. Ancien site de scierie à Nganhi, reconverti en séchoir

Sur ces deux images, on remarque les bases d'une scierie, datant de l'époque coloniale, aujourd'hui utilisées comme séchoir par les habitants (image de droite) avec notamment l'étalage du manioc, identifiable par la couleur blanche sur la dalle. La présence des herbes et arbustes tout autour et l'état dégradé des vestiges existants dénotent de l'ancienneté de ces infrastructures.

Nous nous sommes également focalisés aux métiers en étroite relation avec la coupe de bois notamment les scieurs, les bucherons (vendeur de bois), et « braiseurs » de viande.

? Les sieurs : on en a dénombré un nombre restreint (photo 10) dû au fait que ceux-ci passent la majeure partie de leurs journées en brousse37 à la recherche de bois susceptibles d'être scier, également parce que ces derniers, pour la plupart, exercent en marge de la règlementation, autrement dit, dans la clandestinité. Dans ce contexte, il ressort des personnes enquêtées qu'un répertoire bien défini d'espèces est recherché pour leurs caractéristiques (résistance, couleur, épaisseur, etc.). Afin de parvenir à leurs fins, les scieurs abattent aussi bien les arbres morts que ceux qui sont verdoyants. Par ailleurs, chaque espèce est recherchée, abattue et sciée en fonction de sa future utilisation (tableau 21).

37 La brousse dans le cadre de ce travail fait référence aux zones reculées du village où l'on retrouve plusieurs types de végétation (forêts-galeries, savane boisée, forêt claire, etc.)

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X : 6.593470° ; Y : 14.208504°

Photo 10. Des scieurs à Nganhi

De l'avant vers l'arrière-plan de cette image, nous pouvons observer trois individus en train de scier un tronc de Vitex doniana, suivi d'une végétation dominée par la couche herbacée, et enfin, la cime de quelques arbres en présence. Par ailleurs, en regardant de près le tronc de cet arbre, on note qu'il est dépourvu d'écorce, et sa couleur, d'un aspect sec permet d'affirmer que c'est un « arbre mort ».

Cliché et commentaire : Mouhaman I. oct. 2014

Tableau 21. Plantes recherchées par les scieurs

Espèces (nom scientifique)

Nom en langue Gbaya38,

Utilisation

Vitex doniana

Mbinhi

Fabrication des lattes et chevrons
(bois blanc)

Harungana
Madagascariensis

Tétôk

Chaises en rotins (les bases)

Mitragyna inermis

Zawaya

Fabrication des lattes et chevrons
(planche 5)

Milicia excelsa ou
Chlorophora excelsa

Mbatui (Iroko)

Fabrication des planches (bois jaune)

Entada africana

Ndèn-hè

Fabrication des planches (bois rouge)

Source : enquêtes de terrain, 2014

Ce tableau présente les principales espèces recherchées par les scieurs. Cette exploitation en générale anarchique et incontrôlée fait en sorte que certaines des espèces citées dans ce tableau sont en voie de disparition dans notre zone d'étude. Lorsque nous nous intéressons de près au Milicia excelsa, communément appelé « Iroko », c'est une espèce difficile à trouver au point où le seul spécimen que nous avons pu observer se trouvait à 20 km de Nganhi (à l'Ouest du village) sur la route de Mboula (planche 4) et ce, dans une propriété privée.

X : 6.580370° ; Y : 14.199652°

Planche 4. Vue d'un Milicia excelsa (Iroko)

38 Noms donnés par les facilitateurs, autochtones et d'ethnie Gbaya

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Sur cette planche constituée de trois images, de la gauche vers la droite, nous avons un tronc de Milicia excelsa plus connu sous le nom d'Iroko, suivi de son feuillage et d'une borne kilométrique qui indique l'emplacement du dit arbre (à 26km de Mboula). Cet arbre fait partie des plus grands arbres sur un périmètre de 10km et selon les populations il serait le seul « rescapé » grâce à sa situation (dans une propriété privée).

Cliché et commentaire : Mouhaman I. mai 2014

La transformation des arbres en planches, chevrons et lattes par les scieurs exerçant dans la clandestinité nous a poussé à nous intéresser à la perception que ceux-ci ont de l'impact de leurs activités sur la dégradation de la végétation en général, et sur la disparition de certaines espèces en particulier. Pour d'aucun, les arbres sont tellement nombreux que le fait de couper une petite quantité n'aura aucun effet, pour d'autre par contre, la dégradation de la végétation est une évidence au regard du nombre important d'espèces qui ont régressé, voire disparu près de leur village ces vingt-huit dernières années. Dans les deux cas, on remarque que cette pratique est motivée par la quête permanente de l'argent en raison de l'insuffisance d'activités génératrices de revenus et du faible niveau d'alphabétisation de la population, facteurs qui ne facilitent guère l'insertion socioprofessionnelle de la population juvénile.

La transformation des arbres destinés aux constructions et à la fabrication des meubles n'est pas seulement l'apanage des scieurs. Les outils rudimentaires à l'instar de la machette sont utilisés pour abattre des arbres de moindre épaisseur ou en couper les branches servant de piquets pour les clôtures ou de lattes pour les toitures aussi bien en paille qu'en tôles (Planche 5).

X : 6.590930° ; Y : 14.254775° X: 6.622081° ; Y: 14.235597°

Planche 5. Utilisation des arbres comme bois d'oeuvre

Sur ces deux images, on observe l'utilisation des arbres (tronc et tige) comme base pour le toit (chevrons et lattes) aussi bien pour les matériaux locaux (toiture en paille à droite) que pour les matériaux modernes (tôles ondulées à gauche).

Cliché et commentaire : Mouhaman I. mai 2014

? Les bucherons39 et vendeurs de bois. Après l'agriculture, c'est l'activité la plus pratiquée dans les cinq villages où nous avons enquêté. Cette activité présente l'avantage d'être à revenus directs. En outre, elle est pratiquée par toutes les couches de la population. En effet que ce soit les femmes, hommes, enfants, jeunes, adultes ou vieillards, tout le monde s'y retrouve. L'argent gagné permet pour la majorité d'acheter les produits de première nécessité, ainsi que de payer les frais de déplacement en cas de nécessité. Ce secteur se compose de deux catégories de personnes voire trois et s'apparente à un circuit ou une chaîne.

- À la base, nous avons ceux qui sont chargés de la coupe du bois. Ils peuvent être des livreurs ou alors des vendeurs qui s'approvisionnent directement en brousse. Parmi ceux-ci, on trouve ceux qui abattent aussi bien les arbres morts que « vivants » et d'autres qui parcourent la brousse à la recherche du bois mort uniquement. Les moyens de transport sont divers et variés en fonction des moyens et de l'accessibilité du site (lieu de ramassage du bois découpé au préalable pour faciliter le déplacement). C'est ainsi que le bois, est transporté sur la tête, dans des porte-tout, sur des motos (photo 11) et à l'aide des automobiles (photo 12) et est destiné à la vente.

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39 Selon 38dictionnaire, le bucheron est celui qui abat des arbres ; nous utilisons ce terme ici pour désigner celui qui abat les arbres à des fins commerciales.

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X : 6.460121° ; Y : 14.238380°

Photo 11:Transport du bois sur une moto à Bounou

Cette figure présente un usager sur une moto chargée de bois à l'extrême, destiné d'une part à la vente et d'autre part à son domicile, précisément à la cuisine comme source d'énergie. En arrière-plan, à droite de la photo, se trouve une concession dans laquelle on peut distinguer des cases, ainsi que des arbres fruitiers (Mangifera indica), et plus loin,(à gauche de l'image) la route bitumée, où se dirige l'individu.

Cliché et commentaire : Mouhaman I. mai 2014

- Les vendeurs. Comme mentionné plus haut, il y a d'une part ceux, à qui le bois est livré sur place et d'autre part, ceux qui s'approvisionnent personnellement en brousse. La vente s'effectue généralement aux bords des voies de communication où circule un grand nombre de véhicules et de passants (planche 6). Dans notre cas, il s'agit de la route Nationale n° 1 pour les villages Bardé et Nganhi. Elle s'effectue également dans les marchés et les points de vente aménagés à cet effet. Par ailleurs, en saison pluvieuse, la demande est plus importante, ce qui entraine un foisonnement de mini points de vente dans les quartiers de la ville (figure 43).

Figure 43. Identification des points de vente de bois dans une partie de la ville

La commercialisation du bois se fait sous différentes formes. On a la vente sous forme brute (vente des billes de bois). Une fois les billes fendues, des tas de différentes tailles sont formés. C'est ainsi qu'on retrouve des tas allant de 50 à 2000frs.

X : 6.422888° ; Y : 14.220082° X : 6.593478° ; Y : 14.249904°

Planche 6. Vente de bois.

Ces deux images montrent les différentes formes sous lesquelles le bois est vendu

ainsi que le lieu de vente. Sur l'image de droite nous sommes en bordure de la Nationale N°1 au village Nganhi où le bois est vendu en tas et ce, de taille plus ou moins considérable

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destinée aux passants pour la plupart, véhiculés dont le prix oscille entre mille et deux mille francs. L'image de gauche quant à elle présente la vente de bois en de petits tas de cent francs chacun ; vente effectuée au marché de Meidougou, en bordure d'une canalisation des eaux de ruissellement et destiné aux habitants du dit village.

Cliché et commentaire : Mouhaman I. oct. 2014

S'agissant des trois autres villages (Bounou, Meidougou et Dokolim), l'équipe en charge du bitumage de la Nationale après études techniques a jugé bon de dévier l'ancien axe pour en créer un nouveau (figure 44) afin de réduire la distance, et par la même occasion, le coût des travaux Une déviation qui a fortement impacté les villages situés sur l'ancien tronçon surtout sur le plan économique. Les trois villages cités plus haut s'inscrivant dans ce registre ont connu un ralentissement des activités génératrices de revenus en général surtout dans le commerce, car le passage des véhicules de transport dans ces villages était une excellente opportunité pour faire de bonnes affaires. Néanmoins, la présence de la route départementale qui passe par les villages en question avant de joindre la Nationale permet d'atténuer cette situation même si ses retombés sont loin de prétendre rivaliser avec celles de la Nationale.

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Source : Google Earth, relevés et enquêtes de terrain Réalisation : Mouhaman I oct. 2014.

PCD Meiganga 2013

Figure 44. Déviation de la Nationale N°1

- Au sommet de cette chaine de commercialisation, nous avons les acheteurs qui viennent de divers horizons. Les principaux clients sont les passants, généralement véhiculés (photo 12). Ils peuvent être des habitants du centre urbain (ville de Meiganga) ou des villes voisines. En plus de ceux-ci, une partie de la population à savoir ceux qui disposent de suffisamment de moyens ou alors ceux qui n'ont pas les moyens physiques (personnes âgées et malades) et matériels (moyen de transport) pour s'approvisionner directement en brousse.

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X : 6.590888° ; Y : 14.254115°

Photo 12. Transport du bois via automobile à Nganhi

Cette image présente un pick-up chargé de bois en avant-plan. C'est un excellent moyen de transport du bois qu'utilisent les passants une fois qu'ils l'ont acheté en bordure de la chaussée à des prix incomparables à celui fixé dans les points de vente que l'on retrouve en ville (dû au cout du transport ainsi qu'au paiement des taxes).

Cliché et commentaire : Mouhaman I. mai 2014

Le bois est une ressource utilisée par divers acteurs à des fins diverses. Comme bois de chauffe, il est destiné généralement aux ménages. Par ailleurs, on note des activités génératrices de revenus qui utilisent cette ressource en quantité plus ou moins considérable en occurrence les utilisateurs de Barbecue en général et ceux qui utilisent des barbecues à fumer40 et barbecues à combustion41 en particulier.

? Les utilisateurs de Barbecue.

Les Barbecues utilisés dans les localités sont les barbecues à combustion et les barbecues à fumer. Dans ce sillage s'inscrit les vendeurs de soya, de Kilichi et autres grillades obtenues à base de viande. On y retrouve également les fumeurs de poisson et

40 Le Barbecue à fumer est un appareil de cuisson dans lequel la cuisson est réalisée dans une enceinte close où l'on brûle doucement du bois qui émet de la fumée. La cuisson est donc obtenue par coagulation de l'albumine à des températures variant de 80 °C à 100 °C (Encyclopédie Kiwix).

41 Le Barbecue à combustion est utilisé pour faire cuire les aliments sur des braises obtenues en brûlant du bois ou du charbon de bois (Encyclopédie Kiwix).

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viande. Ces activités requièrent des quantités importantes de bois. En effet, ce sont des billes de bois qui sont utilisées ou du charbon de bois, consumé pendant presque toute la journée et dans la plupart des cas, ces aménagements (barbecue) sont installés en bordure de la route principale attirant ainsi les véhiculés au passage. Au cours de nos enquêtes, nous avons observé ces activités dans trois villages, sur les cinq enquêtés (Nganhi, Meidougou et Dokolim) et avons dénombré environ 10 ouvrages aménagés à cet effet (4 à Nganhi, 4 à Meidougou et 2 à Dokolim). Pour la majorité (7/10), le bois leur est livré sur place moyennant argent et les autres (3/10) s'auto-approvisionnent dans la brousse (savane boisée, forêts claires et forêts-galeries).

Le secteur de l'éducation de base s'inscrit également dans l'exploitation du bois de chauffe dans certains des villages enquêtés. Cette implication est faite de manière indirecte, notamment par un phénomène qui nous a quelque peu surpris à savoir l'apport du bois à l'école par les élèves.

? Phénomène de l'apport du bois à l'école par les élèves.

C'est un phénomène observé dans certaines écoles de la campagne et concerne aussi bien les écoles des parents que les écoles publiques. En effet, dans ces écoles, les élèves sont contraints ou volontaires (selon le vouloir de l'enseignant) à apporter une quantité de bois qui diffère par élève selon le niveau d'étude d'où un élève de la SIL (Section d'Initiation à la Lecture) apportera un morceau de bois tandis que celui du CM2 (Cours Moyen 2ème année) apportera un fagot de 3, 4, voire 6 morceaux de bois de manière hebdomadaire, la collecte se fait généralement tous les lundis, afin de permettre aux élèves de collecter le bois pendant le week-end (photo 13).

À la base, ce geste fut initié par les parents pour exprimer leur gratitude aux enseignants pour le rôle important que ceux-ci jouent dans l'éducation de leurs progénitures et dans le cas des écoles des parents précisément, c'était un moyen de motiver l'enseignant à continuer son travail, en dépit des difficultés rencontrées dont la principale est le retard accusé dans le paiement des salaires et parfois même le non-paiement. Au cours du temps, ce geste autrefois volontaire s'est érigé en règle et imposé par certains maitres au point où les élèves en marge de ce principe s'exposent à des sanctions allant des simples punitions aux coups de fouet.

Cette pratique à première vue simple et de faible effet est beaucoup plus complexe lorsqu'on l'observe et l'analyse de plus prêt. Afin de mieux cerner l'ampleur que pourrait avoir ce phénomène, nous nous proposons de faire une simulation. Si dans une école

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d'environ 500 élèves, sachant que le nombre de morceaux de bois va de 1 à 6, avec 2 morceaux par élève comme moyenne, on se retrouve avec 1000 morceaux par semaine, environ 4000 morceaux par mois. À long terme, c'est une pratique qui concourt à la dégradation de la végétation, car elle va pousser les individus qui au départ recherchaient du bois mort, à abattre des arbres soit à cause de la rareté soit du fait de la distance à parcourir avant d'en trouver.

X : 6.594289° ; Y : 14.255650°

Photo 13. Apport du bois à l'école

L'image présente une des salles de classe d'une école primaire. Sur la véranda de cette salle, nous pouvons distinguer plusieurs tas de bois apportés par les élèves de ladite classe à leur enseignant. À gauche de la salle, nous notons la présence du drapeau national. L'arrière-plan quant à lui montre des arbres de différentes tailles, signe de la savane arborée. Enfin, en avant plan, outre la salle de classe, on observe la cour de l'école, parsemée de quelques pousses d'herbes, signe de la saison pluvieuse.

Cliché et commentaire : Mouhaman I. oct.2014

La coupe du bois est un fait qui concerne plusieurs acteurs et se fait selon divers procédés. Par ailleurs, elle est prise en compte par la loi et devrait être faite en conformité avec les textes qui régissent ce secteur d'activité.

a. Les méthodes utilisées

Nous avons dans le secteur du bois deux principales méthodes à savoir d'une part la coupe du bois mort que nous considérons comme le prélèvement, qui consiste à rechercher les arbres morts, desséchés de façon naturelle ou renversés par le vent, afin de le transformer en vue de son utilisation (meuble, construction ou bois de chauffe) ce qui n'a pratiquement pas d'effet néfaste sur l'évolution du couvert végétal. D'autre part, nous avons l'abattage des arbres « frais » que l'on assimile au déboisement qui ne se souci que du profit ou des revenus que pourraient rapporter l'arbre une fois équarris ou découpé ; cette pratique, contrairement à la première est celle qui est à l'origine de la dégradation de la végétation qui se traduit par le recul des surfaces végétales et la rareté, voire la disparition de certaines espèces. Ce procédé se fait aussi bien via des d'outils modernes (planche 7) qu'à l'aide moyens locaux (planche 8).

Dynamique des paysages végétaux dans une ville moyenne et sa périphérie : cas de Meiganga (de 1987 à 2015) 130

X : 6.585194° ; Y : 14.208684° Planche 7. Abattage d'arbre

Ces images présentent un arbre (Milicia excelsa) abattu à l'aide d'une tronçonneuse pour sa résistance et sa qualité (bois rouge) destinée aux constructions ainsi qu'à la fabrication des meubles. Sur l'image de droite, on observe la partie supérieure de l'arbre abandonné pour son épaisseur réduite et son aspect sinueux et l'image de gauche quant à elle présente ce qui reste de l'arbre initial et permet de déduire l'outil utilisé pour l'abatage de cet arbre, notamment la tronçonneuse.

Cliché et commentaire : Mouhaman I. oct.2014

Dynamique des paysages végétaux dans une ville moyenne et sa périphérie : cas de Meiganga (de 1987 à 2015) 131

Le bois sec est la forme la plus sollicitée notamment pour son usage direct comme bois de chauffe et pour éviter des futures déformations en tant que planches ou latte. Ainsi, les habitants utilisent à leurs niveaux des méthodes locales afin d'assécher les arbres sans toutes fois les abattre (planche 8). Nous avons personnellement observé ce phénomène au village Nganhi où lors de notre deuxième descente sur le terrain, nous avons photographié l'écorçage et quelques mois plus tard l'arbre en question avait été abattu.

29/10/2014

27/10/2014

10/08/2015

X : 6.633705° ; Y : 14.227333° X : 6.604711° ; Y : 14.259579°

Planche 8. Méthode locale pour assécher un arbre (Lophira lanceolata à gauche et Terminalia laxiflora au centre, ainsi qu'à droite)

On observe sur l'image de gauche, deux troncs d'un Lophira lanceolata et sur les deux autres le tronc d'un Terminalia laxiflora d'une part et ce qu'il en reste d'autre part. Ceux qui ont été dépossédés de leur écorce à des endroits précis, et ce, de manière circulaire afin que les nutriments captés par les feuilles n'atteignent pas les racines. De même, par ce procédé, l'arbre est faiblement alimenté en eau et à la longue va dépérir et s'assécher au bout d'environ 3mois, pour être plus tard abattu par les populations On peut également observer en arrière-plan de ces photos une végétation à dominance herbeuse, parsemée de quelques arbustes.

Cliché et commentaire : Mouhaman I. mai 2014

b. La réglementation en matière de coupe

Le secteur du bois est régi au sein de la commune, de même que sur le reste du pays par les services du ministère des eaux et forêts, et ce, par l'intermède de la délégation départementale dont les bureaux sont installés à Meiganga. Et selon ces services, la coupe d'un arbre se fait suivant une procédure bien établie qui s'effectue en deux phases.

Dynamique des paysages végétaux dans une ville moyenne et sa périphérie : cas de Meiganga (de 1987 à 2015) 132

Tout d'abord, une demande est rédigée et déposée dans les services de la délégation en vue de la délivrance d'une autorisation d'abattage. Cette demande s'accompagne de la photocopie de la carte nationale d'identité de l'usager ainsi que d'une somme de 5000 FCFA.

La délégation se chargera donc par la suite d'envoyer un technicien effectuer une descente afin de constater de la nécessité d'abattre ou non l'arbre en question (pour pratiquer l'agriculture, protéger la maison qui est menacée par les racines ou par l'arbre entier, ou encore pour construire un édifice, etc.)

Concernant la vente de bois, seul le prélèvement est autorisé, notamment l'exploitation du bois mort et s'effectue également en respectant les normes établies. En effet, le déplacement du bois mort de la brousse au domicile ou lieu de vente via porte-tout ou moto se fait après avoir acquis une quittance d'autorisation de transport délivrée par la délégation moyennant une somme de 3000 FCFA, soit 100 FCFA/jour. Notons tout de même que le transport de bois sur la tête se fait sans paiement de taxe au regard de la petite quantité transportée et de son utilité généralement personnelle (comme source énergétique). De même, le transport via camions obéit à d'autres règles. En effet, les frais de délivrance de l'autorisation de transport sont plus importants et s'élèvent à 4000 FCFA/voyage.

Le respect de la réglementation est d'une importance capitale dans l'exercice de toute activité. Cet état de choses nous a poussé à enquêter les concernés sur leur connaissance et application des textes sur le circuit du bois. Le tableau 22 présente les résultats de cette enquête

Dynamique des paysages végétaux dans une ville moyenne et sa périphérie : cas de Meiganga (de 1987 à 2015) 133

Tableau 22. Données recueillies sur l'utilisation du bois

Villages

Caractéristiques

Bardé

Nganhi

Bounou

Meidougou

Dokolim

Total

Personnes enquêtées

12

35

12

18

13

90

Personnes utilisant le bois de chauffe

11

35

12

16

13

86

Nombre de bucherons

10

22

2

5

1

40

Nombre de bucherons exerçant dans la légalité

2

15

0

1

0

18

Individus pratiquant le « prélèvement »

8

13

1

4

1

27

Individus pratiquant « le déboisement » et « le prélèvement »

2

11

1

1

0

15

Utilisateurs de Barbecue (vendeurs de soya et autres)

0

4

0

4

2

10

Scieurs

0

4

0

0

0

4

Source : enquêtes de terrain 2014

Au regard des différents résultats présentés par ce tableau, on constate que la majorité des personnes exerçant dans la vente de bois le fait en marge de la réglementation. Ceci a pour conséquence directe la confiscation de leurs marchandises par les agents des eaux et forêts lors des contrôles effectués. À l'origine de cet état de choses, on note l'ignorance des populations due non seulement à la faible sensibilisation, mais aussi au faible intérêt de ces derniers vis-à-vis de la loi ainsi qu'au faible niveau de scolarisation. En plus de la coupe du bois, l'introduction des nouvelles espèces ont également une part de responsabilité dans la configuration actuelle du couvert végétal.

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand