2.4. Les paysages végétaux de la
périphérie de Meiganga : une flore au
potentiel notable
La réalisation de la carte d'occupation du sol via les
outils de télédétection nous a permis de distinguer les
grands ensembles qui structurent la physionomie du paysage d'une manière
générale. Il revient à présent de changer,
d'agrandir l'échelle de travail pour affiner la recherche en entrant
dans les détails du couvert végétal via l'analyse des
données collectées.
2.4.1. De la richesse spécifique de la zone
Pour analyser la végétation dans ses
détails, nous avons procédé à la mise en place de
66 placettes (Tableau 4) et effectué 8 transects répartis dans
notre zone d'étude (figure 16).
Tableau 4. Distribution des placettes par
sites
Emplacement Nombre de placettes
Barde 11
Nganhi 19
Est Meiganga 2
Ouest Meiganga 6
Bounou 11
Meidougou 11
Dokolim 6
Total 66
Source : enquêtes de terrain, oct. 2014
Dynamique des paysages végétaux dans
une ville moyenne et sa périphérie : cas de Meiganga (de 1987
à 2015) 67
Figure 16. Répartition des placettes et transects
effectués
Les Transects effectués d'une distance comprise entre
1,2 km (Est Meiganga) et 5km (Est Nganhi) ont contribué à
réaliser l'inventaire floristique de même que le recueil des
données sur le type de sols et la position topographique. Parmi ceux-ci,
celui de Dokolim (figure 17), traversant trois formations
végétales. Il commence dans une savane arbustive pour traverser
une forêt-galerie et s'arrêter dans une savane herbeuse (une
ancienne jachère dans laquelle des herbes d'une hauteur de plus de 2m
ont colonisé les lieux)
Dynamique des paysages végétaux dans
une ville moyenne et sa périphérie : cas de Meiganga (de 1987
à 2015) 68
Figure 17. Transect de Dokolim
Des résultats obtenus à l'issue du
dépouillement des données, l'inventaire floristique de la zone
(figure 18) permet d'apprécier la diversité spécifique.
temac
hama
prma
como
haun
doqu
temo
vima
acho
boae
brmi
oxab
zaza
boco
hyac
onsp
sygu
anse
begr
buaf
ocrh
pabi
uato
digu
daol
laba
faal
voaf
clan
vido
alco
brsc
cogl
coni
laac
sala
fiva
pire
tegr
alzy
blsa
lecu
sael
selo
fisu
casi
lasc
crfe
lola
teal
sesi
ersi
0 100 200 300 400 500 600
Dynamique des paysages végétaux dans
une ville moyenne et sa périphérie : cas de Meiganga (de 1987
à 2015) 69
Figure 18. Inventaire floristique réalisé
sur 66 placettes
Dynamique des paysages végétaux dans
une ville moyenne et sa périphérie : cas de Meiganga (de 1987
à 2015) 70
Au terme de l'inventaire floristique réalisé sur
66 placettes de 20 x 20 m, soit 2,64 ha, nous avons identifié au total
3705 ligneux appartenant à 104 espèces. Avec 586 occurrences,
Annona senegalensis avec pour nom de code Anse (annexe 8),
est l'espèce dominante. Cette espèce représente
15,82% des relevés obtenus. Elle est caractéristique des savanes
arbustives. On la retrouve également dans les savanes arborée,
boisée. Dans les formations fermées (forêts galerie et
forêts claires), elle est quasi inexistante. Par ailleurs, issue de la
famille Annonaceae avec une taille atteignant rarement les 3m, elle
est très utilisée par l'homme pour ses vertus médicinales
et alimentaires (fruits et feuilles comestibles).
Hymenocardia acida (Hyac) vient en deuxième
position avec 489 pieds dénombrés (13,2%). C'est une
espèce présentant les mêmes caractéristiques
qu'Anonna senegalensis sur la structure, la localisation et l'usage.
En plus de ces caractéristiques, Hymenocardia acida
(samatadjé en foulbé), de la famille Hymenocardiaceae,
est fortement utilisé comme bois de chauffe, de même que pour
la fabrication du charbon. Ses tiges, très solides, durables et
résistantes aux termites sont utilisées comme piquets et pour la
fabrication des ustensiles. Quant à son écorce, il sert de liens
et cordages pour les fagots de bois et la fabrication des cases. Enfin, la
plupart des bâtons de berger proviennent de cet arbuste.
Terminalia mollis (Temo), de la famille
Combretaceae représente 12,26% des relevés avec 454
occurrences et Lophira lanceolata, (Lolan) de la famille Ochnaceae
ayant 239 occurrences à son compte, soit 6,45%. Ce sont des
espèces qu'on retrouve dans les savanes arborées, boisées
et les forêts claires. Avec une taille atteignant les 20m, elles sont
principalement utilisées pour approvisionner les marchés de bois
ainsi que pour produire du charbon. Elles sont également
utilisées en pharmacopée traditionnelle et les racines de
Terminalia mollis servent de colorant brun-rouge pour les habits
(Ligneux du Sahel, CIRAD, 2008). Ces deux espèces sont en
régression autour des villages, à cause de la forte pression
exercée sur celle-ci.
Daniellia oliveri représente 6,10% avec 226
occurrences. De la famille Caesalpiniaceae, c'est une espèce
qu'on retrouve dans tous types de formations végétales,
principalement dans les forêts claires. Pouvant atteindre 25m, cette
espèce est préservée pour des raisons traditionnelles. En
effet, chez les Gbaya (ethnie majoritaire de la commune de Meiganga), cet arbre
est reconnu comme lieu abritant les esprits, et n'est abattu qu'en cas
d'extrême nécessité. C'est pourquoi il est observable aussi
bien dans les habitations, dans
Dynamique des paysages végétaux dans
une ville moyenne et sa périphérie : cas de Meiganga (de 1987
à 2015) 71
les champs que dans le milieu naturel. La figure 19
présente les 20 espèces les plus présentes dans la zone
d'étude.
400
700
600
500
300
200
100
0
62
586
43
103
34
96
36
226
55
97
489
51
239
36
171
35
102
80 85
454
Figure 19. Présentation des espèces les
plus répandues
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