1.4.2. Une économie aux sources diverses
Les activités du secteur économique dans
l'arrondissement sont diverses et variées. Nous avons le commerce,
l'agriculture, l'élevage, la chasse, la cueillette, l'artisanat,
l'apiculture la menuiserie et le transport.
- L'agriculture et l'élevage
Ces activités sont pratiquées principalement en
zone rurale. Meiganga est classée parmi les communes agropastorales au
regard des potentialités agricoles et pastorales que regorge son aire de
commandement. Les produits agricoles en majorité vivriers, ainsi que les
produits d'élevage (viande, lait et dérivés), participent
activement au développement économique de la commune.
L'agriculture au sein de la commune connait cependant
certaines difficultés à l'instar de ses paires. En effet, le
Gouvernement camerounais a adopté en 2005 la stratégie de
développement du secteur rural. À cette occasion, un constat a
été dressé : celui d'une agriculture malade,
structurellement incapable désormais de nourrir la population
camerounaise. Certaines contraintes qui bloquent la production, ont
été identifiées : vieillissement de la population rurale,
difficultés d'accès à la terre, difficultés
d'accès aux intrants (engrais, semences améliorées, etc.),
difficultés d'accès aux techniques agricoles modernes et aux
autres innovations de la recherche agronomique, difficultés
d'accès au crédit, insuffisance des infrastructures d'appui au
développement du secteur rural (pistes, routes, magasins de stockages,
abattoirs, chaînes de froid, etc.), difficultés de
commercialisation de la production, souvent du fait d'une chaîne de
commercialisation trop longue qui accapare l'essentiel de la valeur
ajoutée agricole et freine le réinvestissement (DSCE). Beaucoup
reste donc à faire pour que de ce secteur soit un maillon essentiel de
l'économie de la commune.
S'agissant de l'élevage, « lors de la campagne de
vaccination antipestique de 1983, on a vacciné près de 400 000
têtes de bovins dans le Mbéré, soit un dixième du
cheptel national. C'est dire qu'il s'agit d'un département très
riche en bétail bovin, et même le premier département du
pays en ce qui concerne l'élevage de ce bétail. Si l'on sait que
le département ne produit rien d'autre qui puisse lui apporter des
rentrées d'argent, on comprendra aussi que pour le Mbéré,
l'élevage bovin est la première richesse, c'est l'épine
dorsale de toute son économie » (Doufissa, 1993).Malgré ce
fort potentiel connu par le passé, l'élevage a fait face à
de multiples obstacles.
Parmi les conséquences des moments difficiles qu'a
connu l'élevage, le constat le plus palpable est le suivant : la
consommation en protéine animale, actuellement de 11kg/hbt/an est en
divergence avec les standards de la FAO (42kg/hbt/an). D'où la mise sur
pied des mesures visant à booster ce secteur via le développement
des espèces à cycle court, la vulgarisation des résultats
de
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une ville moyenne et sa périphérie : cas de Meiganga (de 1987
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la recherche en occurrence les inséminations
artificielles et aliments améliorés pour les animaux, la
création des champs fourragers ainsi que l'encadrement des
éleveurs.
- La chasse et la cueillette
Ce sont des activités typiques du milieu rural. La
chasse concerne les primates, les rongeurs, les reptiles et les herbivores de
plus en plus rares. Ceci, au regard des pressions exercées sur ces
ressources fauniques en marge de la réglementation en vigueur. Il y
règne en lieu et place de la chasse, du braconnage dans la plupart des
cas.
Quant à la cueillette, elle est en majorité
fruitière. Elle concerne également la collecte du miel issu des
ruches posées le plus souvent dans les arbres. On pourrait la qualifier
d'apiculture traditionnelle. Les produits de cette activité sont
acheminés en ville ainsi qu'aux marchés périodiques et
domicile pour être vendus ou destinés à
l'autoconsommation.
- L'artisanat
Cette activité est très répandue en
milieu rural où la matière première est facilement
accessible. Elle est plus ou moins rentable en fonction des produits finis
(sekko, ruches, grenier traditionnel, meubles en bambou, nattes,
chaussures, couteaux, etc.). Ainsi, cette activité occupe une partie de
la population et participe ainsi à la réduction du chômage
et la valorisation des ressources et savoir-faire locaux. Par ailleurs, au vu
de l'immense potentiel que dispose l'artisanat, le Gouvernement entend le
revaloriser dans toutes ses composantes, pour en faire un espace
véritablement attractif générateur d'emplois, de revenus
et de croissance conformément aux objectifs du DSCE.
- La menuiserie
Elle est pratiquée aussi bien dans les zones rurales
qu'en ville, mais beaucoup plus en milieu urbain. On dénombre à
Meiganga plus de 30 ateliers de menuiserie dont les principales tâches
sont la confection des fauteuils, lits, portes, armoires, tables-bancs et
autres. Le paiement des taxes par les travailleurs contribue au
développement de cette localité. En outre, la présence de
ces ateliers facilite les conditions de vie ; car les habitants n'ont plus
à importer les meubles des grandes villes à l'instar de
Ngaoundéré, Bertoua ou Garoua-Boulai comme dans les
décennies antérieures.
- Le transport
Le déplacement des personnes et des biens est
assuré par des agences de voyages de la place qui se chargent du
transport de ceux-ci vers les directions souhaitées ainsi que par les
moto-taxi. Le bitumage de la route en 2012 a fortement contribué
à l'amélioration des conditions de vie
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dans cet arrondissement. L'adage selon lequel «
où la route passe, le développement suit » est une
réalité pour les habitants de la commune.
- Le commerce
Nous avons quatre catégories de commerçants qui
exercent dans la commune.
? Les vendeurs ambulants qui sillonnent les principales
artères ainsi que les lieux où grouille du monde comme les
agences de voyages et les marchés. Les enfants et adolescents sont les
principaux acteurs dans ce type de commerce.
? Les petits commerçants postés derrière
des comptoirs aux abords des voies principales. Cette catégorie comprend
entre autres les « call-boxeurs », les vendeurs des produits
pétroliers (essence) et les revendeuses de produits alimentaires
(légumes, tubercules et condiments) dans les sous-quartiers.
? Il existe également des commerçants ayant des
boutiques et magasins à leurs dispositions pour l'écoulement et
le stockage de leurs produits. Ce sont des importateurs qui font dans la vente
en gros. Les produits commercialisés sont en majeure partie alimentaires
et électroménagers.
? Enfin, nous avons les revendeurs qui sont des adeptes des
marchés périodiques. Ils sont pour la plupart instables et se
déplacent de village en village en fonction des jours de marché.
Ils se ravitaillent chez les grossistes. En fait, ces deux parties travaillent
en étroite collaboration.
En plus des activités économiques
sus-évoquées, mentionnons la présence de quelques
structures de micro finances dans la ville, spécialisées dans le
transfert, l'expédition et l'épargne d'argent. Leur mise en place
a réduit considérablement les pertes d'argents connues lors des
agressions qui ont sévi dans les années 2000. La
présence des brigades du Bataillon d'Intervention Rapide (B.I.R.) qui
mènent une lutte sans relâche à ces malfrats contribue
activement à sécuriser la zone.
- La médecine traditionnelle
Elle est fortement pratiquée dans les villages,
l'absence de centre de santé intégré (CSI), la distance
élevée avant l'atteinte du CSI le plus proche ou l'insuffisance
des moyens financiers favorisent le recours aux tradipraticiens qui, de plus en
plus s'affirment via les associations et exercent dans la
légalité en se rapprochant des autorités
compétentes en la matière. Les connaissances poussées en
plantes médicinales sont indispensables pour exercer dans ce secteur.
Cependant, on note des « brebis galeuses », charlatans qui
causent plus de tort que de soulagement aux patients. La meilleure
méthode observée dans ce domaine est celle qui consiste à
travailler en collaboration avec la médecine moderne notamment la
pratique des examens auprès des
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une ville moyenne et sa périphérie : cas de Meiganga (de 1987
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laboratoires, suit alors le traitement avec plantes
médicinales sur une bonne base, un procédé de plus en plus
utilisé par beaucoup de tradipraticiens.
La création de l'EGEM (École de Géologie
et d'Exploitation Minière), une branche de l'université de
Ngaoundéré a également eu un fort impact sur
l'économie de la ville. En effet, cette infrastructure a boosté
plusieurs secteurs entre autres le logement, le transport, et le commerce.
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