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Par définition, la micro-finance regroupe donc
à la fois les opérations de crédit et d'épargne.
Jusqu'à présent cependant, l'attention s'est essentiellement
portée sur l'aspect crédit de la micro-finance, appelé
alors microcrédit. Ce dernier se traduit le plus souvent par des
prêts adressés à des individus ou à des groupes,
leur permettant constituer des fonds de roulement ou de petits investissements.
Initialement, les organisations visaient principalement les groupes,
appelés groupes solidaires en raison de l'application d'un principe de
couverture mutuelle entre les membres du groupe en cas de défaut de
remboursement de l'un d'entre eux, ce principe étant de nature à
accroître les probabilités de remboursement. Actuellement, les
prêts à des individus ont toutefois tendance à se
multiplier.
Quelles que soient les utilisateurs du microcrédit
(groupes ou individus), les prêts sont octroyés sur base de taux
d'intérêt généralement au moins aussi
élevés que sur le marché bancaire traditionnel. Les
garanties résident, quant à elles, dans de mécanismes
liés à la pression sociale (dans le cas des groupes solidaires)
et dans la motivation des individus à pouvoir continuer à
bénéficier de financements.
Pour qu'un système de microcrédit fonctionne,
les micro-entrepreneurs doivent avoir un intérêt à
s'adresser aux organisations de microcrédit. Dans ce contexte, il faut
que les micro-entrepreneurs aient soit un accès à de nouveaux
services financiers, soit un accès à des services
déjà existants mais à un "prix" inférieur à
celui auquel ils font déjà face, dans le circuit informel par
exemple.
A cet égard, tous les coûts liés à
l'obtention du crédit doivent être intégrés dans ce
"prix" : les taux d'intérêt ainsi que les coûts de
transaction doivent donc être pris en considération. Les
coûts de transaction ne peuvent en effet être ignorés
étant donné leur importance par rapport aux montants de
crédit relativement faibles dont il est généralement
question. En outre, dans un système de microcrédit, il convient
également que les organisations qui y participent assurent leur
pérennité. 10
Ces structures doivent donc fixer un taux
d'intérêt qui leur permet de s'inscrire dans la durée,
parfois au moyen de subsides plus ou moins importants accordés par les
pouvoirs publics, les ONG, etc.
Enfin, la micro-finance doit fonctionner sur base d'un
élément fondamental : la proximité. Celle-ci, d'ordre
géographique et sociale, est, en effet, nécessaire afin qu'une
relation fiable entre le micro-entrepreneur et l'organisation puisse
exister.Cela étant, il serait réducteur de confiner la
micro-finance aux opérations de crédit, qui dans la
réalité ne peuvent être dissociées de
l'épargne. Il n'est, en effet, pas rare que les micro-entrepreneurs
cherchent tout autant à constituer une épargne dans des
conditions optimales de sécurité qu'à obtenir des
prêts. Quant aux organisations, il est évident que
1013 P. FORESTIER, Les enjeux de la microfinance : quel
rôle pour le financement rural et agricole ? In Horizons Bancaires
N°326, Octobre 2005, pp.10-12
14 E. BAUMANN, <<Microentreprises et gestion
de la vulnérabilité en Afrique subsaharienne, passé et
présent. > In DIALOGUE N°33, juin 2004,
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l'épargne est, parmi d'autres, un moyen important pour
elles de se financer et donc d'octroyer des crédits.
Il est intéressant de noter que la micro-finance donne
lieu dans différents pays à des initiatives qui peuvent
être de nature parfois fort différente : banques,
coopératives d'épargne et de crédit, institutions
régulées, ONG, caisses villageoises et autres groupes
auto-organisés. En Belgique, les coopératives Credal et
Hefboom sont probablement les organisations les plus connues parmi celles qui
réalisent des opérations de microcrédit. Au Sud, les
exemples d'organisations offrant des services de micro-finance sont nombreux.
Outre la célèbre Grameen Bank du prix Nobel M. Yunus, on peut
également citer la BRI en Indonésie et Prodem en Bolivie.