Analyse de la performance sociale d'une institution de microfinance.( Télécharger le fichier original )par Michel MWILAMBWE MUVUALA Institut superieure de commerce de Kinshasa - licencié en microfinance 2015 |
2.1.2. Exclusion bancaire :L'accès au financement bancaire se fait généralement sur la base de l'analyse de l'emprunteur, du projet et des garanties apportées par ces derniers. Du fait lié à l'absence d'historique et d'information détaillées sur la situation de l'emprunteur et sa capacité de remboursement, les banques s'appuient sur les garanties matérielles pour prendre la décision d'octroi du prêt. Les emprunteurs potentiels qui ne peuvent apporter ces garanties, se retrouvent en situation d'exclusion du prêt. Vallat et Guérin (9(*)) parlent de « creux bancaire ». « L'exclusion bancaire » est le processus par lequel une personne rencontre de telles difficultés d'accès et /ou d'usage dans ce pratique bancaire, qu'elle ne peut pas ou plus mener une vie sociale normale dans la société qui est la sienne (10(*) ). Quelque soit le pays développés considéré, l'absence des relations bancaire est un facteur de dégradation de la qualité de vie. Le niveau de vie et la consommation de masse obligent les ménages à recourir à des crédits et donc à entretenir nécessairement une relation bancaire, à défaut, ils sont socialement marginalisés. « L'exclusion bancaire étant elle-même une composante de désaffiliation sociale » (11(*)) Le problème est en effet d'importance, « plus de 3 milliards des personnes dans le monde sont exclus du système bancaire » (12(*)). Un chiffre qui va aller croissant avec la précarisation et la montée du nombre des travailleurs pauvres. L'exclusion bancaire n'est pas l'unique cause de la pauvreté et la précarité (difficultés socio- économiques), cependant, au même titre que le chômage, elle participe à la dégradation de ce lien social. Mise en place des mécanismes de financement alternatif Au fil du temps, nombreux mécanismes de financement alternatif ont été proposés pour répondre à cette problématique important du non accès aux sources de financement. Parmi ces mécanismes figurent : - Le Financement informel Il est apparu dans les années 1950, il se défini comme un ensemble d'activités et d'opérations financières légales mais qui ne sont pas officiellement enregistrées et réglementées et qui échappent à l'orbite des institutions financières officielles (13(*)). Ces formes de financements informelles sont caractérisées par la proximité géographique, locale et culturelle que l'emprunteur informel entretient avec le financeur ainsi que les mécanismes incitatifs de remboursement mise en place. - Le financement par les institutions publiques Toujours dans les années 50, les gouvernements ont intervenus dans les financements à fin de palier les imperfections des marchés financiers. Ce mécanisme consistait à intervertir dans la réglementation de taux d'intérêt à des niveaux bas et la mise en place des institutions publique de crédit subventionnées et dirigées vers une clientèle cible. L'objectif de ces politiques de crédit subventionné était donc triple : évincer le secteur informel, augmenter l'efficacité économique(en rendant le crédit disponible pour les pauvres), et réduire l'iniquité (en réduisant les taux d'intérêt que ceux-ci devraient payer). La faillite de nombreuses institutions publiques de crédit et la persistance du secteur informel ont montrés que l'intervention étatique ne permettait pas de mieux résoudre le problème d'asymétrie d'information que les banques commerciales. Ces échecs sont essentiellement dus à une mauvaise gestion. Par exemple, il ya pas eu de mise en place des mécanismes d'incitation de mobilisation de l'épargne. En effet, il était plus onéreux de collecter l'épargne et de la distribuer sous forme de prêt que de bénéficier de « larges subventions » accordées par l'Etat (14(*) ). - Le secteur financier semi-formel A la suite de la déroute connue par des nombreuses banques étatiques, un secteur financier semi-formel a émergé. Le qualificatif de « secteur intermédiaire » est également couramment utilisé pour designer ces institutions qui sont formelles dans la mesure où elles sont légalement reconnues, mais informelles dans le sens qu'à quelques exceptions prés, elles ne sont pas sujettes à la régulation et supervision bancaire (15(*)). Les institutions les plus courantes qui composent ce secteur sont les coopératives d'épargne et de crédit (également identifiées comme des mutuelles ou encore de crédit union) et les organisations non gouvernementales (ONG), principalement sous la forme d'associations ou de fondations. Les fonds de ces institutions proviennent à la fois de l'épargne des adhérents qui peuvent, outre leur prise de participation, bénéficier des dispositifs de dépôts et de financements extérieures (ressources octroyées par les bailleurs des fonds souvent originaires des pays du nord, subvention publiques). Cette vision de la microfinance qui prévalait dans les années quatre vingt, concevait la microfinance comme faisant partie d'un programme intégré de lutte contre la pauvreté et la vulnérabilité et d'amélioration du bien être des populations pauvres. Cette approche fut qualifiée de « bien être » par Woller, Dunford et Woodworth (16(*)). Basée sur une logique de subsidiassions et de dépendance des bénéficiaires, cette approche a toute fois engendré des taux d'arriérés ainsi que des coûts de fonctionnement très important conduisant à la disparation progressives de nombreux programmes de micro crédit. * 9 D.VALLAT, I. GUERIN op.cit. P.40. * 10 G. GLOUKOVIEZOFF « exclusion et liens financiers », Rapport du centre Walras Economica, Lyon 2004, P.605. * 11 G. GLOUKOVIEZOFF op.cit. p. 607. * 12 HELMS, Brigit, Access for All: Buiding inclusive financial system consiltative group to assist the poor, washington, 2006 P.11-13. * 13 A.G.CHANDAWAKAR, the role of informal credit markets in support of micro business in developing countries Washington 1998, P. 188. * 14 J. MORDUCH, : the microfinance schism, world development, vol 28 ,P. 617-629 * 15 V. DE BRIEY, Plein feu sur la microfinance, regards économiques, Mars 2005, P.14. * 16 G. WOLLER, C.DUNFORD; W.WOORD WORTH: Where to microfinance international journal of Economic development? 1999, P. 25 |
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