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La moralité, fondement de l'humanité dans fondements de la métaphysique des murs d'Emmanuel Kant.

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par KRIMINATCHA KONE
UNIVERSITÉ FÉLIX HOUPHOUET-BOIGNY (ABIDJAN- COCODY)  - Master 2016
  

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DEUXIÈME PARTIE :

LA MORALITÉ ET LE FONDEMENT
DE L'HUMANITÉ

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La réalisation de l'homme dans la vie en société nécessite l'usage de ses facultés qui lui confèrent hautement une certaine particularité sous laquelle il se pense partout dans le monde. Cependant, les réalités de l'existence se posent devant lui comme des obstacles interminables qu'il doit franchir pour prétendre à une vie digne de son espèce. De la sorte, la création des conditions devient des défis énormes à relever en vue de son affirmation, et de même en toutes circonstances dans le monde.

Il se pose comme être raisonnable qui, par sa capacité à se représenter les lois morales, se définit avec une certaine autonomie caractérisant sa volonté. Cette définition l'élève ainsi comme un être vivant qui, au lieu de subir les difficultés qui jalonnent son existence, cherche sans relâche à créer les conditions d'une vie digne de son être. Dès lors, la responsabilité qui l'incombe est de répondre de tous ses actes, en les assumant pour sa liberté, et même l'épanouissement social de tous. À l'être humain, est reconnue la faculté de la moralité, non pas en terme de contrainte, mais sous la forme d'une possibilité humaine dans laquelle l'humanité en chaque être humain peut raisonnablement s'affirmer.

Tous les actes qu'il pose laissent entrevoir des emprunts dont les germes semblent être enracinés dans sa nature. Ils sont tels qu'on ne pourrait en trouver ailleurs, chez d'autres espèces vivantes en dehors de lui. Mais, si la moralité fait partie de la nature de l'homme, alors comment justifierait-on sa causalité ? La responsabilité de l'homme n'est-elle pas d'accomplir son devoir dans le monde ?

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CHAPITRE I : LA MORALITÉ DANS LA NATURE DE L'HOMME

Parler de la moralité dans la nature de l'homme, c'est concevoir chez celui-ci la dimension morale liée à son être en général et à tous les êtres raisonnables en particulier. En ce sens, la moralité, apparaît comme un élément déterminant qui comporte sa multidimensionnalité dont la compréhension fondamentale repose sur l'autonomie de la volonté. Le concept fondamental dans l'accomplissement de la bonne volonté est l'autonomie. Elle se révèle comme ce qui porte au fond ce dernier.

La possibilité semble être objectivement donnée pour une meilleure saisie de la quintessence des séries d'actions. La moralité dans la nature de l'homme, impliquerait que la compréhension de celui-ci exige la maîtrise des éléments définissant son être. L'autonomie de la volonté, à cet effet, constitue sous la gouverne de la raison le principe humanisant, et rendant digne la personne humaine puisqu'il lui confère un certain pouvoir d'agir, indépendamment de toute influence extérieure.

Par l'autonomie de la volonté, à la limite de l'édifiant, importe-t-il aux êtres humains de se respecter et de se considérer mutuellement, en vertu de cette dernière. On peut comprendre qu'aucune contrainte extérieure, quelle que soit sa nature, ne peut dompter ce pouvoir spécifique à tous, et faisant de l'homme un être digne de respect et de considération. Dès lors, que comprendre davantage de l'autonomie de la volonté humaine ?

1- L'autonomie de la volonté humaine

La compréhension de l'être raisonnable, selon Emmanuel Kant passe par la connaissance de la causalité de sa volonté qu'est l'autonomie. Mais qu'est-ce que l'autonomie ? Le mot autonomie a une racine grecque : autonomos, qui se régie par ses propres lois, indépendant, autonome. C'est le caractère de ce qui se donne

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à soi-même sa loi, de ce qui obéit à sa propre loi75. À cette définition, est intrinsèquement liée l'idée de liberté.

Ainsi, parler d'autonomie de la volonté humaine, c'est concevoir l'homme en possession de tout son être, de son unité, de son pouvoir d'agir indépendamment de toute contingence extérieure. Dans cette acception que l'homme se fait de lui-même, est enracinée sa conscience de la moralité :

Comme être raisonnable, faisant partie par conséquent du monde intelligible, l'homme peut concevoir la causalité de sa volonté propre sous l'idée de liberté ; car l'indépendance à l'égard des cause déterminantes du monde sensible (telle que la raison doit toujours se l'attribuer), c'est la liberté. Or à l'idée de liberté est indubitablement lié le concept de l'autonomie, à celui-ci le principe universel de la moralité, qui idéalement sert de fondement à toutes les actions des êtres raisonnables, de la même façon que la loi de la nature à tous les phénomènes76.

Emmanuel Kant montre que l'homme, en réalité, bien qu'étant dans le monde comme lieu de sa réalisation effective, a une volonté déterminée fondamentalement par l'autonomie, qui constitue le fondement de toutes ses actions. Il est possible de noter qu'à ce niveau, se manifeste davantage l'humanité. L'accomplissement du bien dans le monde se pose comme une nécessité. Ce qui permet de comprendre que dans la compréhension de l'autonomie de la volonté, la toute puissance de l'homme qu'est la volonté se révèle comme une propriété dont les êtres raisonnables seuls en sont capables.

Tout être humain est digne d'un libre arbitre qui impose de le traiter avec beaucoup plus d'égards. L'autonomie de la volonté, qui est celle de l'homme fait ainsi l'objet d'un profond respect, en vertu de toute sa puissance, capable de prendre des décisions, de donner des orientations à la vie humaine ; et même de promouvoir ce qu'il y a d'humainement recevable : le Bien suprême. Toute la dignité de l'humanité est ainsi consacrée et réside indéniablement dans l'autonomie de la volonté humaine. En d'autres termes, la préférence que nous

75 Jacqueline Russ, Dictionnaire de Philosophie, Op. cit., p. 29.

76 Emmanuel Kant, Fondements de la métaphysique des moeurs, Op. cit., pp. 191-192.

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avons pour telle chose et l'aversion pour telle autre ne saurait être l'expression d'une volonté extérieure à soi. Mais, elle est le signe manifeste et réel de la volonté humaine entièrement autonome.

De plus, l'autonomie, étant comprise comme ce qui caractérise la volonté humaine, elle est logiquement favorable à l'accomplissement du devoir. C'est ainsi que les capacités à se transporter dans le monde intelligible et à reconnaître l'autonomie, entrainent conséquemment la moralité. Mieux, elle est l'expression de la capacité de l'homme à accomplir des actions.

À présent nous voyons bien que lorsque nous nous concevons comme libres, nous nous transportons dans le monde intelligible et que nous reconnaissons l'autonomie de la volonté avec sa conséquence, la moralité ; mais si nous nous concevons comme soumis au devoir, nous nous considérons comme faisant partie du monde sensible et en même temps du monde intelligible77.

En se concevant libre, vis-à-vis de tout objet de l'expérience, l'homme s'offre, par conséquent le pouvoir de soumission ou d'autorité. En cela, parler d'autonomie de la volonté, c'est reconnaître à l'homme toute sa dignité. Ainsi, nous pouvons noter que toute action, quelle qu'elle soit ; accomplit malgré ou bon gré est toujours le résultat d'une certaine autonomie indéniable de la volonté humaine, qui parvient à sa réalisation sous l'égide de la raison. Il est nécessaire de comprendre l'homme sous l'autonomie de la volonté car la compréhension même de son être l'exige. Par ailleurs, son admission comme telle n'est pas audacieuse encore moins curieuse.

Elle est nécessaire puisqu'il n'est pas question de l'admettre par complaisance mais de se fixer pour le comprendre en profondeur. La question qui se pose est celle de savoir ce qui caractérise la volonté humaine. L'autonomie de la volonté humaine est indéniable. Elle permet de comprendre que l'homme possède une autonomie intérieure indépendamment de toute influence. Elle s'exerce en vertu de sa puissance comme cause efficiente par laquelle il se conçoit. Par elle, la possibilité est donnée de saisir la quintessence des actions

77 Emmanuel Kant, Fondements de la métaphysique des moeurs, Op. cit., p. 192.

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humaines, qui nous reste méconnues et inexplicables sans elle. De plus, elle est enracinée dans « le monde intelligible, qui contient le fondement du monde sensible, et par suite les lois »78.

Elle s'expliquerait par son évidence qui s'impose d'elle-même. Dans ce sens, elle est assortie d'une nécessité qui s'impose aux hommes, de conformer les maximes de leurs actions aux lois du monde intelligible. De cette manière, tout ce qui est possible de voir comme actions accomplies par l'homme dans tous les domaines de la vie, n'est qu'émanation du monde intelligible. Mieux, « L'autonomie de la volonté est l'unique principe de toutes les lois morales et de tous les devoirs qui y sont conformes »79. Tout est conclu dans le monde intelligible avant d'être donné à la vue dans le monde sensible. Cette effectivité se traduit en actions aux formes diverses et variées.

Dans cet ordre d'idées, ce qu'il est possible de souligner est la conviction

qui habite originellement en chacun de nous et qui est certainement le présupposé moral fondamental. C'est en vertu d'elle que sont pensées toutes les séries d'actions ; c'est-à-dire celles qui sont conformes au devoir et celles qui sont accomplies par devoir. La volonté du bien et du mal est suscitée. En effet, la valeur de la volonté moralement bonne qui est la seule chose qui soit absolument bonne et sans restriction, constitue le bon sens partagé.

Elle repose sur un principe objectif, universel et nécessaire et non sur des principes subjectifs, particuliers et contingents. Si l'homme a une valeur absolue et non relativement à quelque autre fin, son action doit être régie par l'impératif catégorique moral, qui prescrit à la volonté d'être bonne absolument80.

C'est ainsi que l'on peut comprendre que la volonté incite la personne morale raisonnable en général et l'homme en particulier à mériter davantage le respect en tant que des fins en soi. Dans cette perspective, Emmanuel Kant ne nie pas le fait que l'homme puisse se servir dans certaines circonstances, aussi de

78 Ibidem.

79 Emmanuel Kant, Critique de la raison pratique, Op. cit., p. 179.

80 Mai Lequan, La philosophie morale de Kant, Op. cit., p. 157.

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moyens dans le but de réaliser ses fins pragmatiques de prudence [geschicklichkeit], mais ne doit réduire l'humanité en sa seule personne. L'homme, pour ainsi dire, peut être compris dans sa capacité à exprimer son accord ou désaccord dans les échanges interhumains. En ce sens, Jürgen Habermas, nous parle d'éthique de la discussion. Il écrit à cet effet ceci :

Dans l'éthique de la discussion, c'est la procédure de l'argumentation morale qui prend la place de l'impératif catégorique. Elle établit le principe « D » selon lequel peuvent prétendre à la validité les normes qui pourraient trouver l'accord de tous les concernés en tant qu'ils participent à une discussion pratique81.

Dans le cas de la manifestation de l'autonomie de la volonté dans les échanges humains, l'homme, est capable de ramener l'impératif catégorique au rang d'un principe d'universalisation. Celui-ci dans les discussions pratiques assume le rôle de règle d'argumentation morale. Ainsi, l'homme, autonome, se convainc de l'exigence de la validité d'une chose. C'est par conséquent de l'autonomie de la volonté de tous que l'on parvient au consensus. Dans la discussion, on comprend de façon essentielle l'autonomie complète qui ne se réalise que sous le sceau de la volonté humaine. Elle est le principe d'actions du genre humain. Car cette faculté, en s'exerçant, apparaît comme la confirmation de tout ce qui est librement consentit en matière de moralité82. En ce sens, le jugement moral exprime bien une obligation.

L'autonomie de la volonté humaine se présente comme la condition sous laquelle l'homme doit être pensé en tant qu'être humain. Cette conscience d'autonomie qu'il a de lui-même a pour conséquence la moralité. Elle est l'expression de la soumission de la nature sensible à la nature intelligible. Mieux, en se considérant comme membre législateur du règne des fins, l'être raisonnable s'offre le pouvoir de soumettre le monde extérieur pour une existence digne et

81Jürgen Habermas, De l'éthique de la discussion, trad. l'allemand par Mark Hunyadi, Paris, GF-Flammarion, 1991, p. 17.

82 Emmanuel Kant, Fondements de la métaphysique des moeurs, Op. cit., p. 181.

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humaine. Sous cet angle, la responsabilité de l'homme se pose-t-elle avec acuité dans le monde sensible ?

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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille