CHAPITRE II : LA FIN DE L'ÉDUCATION ET LA
MORALITÉ DANS LA SOCIÉTÉ
La fin de l'éducation peut s'expliquer de
différentes manières. En effet, la fin dont il s'agit ici, n'est
pas la fin au sens de trivialité, mais la fin aux plans
économique, culturel, politique mais surtout social. L'importance de
l'éducation dans la perspective sociétale, et telle
qu'articlée dans la Déclaration universelle des Droits de l'Homme
du 10 Décembre 1948, ne semble pas avoir pour objet d'établir de
simples textes. Mais de montrer comment les êtres raisonnables peuvent
s'auto-conserver et s'humaniser davantage pour le plus grand bien de
l'humanité.
En plus, la fin de l'éducation est
compréhensible dans la mesure où elle tend à porter les
êtres humains vers l'éthique. En cela, l'éducation semble
tirer les hommes vers une certaine noblesse : la sociabilité effective.
À cet effet, elle pourrait être considérée comme le
plein accomplissement de l'homme au sens sociétal du terme. Elle
élève à la moralité dans la société
et donne la possibilité de mieux comprendre l'intelligence humaine.
Cette affirmation pourrait se justifier, puisqu'elle consacre leur
intégrité à tous les niveaux de la société.
Tous les comportements liés à la vie publique sont
réglés par l'éducation, socle où toutes les
conduites sociales peuvent s'expliquer. Dès lors, si la fin de
l'éducation est ainsi comprise, alors qu'en est-il de son
actualité ?
1- L'actualité de l'éducation : les
défis de moralité
L'actualité de l'éducation
présente de nombreux défis de moralité à relever.
En effet, en dépit de sa reconnaissance comme outil de
sociabilité des hommes, l'éducation souffre de nombreux maux.
Cette souffrance contraste avec de nombreux efforts qui sont consentis, en vue
d'accompagner la sociabilité effective et le développement
durable des peuples. Les pouvoirs publics, les institutions nationales et
internationales, les organisations non gouvernementales
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oeuvrent sans cesse pour le renforcement des
systèmes éducatifs. Cette préférence atteste la
place prépondérante qu'occupe celle-ci.
Nonobstant, les efforts consentis ne suppriment pas
pour autant les défis de moralité. La société toute
entière en subit les répercutions. Quels sont les défis de
moralité à relever ? La question des défis de
moralité que doit relever l'éducation se pose lorsqu'on est
confronté à ces maux : l'indignation, l'écart de langage,
l'effronterie, l'insoumission, la délinquance, le vagabondage, le non
respect des aînés, etc. Les défis de moralité
liés à l'éducation riment avec sa négligence
à certains égards. De plus, il y a défis de
moralité quand intervient la désintégration de
l'autorité parentale. Par ailleurs, les défis de moralité
s'actualisent à chaque fois qu'une personne est vexée ou subit
l'indignation d'autrui dans les rapports interhumains.
En outre, les défis de moralité de
l'éducation perdurent pour des raisons diverses et variées. En
raison de l'abondance des maux, les défis de moralité de
l'éducation sont énormes puisque les hommes en souffrent au
quotidien. Leur suppression n'a-t-elle pas pour objectif de relever les
défis de moralité dans les rapports extérieurs entre les
hommes ? Donner des hommes sociables à la société et des
citoyens à l'État, telle est la mission assignée à
l'éducation dans une certaine perspective rousseauiste. Pour parvenir
à ces fins éthiques, il faudrait que l'autorité parentale
s'instaure depuis la cellule familiale pour dompter les maux, jugés
nuisibles à la vie en société. De fait, la
sociabilité effective représenterait l'ensemble des aptitudes
bienveillantes procurées et renforcées par l'éducation
rendant l'homme sociable146.
De cette manière, les maux qui minent la
société se manifesteront de moins en moins. Les plaintes
croissantes des défis de moralité liés à
l'éducation sont dues au fait que les parents n'assument plus leurs
responsabilités au sein de la cellule familiale. De nombreuses raisons
sont avancées pour justifier le nombre croissant des défis de
moralité. L'insociabilité de l'homme dénoncée en
société à
146 Jacqueline Russ, Dictionnaire de
Philosophie, Op. cit., p. 269.
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travers ses conduites sociales semble trouver
réparation dans l'éducation, puisque c'est par elle qu'il
recouvre sa sociabilité effective. En somme, la négligence de
l'éducation à divers niveaux, notamment familial, occasionne le
foisonnement des maux. C'est ainsi qu'elle présente des défis de
moralité à relever par l'éducation.
Pour parvenir à une société digne
des êtres humains, l'éducation doit être
considérée comme un effort sans fin. Son rapport à la
moralité implique une prise de responsabilités
caractérisée par des dispositions pratiques et constantes
à faire face aux maux dont souffre la société. La
contenance de ces maux réside donc dans une implication effective de
tous les acteurs de cette activité, de la cellule familiale, en passant
par les pouvoirs publics jusqu'aux organisations non gouvernementales. Quant
aux institutions internationales en l'occurrence l'UNESCO et l'UNICEF, elles
s'arrachent avec pertinence le rôle d'accompagnatrices. Elles le sont
ainsi, parce qu'elles militent en faveur de l'éducation des hommes pour
combler les défis de moralité en intervenant dans de nombreux
domaines d'activités en rapport avec ceux-ci.
L'Éducation aux Droits de l'Homme et à
la Citoyenneté, la Culture de la Paix, sont des axes majeurs sur
lesquels s'étendent leurs appuis à l'éducation. Que
peut-on savoir des appuis de ces institutions internationales à
l'éducation ? Des appuis importants sont dédiés à
la lutte contre l'analphabétisme et la déscolarisation. Ils
consistent à instruire, à former toutes les couches sociales sans
discrimination aucune. Ils se révèlent bénéfiques
d'autant plus qu'ils permettent l'accroissement économique des pays et
leur développement durable. De fait, l'éducation aiguise le sens
du bien-être social des peuples. Ces appuis apparaissent profitables
à l'humanité puisque les valeurs promues par l'éducation
ont un caractère digne et humain.
De plus, ce qui paraît remarquable, c'est que
l'éducation doit être capable de donner la possibilité
à chaque être humain d'être épanoui. Avec le soutien
des institutions internationales, le caractère sociable de
l'éducation s'affiche à l'unanimité dans le monde.
L'éducation deviendrait une arme puissante
entre les
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mains des peuples. L'éradication des
défis de moralité viserait ainsi la
sociabilité effective. Elle réside dans
la capacité à contenir les dérives, les transgressions
morales, la dépravation avancée des moeurs et l'indignation de
l'être humain. De nos jours, la population juvénile est presque
livrée à elle-même : les comportements apparaissent
inattendus et indésirables.
Les conduites humaines tendent à être
à l'opposé des attentes sociales. Des parents
démissionnaires, débordés, sont les principaux
responsables de l'éducation de base. Parler de défis
de moralité, reviendrait à accorder une place de
choix à l'éducation. De plus, elle charge les parents à
accomplir leurs devoirs à tous les niveaux : familial, sanitaire,
scolaire etc. Tous ces aspects entre autres ne contribuent-ils pas à
légitimer le rapport entre l'éducation et la moralité dans
la société ? Il est possible de penser qu'il existe un rapport
entre la moralité et l'éducation puisqu'elle semble être la
seule capable d'épurer les comportements humains. Elle permet de
contrarier les maux pour un monde meilleur. Ce rapport est tenable en vertu de
l'édification de l'humanité qu'elle est susceptible d'envelopper
sous toutes ses formes.
L'éducation confirme son rapport avec la
moralité car elle a une mission considérablement noble : celle de
la sociabilité effective. Cette
dernière, signifierait alors, pour nous que, certes l'homme est
naturellement sociable. Mais cela ne suffit pas pour autant à l'admettre
comme tel. Autrement dit, cet avantage naturel d'appartenir à la race
humaine ne lui confère pas entièrement ce statut d'être
sociable. Dans la mesure où il reste encore courbé à la
naissance. Ses dispositions naturelles présentent un ignorant,
déposé là, comme une offrande
à la nature : « La Providence a voulu que l'homme
fût obligé de tirer le bien en lui-même
»147. Dès lors, à quel moment peut-on
réellement parler de sociabilité effective ? La
sociabilité effective en question n'intervient qu'à partir du
moment où l'éducation est mise en avant.
147 Emmanuel Kant, Réflexions sur
l'éducation, Op. cit., p. 8.
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Par elle, l'homme doit développer ses
dispositions au bien. Elles consistent à se rendre meilleur, en se
cultivant et en développant la moralité, par les redressements
progressifs des désirs naturels, les passions et les impulsions. Tous
les composants de sa courbure naturelle le rendant insociable doivent
être, non seulement domptés, mais aussi contrariés dans le
bon sens, c'est-à-dire digne de l'espèce humaine. Dans cet ordre
d'idées, l'éducation devrait être la pierre de touche de
tous les comportements sociaux, celle qui police, édifie, dirige sans
cesse l'homme vers la finalité éthique. Il conviendrait de
souligner le mérite de l'éducation dans la société
surtout en que, pour les hommes, elle compenserait bien leurs insuffisances.
Elle comporte les conditions d'élévation de
l'humanité.
Puisque l'on peut comprendre que l'homme, en tant que
tel, a droit à la connaissance et à l'acceptation de la place qui
lui revient de droit dans l'ordre des êtres créés. Car
à la question relative à la place de l'homme dans l'ordre de la
Création, la réponse kantienne est remarquable puisqu'il soutient
que :
S'il y a quelque science dont l'homme ait besoin,
c'est bien de celle qui lui enseigne à occuper convenablement la place
qui lui a été indiqué dans la Création et de
laquelle il puisse apprendre ce qu'il doit être pour être un
homme148.
En méditant cette pensée, nous pouvons
dire qu'Emmanuel Kant vient confirmer la fonction assignée à
l'éducation. Pour lui, de toutes les sciences auxquelles l'homme
s'intéresse, celle qui consacre son éducation demeure la plus
importante. C'est bien pourquoi selon le philosophe de Königsberg, cette
science, dans son essence ne peut avoir que pour fonction
d'enseigner à l'homme aussi sa place dans la
lignée des êtres créés. De même, il s'agit de
ce qui importe pour lui de faire pour être homme. Il s'en suit que
l'homme ne peut reconnaître et s'approprier sa place parmi les autres
créatures que par l'éducation qui construit son être,
puisqu'il contient le secret149 de la perfection.
148 Emmanuel Kant, Remarques touchant les
observations sur le sentiment du beau et du sublime, trad. de
l'allemand par Brigitte Geonget, Paris, Vrin, 1994, p. 128.
149 Emmanuel Kant, Réflexions sur
l'éducation, Op. cit., p. 57.
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Dans cette logique précise, les défis de
moralité qui incombent à tous les hommes est de développer
d'abord leurs dispositions au bien. Il s'agit de cultiver les bonnes conduites,
capables d'élever à la dignité humaine. Cette entreprise
de nature humaine demande à chaque individu de considérer la
moralité comme faisant partie de nos possibilités dans la
réalisation du bien. Contenir les mauvais principes par tous les moyens
possibles est l'un des défis que doit relever l'homme : « Se rendre
soi-même meilleur, se cultiver soi-même, et, si l'on est mauvais
développer en soi la moralité, voilà le devoir de l'homme
»150.
En somme, l'actualité de l'éducation est
marquée par des défis de moralité qui contraste avec les
efforts d'humanisation des hommes. Ces dévouements semblent tendre vers
une certaine noblesse : la sociabilité effective. Elle
comporte
l'idée selon laquelle la science de l'homme
qu'est l'éducation joue essentiellement un rôle d'humanisation
et de socialisation. Sa poursuite et sa réalisation résident, par
conséquent dans l'éducation des peuples. En dépit des
défis de moralité à relever, l'importance de
l'éducation semble demeurer dans son rapport à la moralité
dans la société. Cela se justifie par les efforts des hommes
à contrarier les maux nuisibles à la vie humaine, en les
élevant progressivement à des valeurs humaines. Dans ce cas,
l'éducation contribue-t-elle à l'édification de la
moralité ?
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