2) L'aléa moral
Dans le cas d'anti sélection l'asymétrie
d'information intervient avant ou ex-ante, au moment de la conclusion du
contrat, elle concerne la nature et la qualité des biens offerts sur le
marché.Mais, il est difficile d'anticiper le comportement de l'acheteur
après avoir acheté (ex-post). On parle alors d'un comportement
caché, ou de l'aléa moral. Cetteabsence de connaissance parfaite
du comportement après achat conduit à une situation où le
marché ne peut être traité de façon globale. Chaque
cas devient un cas particulier. Notamment, un autre exemple est souvent
cité dans le secteur de l'assurance, celui de l'assurance contre
l'incendie et le vol. Ici, on se demande si l'assuré prendra encore le
soin de se protéger contre les risques qu'il a couvert. La
réponse qui s'en suit est que trop d'assurances favorisent la perte de
précautions. En plus, c'est le casOù l'emprunteur peut cacher un
phénomène survenu après la conclusion du contrat de
prêt et peut influencer négativement le remboursement. Cette
situation empêche l'évaluation de la qualité de
l'emprunteur et de la décision d'octroi de crédit.
Bien, l'aléa moral modifie la nature de
l'équilibre par rapport à celui observé là
où les comportements sont rationnels et prévisibles. On distingue
une de situation. Où, l'individu non informé (le principal) ne
peut apprécier l'action de son partenaire (l'agent). Celui-ci est donc
tenté de se comporter dans son propre intérêt et d'annoncer
au principal non informé que les mauvais résultats sont le fait
d'événements indépendants de sa volonté. Par
exemple, l'effort des travailleurs est généralement
imparfaitement observable et ceux-ci peuvent avoir intérêt
à profiter de cet état de fait pour tirer au flanc et
déclarer que les mauvaises performances ne sont pas la
conséquence d'un relâchement de leur effort (CREG 2016). Le
problème est donc différent de celui rencontré dans le cas
d'anti sélection, où l'individu non
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du risque de crédit les institutions de microfinance camerounaises :
cas d'AFIB S.A
informé doit sélectionner un bon partenaire ou
un bon produit. Le moyen de résoudre le problème du risque moral
est donc de trouver une procédure incitative, tandis que le moyen de
résoudre le problème de l'anti sélection est de trouver
une procédure permettant d'obtenir une information sur une
qualité intrinsèque d'un produit ou d'un individu. Comme on vient
de le suggérer, les problèmes liés à l'aléa
moral sont en général étudiés dans le cadre de
modèles (principal-agent). Le problème du principal est de
trouver une procédure qui incite l'agent à agir dans
l'intérêt du principal. Il peut notamment choisir d'investir dans
des techniques de contrôle direct de l'action des agents qui ne sont pas
infaillibles, il peut aussi imposer des contrats qui instaurent une
compétition sur les résultats, ou encore proposer aux agents de
collaborer sur une longue période : la durée de la relation
permet de mieux connaître l'effort moyen fourni par l'agent.
Se faisant, dans une relation de crédit, la situation
d'aléa moral apparaît dès lors que l'emprunteur qui a
unemeilleure information que le prêteur sur son activité une fois
en possession du prêt, change les caractéristiques du projet et
agit différemment de ce qui est prévu par le contrat de
prêt(Stiglitz et Weiss, 1981).
Sur le terrain, l'aléa moral prend différent
formes. Premièrement l'emprunteur peut supporter des risques excessifs
dans son activité, profitant du fait que le prêteur ne pourra
évaluer ces risques sans engager d'importants coûts.
Deuxièmement le phénomène d'aléa moral se traduit
par la dissimulation des résultats de l'activité de l'emprunteur
et troisièmement il apparaît sous la forme d'une insuffisance de
la qualité de gestion de l'emprunteur et notamment de la maîtrise
des coûts. Sous l'angle de la théorie d'agence, on voit que la
relation entre le prêteur (le principal) et l'emprunteur (l'agent) est
négativement affectée par le comportement opportuniste de ce
dernier, après la signature du contrat. Le prêteur va alors
chercher se protéger contre ce genre de comportement, et
s'intéresse a la forme optimale de prêt (le contrat de dette
standard) GALE et HELLWIG (1985), dans le quel le prêteur reçoit
un paiement fixe (non contingent aux résultats) lorsque l'emprunteur ne
fait pas faillite ou la valeur résiduelle de son investissement dans le
cas contraire.
Le client peut tenter d'exploiter l'avantage dont il dispose
pour agir de manière opportuniste. L'institution fait donc face à
unrisque de substitution des actifs ou d'aléa moral (Stiglitz et Weiss,
1981). Une fois le prêt accordé, le rendement du projet
dépend de l'action de l'emprunteur, de son comportement et de l'effort
fourni. L'emprunteur, après l'attribution du crédit, peut
entreprendre des activités risquées menant à
l'échec du projet financé. Il est incité
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du risque de crédit les institutions de microfinance camerounaises :
cas d'AFIB S.A
soit à choisir un projet plus risqué que le
projet objet du financement Stiglitzet Weiss(1981), Stiglitz(1990),
citée par (RIM, 2012), soit à fournir de moindres efforts pour
réussir son projet(Innes, 1990, 1993), citée par (RIM, 2012).
L'aléa moral résulte ainsi d'un non-respect des termes du
contrat.
Certes, l'emprunteur peut allouer les fonds
prêtésà des fins plus risquées que prévu,
soit pour son usage personnel soit pour investir dans des projets non rentables
susceptibles de renforcer sa richesse personnelle. Il se trouve ainsi dans
l'impossibilité d'honorer son engagement envers l'institution de
microfinance. En augmentant son exposition au risque, il augmente l'exposition
de l'institution de microfinance au risque de crédit. Comportement qui
est préjudiciable au prêteur, car la probabilité de
remboursement du crédit est nulle. Ce manqued'informations peut
impliquer une mauvaise allocation de crédit et expose l'institution de
microfinance à un important risque de crédit. Certes,
l'aléa moral ou comportement ex-postse produit à
l'échéance du contrat. L'emprunteur peut par mauvaise foi choisir
de ne pas honorer ses engagements enversl'institution de microfinance. Un autre
élément qui vient encore accentuer le risque de crédit
dans les IMF est celui des coûts de transaction.
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