Section 2 : mise en relation entre l'asymétrie
d'informationet le risque de crédit dans les établissements de
microfinance
Le marché du crédit de la microfinanceest
caractérisé par une incertitude. Les informations qu'on y trouve
sont imparfaites et asymétriques. Ceci, parce que la clientèle
qui vient solliciter le crédit ne fournit pas toutes informations sur
son projet à l'institution et aussi, parce que l'environnement où
les deux évoluent ne pas favorable à la prévision d'un
éventuel risque de non remboursement.Bien plus, la présence de
l'asymétrie d'information entre la microfinance et son client ; pousse
le prêteur à se protéger contre un éventuel risque
de crédit par le renchérissement du prix des servicesrendus
c'est-à-dire par l'augmentation du taux d'intérêt. Ce qui
entraine les coûts de transaction importants que les potentiels
emprunteurs n'arrivent pas toujours à supporter, d'où le risque
de crédit.
A) Les caractéristiques de l'asymétrie
d'information
L'asymétrie d'information est un terme utilisé
dans le cadre de l'exécution d'une transaction ou de l'entretien d'une
relation commerciale entre deux parties, où une partie détient
pour elle les informations sur la chose qui fait l'objet de la transaction et
la cache à son vis-à-vis. C'est suite à la
démonstration de (AKERLOF, 1970)9, sur le marché de la
vente des voitures d'occasion, où les vendeurs connaissent mieux que
l'acheteur la qualité des voitures qu'ils vendent. Cet exemple
démontre que l'on peut aboutir à une sélection adverse ou
anti sélection des mauvais produits au détriment des bons, et
aussi de l'aléa moral après la transaction. La présence de
l'asymétrie d'information dans une transaction peut
détériorer le
9AKERLOF, G., (1970), « the Market of the
lemons», EncyclopædiaUniversalis.
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bon fonctionnement des marchés. Notamment, les vendeurs
se protègent soit en garantissant aux consommateurs la bonne
qualité des leurs produits ou de retirer leurs voitures du
marché.
De même, l'asymétrie qui touche le secteur de
l'assurance est caractérisée par l'impossibilité de
l'assureur de connaître les qualités intrinsèques des
personnes qui veulent se couvrir contre un éventuel risque. Dans la
tarification, la pratique de la prime moyenne pour l'ensemble des
assurés sera préjudiciable pour la compagnie dans la mesure
où, les dépenses engagées par les assurés à
risque élevé représentent beaucoup plus en volume et en
valeur, que celles retenues dans l'hypothèse d'un risque moyen. Un tel
choix leur est favorable. Cependant, les assurés représentant
moins de risque vont sortir du marché. L'anti sélection, est donc
le fait de ne pas assurer un grand nombre de personnes potentiels du fait de la
hausse de la prime par rapport au risque.Le manque d'information a permis
à la compagnie de ne pas cerner les types de risques. Se faisant
l'asymétrie informationnelle ressort deux concepts qui sont l'anti
sélection et l'aléa moral.
La présence du risque de crédit provient de
l'asymétrie d'information qui rend difficile l'évaluation des
emprunteurs. La capacité de l'institution de microfinance à
collecter les informations sensibles et à bien les gérer dans les
processus d'octroi de crédits, peut réduire l'exposition au
risque de crédit. L'information dans la relation de crédit est
asymétriquement distribuée, on conçoit aisément que
l'emprunteur est mieux informé sur les paramètres qui vont
déterminer la rentabilité de son projet, de la conjoncture de son
secteur et de son risque d'exploitation que le prêteur. Bien plus,
l'asymétrie d'information crée les problèmes d'anti
sélection ou la sélection adverse et d'aléa
morald'où une augmentation des coûts du crédit pour
rémunérer le risque.
1) L'anti sélection
L'anti sélection provient du fait d'un manque
d'informations qui se déclare au moment de la signature du contrat
(ex-ante). Lorsque les acheteurs ne cernent pas la qualité de biens
qu'ils désirent acheter, et que les vendeurs surestiment la
qualité de leurs produits afin de les vendre à un prix le plus
élevé possible. Les acheteurs ne peuvent donc ni avoir confiance
dans les déclarations des vendeurs, ni déduire qu'un prix
élevé signifie une bonne qualité. Dans un tel cadre, les
vendeurs de biens de bonne qualité, qui valent effectivement un prix
élevé,
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peuvent être dans l'impossibilité de vendre leur
produit à leur véritable prix dans la mesure où les
acheteurs doutent de sa qualité.
La sélection adverse se traduit par le fait qu'en cas
d'augmentation du taux d'intérêt, seuls les projets les plus
risqués mais en principe les plus rémunérateurs sont
compatibles avec le financement par emprunt. De ce fait, les taux
élevés n'attirent que les emprunteurs les plus risqués.
Dans le contexte de la microfinance, l'incitation adverse implique que,
après avoir contracté un crédit à un coût
élevé, les emprunteurs sont incités à mettre en
oeuvre les projets les plus risqués afin d'améliorer leurs
gains.
Ainsi dans le cadre de la relation de crédit,
l'emprunteur est le seul capable d'évaluer les probabilités de
succès de son projet d'investissement au moment où il veut le
financement. Il sait pertinemment sur la réussite de son projet, et
aussi s'il sera en mesure de rembourser ses dettes ou non, et le prêteur
ne peut estimer la probabilité de résultat du projet et du
remboursement sans engager des coûts d'où les coûts de
transaction quoi seront développés dans la suite de notre
travail. L'anti sélection apparaît quand les paramètres du
prêt empêchent le prêteur de distinguer les critères
de choix. Il est incapable de distinguer le risque que représente chaque
emprunteur. En appliquant les critères généraux aux
prêts il va attirer les mauvais emprunteurs et les bons vont quitter le
marché. Le phénomène d'anti sélection
soulève deux hypothèses, dans lesquelles.
? Premièrement les emprunteurs de bonne qualité
doivent prendre des mesures pour se signaler aux prêteurs (IMF) on parle
de (l'équilibre de signalement). A travers des variables
financières ou signal, les bons emprunteurs ont intérêt
à annoncer publiquement les informations qui permettent aux IMF de
distinguer leurs projets de ceux de moins bomme qualité. D'après
(Leland et Pyle, 1977), citée par (Rim, 2012), l'asymétrie
d'information qui caractérise les marchés des capitaux sont
prononcées. Les emprunteurs qui ont une meilleure connaissance des
paramètres de leurs projets, doivent communiquer aux IMF toutes
informations qu'elles gagneraient à connaître. En effet, (Akerlof,
1970) dans son modèle d'application d'un prix moyen à tous les
emprunteurs, aurait comme conséquence de chasser les emprunteurs de
bonne qualité. Toutefois, Pyle et Leland préconisent comme
solution à ce problème, le fait pour l'emprunteur d'investir une
part importante de son patrimoine dans le projet, action qui au vue de
l'institution est considérée comme un signal fort, et traduit
l'attachement de l'emprunteur à la réussite de son projet.
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? Deuxièmement les prêteurs doivent inciter les
emprunteurs par des mécanismes qui les amènent à relever
leur véritable nature, (l'équilibre séparant). Quand
l'emprunteur reçoit un prêt après un filtrage (utilisation
d'une technologie de filtrage séparant les bons des mauvais). Pour (Wang
et Williamson, 1993),les coûts de sélection (sreeningcosts)
découlant de l'asymétrie d'information ex-ante sont bien plus
importants que les coûts de vérification (vérification and
auditingcosts), liés à l'asymétrie d'information ex-post.
De là ils préconisent aux prêteurs de filtrer les
emprunteurs sur le marché de crédit.
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