3. Initiatives pour renforcer le nombre de femmes dans
les sciences
Afin d'explorer des pistes possibles, nous allons citer
quelques initiatives dont le but est de renforcer le nombre de femmes dans les
formations scientifiques. Les exemples cités ici sont issus d'une simple
recherche sur internet, et il ne fait aucun doute qu'il en existe bien
d'autres, le but n'étant pas de dresser la liste complète des
initiatives mais de montrer qu'elles existent et que le sujet de la faible
représentation des femmes dans les sciences semble être
d'actualité. En ce qui concerne les sciences en général,
ou les STEM, les initiatives pour renforcer la représentation des femmes
existent depuis longtemps et se concentrent surtout sur les adolescentes, afin
de lutter contre l'autosélection et l'orientation par défaut vers
des métiers dits « féminins ». Depuis la rentrée
2012, une option Informatique et Sciences du numérique, a
été introduite par le Ministère de l'Education Nationale
pour les élèves de terminale, mais là encore, les filles
pourraient pratiquer l'autosélection et ne pas prendre cette option, il
faut donc d'autres actions en complément. L'association Femmes
Ingénieurs mène de nombreuses actions et intervient notamment
dans les collèges, lycées, classes préparatoires et
écoles d'ingénieur.e.s mais aussi auprès des entreprises
et organismes publics. Leurs actions visent à « attirer plus
d'étudiantes vers les formations d'ingénieur, à encourager
les femmes ingénieurs à gérer leur carrière
professionnelle avec dynamisme et à faire tomber un certain nombre de
stéréotypes tout en intégrant les évolutions de
comportement de la société. »
La contributrice du magazine Forbes, que nous citions plus
haut, pense également qu'il faut « combattre les
stéréotypes. Il faut plus de visibilité pour les femmes
ingénieures qui sont accomplies, afin que les jeunes filles sachent
qu'il n'y a pas que des hommes derrière la technologie qu'elles
utilisent chaque jour
69
http://www.forbes.com/sites/work-in-progress/2012/06/20/stem-fields-and-the-gender-gap-where-are-the-women/
70« College programs that divide students by experience
level will help alleviate fears of women who are inexperienced in tech and thus
less likely to pursue it. »
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(ma traduction71). » De nombreuses actions
sont donc menées, mais ne suffisent pas encore à empêcher
l'exclusion des femmes des sciences et de l'informatique. C'est que cette
exclusion est stratégique, comme l'exprime l'auteur d'un
article72 sur la culture geek excluante : « l'exclusion des
femmes de l'informatique était essentielle dans le processus
historique de professionnalisation de l'ingéniérie logicielle
» (ma traduction73). L'auteur fait le parallèle avec la
professionnalisation de la médecine, qui s'est également
fondée sur l'exclusion des femmes. Il s'agit donc de défaire
cette exclusion au coeur de la profession. On entend de plus en plus souvent
qu'il faut « lutter contre les stéréotypes », qui
seraient responsables de la division sexuelle du travail. Mais les
stéréotypes sont des représentations et n'existent pas
sans les pratiques sociales. Ne serait-ce pas plutôt les pratiques
sociales qu'il faudrait combattre en priorité ? Une transformation des
pratiques sociales entrainerait alors une transformation des mentalités,
tandis que l'inverse semble très utopique. La cause est alors à
chercher du côté matériel et humain, car ne parler que de
stéréotypes permet de ne pas nommer l'humain, et empêche
donc de voir les causes réelles de l'exclusion des femmes, les
stéréotypes n'étant qu'un moyen d'exclusion, et non pas la
cause. Mais le coût économique de la lutte contre les pratiques
sociales et les institutions sexistes est bien plus élevé que
celui de la lutte contre des stéréotypes.
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