1.3.2 L'apprentissage
L'apprentissage est défini comme toute acquisition ou
tout changement de comportement issu d'interactions avec les autres et
l'environnement (Gasse& Guay,1997). Selon la théorie sociale
cognitive de Bandura (1977; 1986), l'apprentissage sous-tendra décision
de changer de comportement et dépend de deux croyances: celle de
l'efficacité du comportement et celle de l'efficacité personnelle
(Godin, 1991).
Par ailleurs, le concept d'apprentissage fait fonction de
concept pont dans le modèle McGill; il relie les autres concepts tout en
restant congruent avec les fondements du modèle. Ainsi, la santé
est un processus dynamique d'apprentissage, l'environnement est relié au
contexte social d'apprentissage, la famille possède la capacité
d'apprentissage et enfin les soins infirmiers comportent des
éléments d'apprentissage pour les deux, famille et
infirmière, d'où la réciprocité dans la relation.
Toutefois, le rôle de l'infirmière est d'engager la famille dans
le processus d'apprentissage. Le « faire-face » et le
développement sont des expériences d'apprentissage (Gasse&
Guay, 1997).
La réussite de ces expériences,
conceptualisées comme étant des compétences
développées (Allen, 1978), renforce chez la famille le sentiment
de l'efficacité personnelle qui, à son tour, renforce le
potentiel d'apprentissage.
Ainsi dans le cadre de notre étude, il nous importe de
comprendre les apprentissages réalisés par les familles pour
mieux saisir l'expérience familiale.
1.3.3 Le potentiel de santé
Allen relie le potentiel de santé à la «
probabilité de changer » d'une famille qui se manifeste par
être « prêt et capable » d'effectuer un changement
positif (Ford-Gilboe, 2002a). Pour être plus explicite, elle identifie
trois aspects au potentiel de santé soit: les forces, les ressources et
la motivation. Ainsi, chaque personne/famille possède des forces, des
motivations et des ressources, ou un potentiel de santé, qui constituent
les éléments de base pour son engagement dans le processus de
travail pour la santé (Allen, 1983, 1986; Gottlieb & Rowat,
1987).
Selon Feely et Gottlieb (2000), les forces permettent à
l'individu et à la famille de composer avec les défis de la vie,
de changer et de se développer » (p. 12). Les forces
représentent les capacités internes, telles que la
cohésion familiale et la résilience, incluant les aspects du
fonctionnement familial et les qualités individuelles comme la
personnalité. Ainsi, d'après Feely et Gottlieb (2000), les forces
résident dans: 1) des traits individuels ou familiaux comme l'optimisme
et la résilience, 2) des atouts, comme le revenu, 3) des
capacités, des habiletés et des compétences
développées par les familles ou leurs membres comme les
habiletés à résoudre les problèmes, 4) et des
qualités plus transitoires comme la motivation. Les ressources de la
famille en tant qu'unité représentent plutôt les atouts
externes comme le réseau social et le soutien communautaire (p. 12).
Selon Ford-Gilboe, (1997) les forces et les ressources
familiales ne sont pas statiques, mais résultent d'une structure et
surtout d'un fonctionnement global de la famille. Ainsi, le caractère
unique, dynamique et complexe des relations inter personnelles dans la famille
incite les chercheurs à s'intéresser davantage aux
résultats de la mobilisation des forces et des ressources tels que
l'adaptation et le développement, ou aux facteurs précurseurs
d'un fonctionnement favorisant leur émergence telle la motivation. La
motivation est basée sur la croyance en sa propre capacité
d'influencer la santé.
Toutefois, le modèle McGill reconnaît que le
potentiel de santé varie d'un individu à un autre et d'une
famille à une autre. Chaque personne amène à la situation
son patrimoine génétique, son histoire personnelle et sa
constitution physiologique, psychologique et sociale (Gottlieb & Rowat,
1987).
Dans le cadre de notre étude, il nous importe de bien
comprendre les forces et les ressources mobilisées pour
reconnaître le potentiel de santé des familles qui vivent
l'expérience de l'épilepsie.
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