2-1-1-Réduction de
l'asymétrie d'information et des coûts d'agence :
Vu les effets pernicieux de l'asymétrie d'information
sur la valeur de l'entreprise, les managers tentent de réduire via le
choix de sa politique de financement. Ainsi le recours optimal à
l'endettement est celui qui permet de minimiser les coûts d'agence
à savoir les coûts liés à l'endettement et ceux
liés à l'appel des actionnaires externes. Myers et Majluf
(1984)
Le recoures à la dette bancaire permet de
réduire les coûts d'asymétrie d'information
Recasens (2001). En effet, la théorie de signal stipule que les
décisions des managers fournissent des informations aux utilisateurs
externes qui sont moins informés. Akerlof (1970) Ainsi, un niveau
élevé de dette peut représenter un signal de confiance
émis par les managers sur la bonne situation de la firme, Lobez et
Statnik (2007). En outre, selon Modigliani et Miller (1958) ont montré
que l'endettement élevé est une garantie qui peut attirer
l'attention des investisseurs sur la performance de la firme, Kebewar(2011). De
plus, le recours à la dette pour financer les projets constitue un
signal de l'existence de bonne opportunité d'investissement et de
croissance, d'autre part, seule l'entreprise rentable et performante est
capable de supporter un endettement relativement élevé et honorer
ses engagements à l'échéance. Donc le niveau d'endettement
de l'entreprise constitue un des principaux signaux utilisés sur le
marché financier puisque ce dernier juge la firme sur la base de sa
politique d'endettement, Nekhili (1999).
D'un autre coté, le financement par endettement
bancaire peut être considéré comme le moyen le plus
efficient pour tisser les relations entre l'entreprise et sa banque, ce qui
pourrait réduire les coûts de financement, Boot (2000). De plus,
ces relations servent à réduire l'asymétrie d'information.
En effet en prêtant ses fonds, la banque sera plus motivée
à contrôler l'entreprise et bien connaitre les projets à
financer. Ainsi cette relation de prêts génère un ensemble
d'information permettant de réduire l'asymétrie d'information.
Par ailleurs, le paiement des intérêts de la dette à
l'échéance va réduire la possibilité
d'investissement sous optimal de la part de dirigeant.
Dans ce contexte, Sharpe et al (1998) ont souligné le
rôle du financement bancaire dans l'atténuation des
asymétries informationnelles, en effet l'accès des
intermédiaires financiers et surtout les banques aux informations
internes des firmes leurs procurent un avantage informationnel. Il en
résulte donc une diminution des couts d'agence. De sa part, Sharpe
(1990) a affirmé que, dans un contexte d'asymétrie d'information,
la banque prêteuse, peut avoir recours à un audit de l'entreprise
cliente afin de s'assurer de la bonne utilisation de ses fonds. Ainsi,
contrairement aux autres créanciers, la banque sera en mesure de mieux
évaluer la réussite des projets de cette firme.
Johnson (1997) a trouvé que certaines entreprises,
même si elles s'adressent au marché de dette publique, elles
financent une partie de leurs investissements par dettes bancaires. Ceci
signifie que la réputation de ces entreprises n'est pas un substitut
parfait à l'audit des banques. Pour Diamond (1991), les firmes ayant
atteint une certaine maturité ont recours au marché financier
pour financer leur investissement. Par contre, les firmes à faible
maturité préfèrent la dette bancaire et ceci pour
bénéficier de l'audit effectué par la banque et par
conséquent de la certification qu'elle lui attribuera suite à cet
audit. Donc, les banques disposent d'un avantage informationnel par rapport aux
autres créanciers. Cet avantage peut être quantitatif lié
au coût d'acquisition de l'information ou qualitatif lié à
la nature des informations accessibles.
Selon Jensen(1986), si la firme génère des cash
flow discrétionnaires (free cash flow) substantiels, ceci va être
à l'origine des conflits d'intérêt entre les dirigeants et
les actionnaires. Donc, les coûts d'agence apparaissent dés que
les dirigeants investissent ce cash flow à un taux inférieur au
coût de capital ou dans des entreprises inefficientes. Par ailleurs,
Jensen(1986) affirme que l'émission de la dette est la meilleure
solution pour réduire les fonds disponibles à la
discrétion des managers et pour permettre aux créanciers de
mettre en faillite l'entreprise si elle n'arrive pas à honorer ses
engagements. Il insiste donc sur le fait que le financement par dette
réduit les free cash flow disponible aux managers de l'entreprise et
empêchent ceux-ci de détourner les fonds.
Dans un autre contexte, Harris et Ravis(1990) stipulent que si
l'entreprise est liquidée, le dirigeant perd son emploi, les
actionnaires et les créanciers peuvent récupérer une
partie de leurs fonds et peuvent par la suite investir dans des
activités plus rentables. Selon Harris et Ravis(1990), la dette
constitue un bon moyen pour résoudre les conflits, en fait,
l'incapacité de rembourser la dette par le manager aux actionnaires et
aux créanciers pour liquider l'entreprise. Mais avant de prendre une
telle décision, les actionnaires et les dirigeants cherchent des
informations supplémentaires pour s'assurer de l'opportunité
d'une telle décision. Dans le cas contraire, la firme va être
liquidée. Le coût de la recherche de cette information
supplémentaire est celui qui constitue le coût d'agence de la
dette. Donc pour conclure, le modèle de Harris et Ravis(1990)
prédit que les entreprises ayant une valeur de liquidation
élevée (avec des actifs tangibles élevés) auront
plus de dettes et auront un risque de défaut plus important.
Sachant que les coûts d'agences jouant un rôle
important dans la détermination de la structure de capitale de la firme,
plusieurs études ont essayé de proposer une variable permettant
l'estimation de ces couts d'agence. Dans ce cadre deux variables peuvent
être cités :
-Pour accroitre l'information dont disposent les
créanciers sur la situation de l'entreprise, la présence
d'institutions financières dans le capital. De cette dernière,
permet de limiter les coûts d'agence et encourager l'endettement.
-Lorsque les créanciers de l'entreprise sont peu
informés sur projets, l'octroi de financement dépend de la
capacité de l'entreprise à fournir les garanties sous la forme de
nantissement ou d'hypothèques. L'obtention de telles garanties devrait
contribuer à minimiser le coût d'agence de la dette et encourager
l'endettement.
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