WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Estimation et stabilité de la fonction de demande de monnaie en Algérie

( Télécharger le fichier original )
par Anissa ATMANI
Université Abderrahmane Mira - Bejaia  - Master en Scs économiques  2016
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

CHAPITRE 03

Présentation des données et choix des

variables

Introduction

Après la phase d'investigation théorique et empirique, menée dans les chapitres précédents, il est intéressant et nécessaire de procéder à une évaluation économétrique des déterminants de la demande de monnaie en Algérie durant la période allant de 1970 jusqu'à 2014.

La fonction de demande de monnaie exprime un ensemble de relations existant entre la masse monétaire et quelques agrégats économiques. La première difficulté qui se pose à la formalisation de la demande de monnaie concerne l'identification de cette fonction. En effet, le choix de la mesure appropriée de la monnaie, la variable d'échelle et de la variable de coût d'opportunité est très important.

La fonction de demande de monnaie doit permettre de mettre en vigueur les liens stables dans le temps entre la quantité de monnaie et les grandeurs macroéconomiques tels que le produit intérieur brut (PIB), le produit national brut (PNB), le taux d'intérêt, le taux inflation, le taux de change ...ect. Ainsi, toutes les fonctions de demande de monnaie ont convergé sur les spécifications d'un modèle avec comme variable d'échelle : le revenu, variable de rendement ou d'opportunité : le taux d'intérêt et le taux d'inflation.

Comme nous l'avons vu, cette fonction est un élément essentiel dans la formulation de la politique monétaire. En outre, une fonction de demande de monnaie stable est une condition nécessaire pour exercer une influence prévisible sur l'économie de sorte que le contrôle des agrégats monétaires peut être un instrument utile de la politique économique. Elle permet aux dirigeants de mieux prévoir les conséquences de leurs politiques monétaires, mieux les planifier, et mieux les utiliser. Ainsi, une estimation robuste et fiable est impérative.

Dans ce chapitre, nous procéderons dans un premier temps à la spécification du modèle de la demande de monnaie, le point de départ dans toute recherche économétrique. Cette spécification implique la détermination de la variable expliquée et des variables explicatives du modèle, les signes des paramètres et la forme mathématique du modèle. Puis nous intéresserons à la source des données qui seront mises en application dans le cadre de ce travail.

1. La forme fonctionnelle de demande de monnaie

Comme nous avons vu, il existe différentes théories de demande de monnaie, soulignant différentes considérations et impliquant différentes hypothèses théoriques testables.

La demande de monnaie, dans une première analyse, est déterminée par l'équation dite de Cambridge qui résulte des travaux d'A. Marshall ?1923? et A. C. Pigou ?1917? et qui est telle que :

Md = K. P. Y ......... .......... (5)

Où P représente le niveau général des prix et Y le revenu nominal réel.

Une motivation majeure de la détention d'encaisses monétaires est le besoin de réaliser des transactions, c'est-à-dire d'acquérir et de vendre des biens et des services. Ce que les gens apprécient dans la monnaie, c'est son pouvoir d'achat. La demande de monnaie s'exprime donc en termes réels et non nominaux59.

Masse monétaire réelle = M/P ................................. (6)

Où M est la masse monétaire nominale et P le niveau général des prix.

La masse monétaire réelle reste inchangée lorsque la masse nominale augmente exactement dans les mêmes proportions que le niveau des prix. Toutes autres choses étant égales par ailleurs, si l'offre de monnaie et le niveau des prix doublaient, il n'y aurait aucun impact sur l'économie réelle.

M. Friedman ?1956? va, à son tour, reformuler une théorie de la demande de monnaie et, contrairement à Keynes, dans la Théorie Générale, celle, entre autres, de l'instabilité de la préférence pour la liquidité, il va en faire une fonction stable et déterminée par un certain nombre de variables.

Selon Friedman, le revenu mesuré ne peut être un déterminant crédible de la demande de monnaie, car il crée une antinomie des comportements de la vitesse de circulation de la monnaie à long et court terme60. Il pense alors, à une autre variable explicative, la richesse : il conçoit un nouveau concept qui combine revenu et richesse, le revenu permanent. En effet, si l'on prend en considération ce dernier, la contradiction disparait, donc la demande de monnaie apparait très stable. Il apparait, ainsi, comme l'élément explicatif le plus important de la demande d'encaisses.

Le revenu permanent ne peut, cependant, à lui seul, expliquer la demande de monnaie. Friedman prend en considération d'autres variables le niveau des prix et le taux d'intérêt. La

59 Burda M. et Wyplosz C. (2003), Macroéconomie : une perspective européenne, De Boeck, Bruxelles.

60 Lehmann P. J. (2011), La politique monétaire : institutions, instruments et mécanismes, Hermès Science publications, Paris.

fonction de demande d'encaisses monétaire réelles peut s'écrire sous la forme simplifiée suivante61 :

Md / P = f (Yp, r, j(a), c) ................................... (7)

Où Yp représente le revenu permanent utilisé comme approximation de la richesse, r représente le rendement des actifs financiers, j(a) représente le taux d'inflation anticipée et c représente des goûts et les préférences des individus.

Cette analyse conclut que la demande de monnaie est d'autant plus élevée que le niveau des richesses est grand, que le rendement des autres actifs est bas, que le taux d'inflation anticipée est faible.

Entre autres, la théorie keynésienne de la demande de monnaie est fondée sur trois motifs : de précaution, de transaction et de spéculation. Ce dernier motif est lié au taux d'intérêt qui apparait comme un élément central pour calculer le cout d'opportunité de la détention d'une encaisse monétaire.

Cependant, toutes les théories traitant de la demande de monnaie partagent des éléments communs importants. Elles suggèrent que la quantité de monnaie désirée dépend essentiellement d'un petit groupe de variables : une variable d'échelle, et le coût d'opportunité de détention de monnaie. On peut écrire cette relation sous la forme d'équation comme suite :

M / P = f (R, Y) ............... ...... (8)

Où (M / P) représente la demande d'encaisses réelles, Y une variable d'échelle, et R un vecteur de rendement anticipé des actifs monétaires ou alternatifs à la monnaie, représentant le coût d'opportunité de la détention de la monnaie. Cette spécification tient à la fois compte des trois rôles que joue la monnaie au sein de l'économie : instrument des échanges, réserve de valeur et unité de compte.

En outres, les variables standards identifiés dans la littérature macroéconomique, plusieurs études empiriques ont inclus d'autres variables jugées pertinentes et susceptibles d'affecter la demande de monnaie selon l'approche envisagée ou les pays concernés. Par exemple, Goldfeld [1973], Nell [1999], Mcgibany et Nourzad [1995]62 ont souligné la nécessité de reconnaître la volatilité du taux de change comme facteur affectant la demande de monnaie aux Etats-Unis.

61 Manoury J. (2009), Des délices de l'inflation aux affres de la déflation : une lecture keynésienne de la crise, Publications de l'Université de Rouen et du Havre, Paris.

62 Hanafiah H. (2012), loc.cit., p 1.

Busari [2004163 a met l'accent sur le rôle des innovations financières et la croissance technologique comme facteurs affectant la demande de monnaie au Nigeria. De même, Ayad F. [2013]64, dans son étude sur la demande d'encaisses réelles et ses déterminants en Algérie, a conclu que l'incertitude économique est un facteur déterminant de la demande de monnaie.

L'économie algérienne est caractérisée par un système financier très peu développé où les agents économiques ne disposent pas d'autres types de placements en actifs financiers alternatifs à la monnaie. Le marché monétaire algérien existe depuis quelques années seulement et seules les banques et quelques particuliers y interviennent.

Ainsi, dans cette étude, nous retiendrons l'agrégat M2 comme mesure de la masse monétaire, le PIB réel (variable d'échelle) et le taux d'intérêt qui mesure le rendement d'une partie des composantes de M2. Nous incluons également deux autres variables qui sont jugées importantes dans les économies en développement : le taux d'inflation et le taux de change.

De ce fait, conformément aux théories précédemment passées en revue, nous retenons une spécification de l'équation de long terme de la forme :

M = f (PIB, TINT, TCH, INF) . (9)

Toutes les séries d'origine ont été transformées en logarithme. Cette spécification à l'avantage d'éviter les problèmes d'hétéroscédasticité, ce qui revient à écrire :

Log RMt = J30 + J31 log PIBt + J32 log TINTt + J33 log TCHt + J34 log INFt + ?t . (10)

Avec:

- Log RMt : le logarithme de la masse monétaire M2 qui constitue la variable à expliquer ;

- Log PIBt : le logarithme du produit intérieur brut réel ;

- Log TINTt : le logarithme du taux d'escompte de la banque d'Algérie ; - Log TCHt : le logarithme du taux de change ;

- Log INFt : le logarithme du taux d'inflation mesuré par l'IPC ; - J30, J31, J32, J33, J34 sont les paramètres à estimer ;

63 Doguwa S.I. (2014), «Structural breaks, cointegration and demand for money in Nigeria», CBN Journal of Applied Statistics, Vol. 5, No.1, pp. 15-33.

64 Ayad F. op.cit., p. 88.

2.1. L'agrégat monétaire

- ?t : le terme d'erreur qui tient compte de toutes les variables quantitatives ou qualitatives non intégrées dans le modèle. C'est l'erreur d'estimation.

L'équation (10) comme un modèle de demande de monnaie ne peut être pertinent pour l'élaboration de politiques efficaces que si la relation entre les variables soit stable sur une longue période de temps. Sur le plan pratique, il faut souligner que cette question a des implications très importantes pour la conduite de la politique monétaire. Pour autant, la connaissance du caractère stable ou non de la demande de monnaie reste primordiale. En effet, l'utilisation d'un agrégat de monnaie comme objectif intermédiaire de la politique monétaire dépend, entre autres choses, de la stabilité de la fonction de demande qui l'unit aux variables explicatives.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Un démenti, si pauvre qu'il soit, rassure les sots et déroute les incrédules"   Talleyrand