2. Le choix des variables et sources des données
Notre étude se base sur les séries temporelles
ayant pour objectif d'analyser l'évolution des différentes
variables dans le temps. Dans notre application économétrique, en
se basant sur les études qui ont été
réalisées dans le sens de la relation entre la demande de monnaie
(M2) et ses déterminants, nous avons repris les variables capitales
expliquant la demande de monnaie en Algérie.
Le modèle précédemment
spécifié appelle quelques commentaires d'ordre
méthodologique, notamment du point de vue de la collecte des
données.
La plupart des données proviennent essentiellement de
la Banque d'Algérie et couvrent les périodes allant de 1970
à 2014. Le taux de change est exprimé en nombre de dinars
algérien pour un dollars américain. On a utilisé l'Indice
des Prix à la Consommation pour mesurer l'inflation. La masse
monétaire est représentée par l'agrégat M2. Le PIB
est intégré dans le modèle comme une mesure de la
croissance économique, nous avons pris le PIB réel corrigé
des effets de l'inflation. Concernant le taux d'intérêt, il est
représenté par le taux d'escompte annuel pratiqué par la
banque d'Algérie. Toutes les données sont annuelles.
Le choix de la période de temps dans ce travail a
été subordonné à la disponibilité des
données de séries chronologiques sur toutes les variables
incluses dans le modèle.
La majeure partie des travaux empiriques a limité les
définitions employées, dans le choix de l'agrégat
monétaire aux espèces plus les dépôts à vue,
ou aux espèces plus les dépôts à vue plus les
dépôts à terme. Il est tout-à-fait justifié
de limiter les définitions de la monnaie car les théories
empiriques, non seulement clarifient la théorie de la demande de monnaie
en tant que telle, mais aussi sont supposées indiquer les effets de la
politique économique et en particulier de la politique
monétaire65.
Notre choix de l'agrégat monétaire se fonde sur
la masse monétaire au sens large M2, constituée de la masse
monétaire au sens strict M1, et de la quasi monnaie c'est-à-dire
les dépôts à terme. M1 est égal à la somme
des billets, des pièces en circulation, et des dépôts
à vue. Les billets et les pièces en circulation constituant la
monnaie fiduciaire. Dans ce travail, la masse monétaire est
exprimée en terme réel déflaté par l'indice des
prix à la consommation de base 2010.
En raison de sa plus directe contrôlabilité par la
banque centrale, l'agrégat M1 aurait pu être
considéré, mais le choix de M2, nous semble plus judicieux
à partir du moment où c'est cette variable qui est suivie par la
banque d'Algérie, comme indicateur de la politique monétaire.
Tableau n0 1 : Evolution de la masse monétaire M2 de
1970 à 2014
En milliards de Dinars
Année
|
1970
|
1971
|
1972
|
1973
|
1974
|
1975
|
1976
|
1977
|
1978
|
Masse monétaire
|
13,08
|
13,93
|
18,14
|
22,93
|
25,77
|
33,75
|
43,61
|
51,95
|
67,46
|
Année
|
1981
|
1982
|
1983
|
1984
|
1985
|
1986
|
1987
|
1988
|
1989
|
Masse monétaire
|
109,15
|
137,89
|
165,93
|
194,72
|
223,86
|
227,02
|
257,90
|
292,96
|
308,15
|
Année
|
1990
|
1991
|
1992
|
1993
|
1994
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
Masse monétaire
|
343,01
|
415,27
|
515,90
|
627,43
|
723,51
|
799,56
|
915,06
|
1081,52
|
1592,46
|
Année
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
2006
|
2007
|
Masse monétaire
|
1789,35
|
2022,53
|
2473,52
|
2901,53
|
3354,42
|
3738,04
|
4157,59
|
4933,74
|
5994,61
|
Année
|
2008
|
2009
|
2010
|
2011
|
2012
|
2013
|
2014
|
|
Masse monétaire
|
6955,97
|
7173,05
|
8280,74
|
9929,19
|
11015,10
|
11941,50
|
13663,90
|
Source : la banque d'Algérie
Figure n07 : Evolution de la masse
monétaire réelle
65 Lailder D. (1974), La demande de monnaie :
théories et vérifications empiriques, Dunod, Paris.
12,000 10,000 8,000
6,000 4,000 2,000
0
|
RM2
Source :
|
|
1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000 2005 2010
réalisé
sur la base du logiciel Eviews 8.1
La figure n0 7 montre bien une tendance globale
haussière de la masse monétaire réelle. Pendant la
période de gestion planifiée 1970-1989, la masse monétaire
M2 a connu un accroissement significatif. En effet, pendant cette
période, l'offre de monnaie doit s'ajuster impérativement
à la demande de monnaie, le rôle assigné au système
bancaire national consiste à répondre à la demande de
crédit, exprimée par le secteur productif. De 1993-1996,
période d'ajustement structurelle, la masse monétaire, en terme
réelle, a subi une baisse remarquable avec une forte dégradation
du taux de liquidité. A partir de 2002, le contexte macro financier
s'est amplifié, les réserves officielles de change
détenues par la Banque d'Algérie garantissent la masse
monétaire de l'économie nationale. Depuis 2002, la masse
monétaire s'est vue doublé, elle passe de 1659,68 M Da à
6906,67 M Da. Cette croissance est plutôt alimentée par la hausse
des avoirs extérieurs nets, suite à l'augmentation des recettes
pétrolières. Néanmoins, en 2009, l'agrégat M2 a
subi une progression inférieure aux forts rythmes de croissance des
années précédentes, sous l'effet du choc externe 2009.
2.2. La variable d'échelle (le PIB)
La facilité des transactions est le principal motif de
la détention de monnaie. Le volume réel de l'activité
économique devrait donc influencer la demande de monnaie et induire une
relation positive entre le P11B réel et la masse monétaire
réelle.
La variable d'échelle dans la fonction de demande de
monnaie est utilisée comme une mesure des transactions relatives
à l'activité économique. Les théories de
transactions de demande de monnaie soulignent le niveau de revenu comme la
variable d'échelle la plus appropriée tandis que les
théories d'actifs mettent davantage l'accent sur la richesse. Le P11B
est la variable
66 Avouyi D.S. et al. (2003), «
Estimation d'une fonction de demande de monnaie pour la Zone Euro : une
synthèse des résultats », Bulletin de la banque de
France, n° 111, pp. 47-72.
d'échelle la plus courante dans les études
empiriques en dépit de ses lacunes connues, notamment les non-prises en
compte des transactions intermédiaires et financières, ainsi que
des transferts, ou la prise en compte de facteurs ne donnant pas lieu à
des transactions66.
Plusieurs recherches, ces dernières années se
sont concentrées sur la construction des variables d'échelle
basées sur des mesures de transactions plus générales,
d'autres variables d'échelle ont été proposées
(PNB, consommation, etc.), mais elles ont aussi un caractère partiel. La
seule alternative est constituée par des variables de stock (richesse ou
revenu permanent, etc.), mais elles ne sont pas toujours aisées à
évaluer.
Donc, c'est le PIB qui demeure la variable d'échelle la
plus largement utilisée, en raison de sa plus grande
accessibilité. Ici, nous utilisons le PIB réel comme proxy de la
variable de transaction. Conformément à la théorie
économique, nous anticipons un signe positif pour le coefficient ?1.
L'élasticité de la demande de monnaie par rapport au PIB mesure
l'accroissement en pourcentage de la demande de monnaie suscité par une
augmentation de 1% du PIB. Dans le long terme une fois les encaisses
monétaires totalement ajustées les élasticités sont
aussi souvent supérieures à l'unité.
Tableau n0 2 : Evolution du PIB réel de
1970 à 2014 En milliards de Dinars
Année
|
1970
|
1971
|
1972
|
1973
|
1974
|
1975
|
1976
|
1977
|
1978
|
1979
|
PIB réel
|
86,69
|
75,94
|
92,82
|
99,19
|
115,38
|
120,7
|
130,72
|
137,72
|
150,35
|
161,36
|
Année
|
1980
|
1981
|
1982
|
1983
|
1984
|
1985
|
1986
|
1987
|
1988
|
1989
|
PIB réel
|
162,5
|
167,46
|
178,09
|
187,78
|
195,47
|
205,76
|
204,37
|
197,96
|
185,75
|
196,04
|
Année
|
1990
|
1991
|
1992
|
1993
|
1994
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
PIB réel
|
212,92
|
215,33
|
220,14
|
214,5
|
207,76
|
217,8
|
225,11
|
227,57
|
237,47
|
246,85
|
Année
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
2006
|
2007
|
2008
|
2009
|
PIB réel
|
250,77
|
264,84
|
274,5
|
298,49
|
310,94
|
330,11
|
336,13
|
349,07
|
353,96
|
359,62
|
Année
|
2010
|
2011
|
2012
|
2013
|
2014
|
|
PIB réel
|
372,57
|
383
|
395,64
|
406,72
|
422,17
|
Source : la banque d'Algérie
67 Talabong H. (2012), « Demande de monnaie en
zone CEMAC : une modélisation par coïntégration avec
ruptures structurelles », L'Actualité économique,
Vol. 88, n° 4, p. 429-458.
Figure n0 8 : Evolution du PIB
réel
PIB r
450 400 350 300
250 200 150 100
50
|
|
1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000 2005 2010
Source : réalisé sur la base du
logiciel Eviews 8.1
Le P11B a connu une évolution sensible en
Algérie. Comme le montre la figure n0 8, alors qu'il
n'était que de 86,69 milliards de dinars en 1970, celui-ci a atteint
204,37 milliards de dinars en 1986, ceci résulte des recettes
générées par la fiscalité pétrolière.
On remarque que le P11B réel a subi une décroissance entre
1985-1988 (contre choc pétrolier de 1986), une autre régression
de la production entre 1992-1994, pour connaitre après une hausse
considérable à partir de 1996 ou la situation économique
algérienne a connu une amélioration de la performance
macroéconomique. En 2002, le pays a atteint un nouveau pallié de
croissance, lié aux performances du secteur des hydrocarbures, le P11B
en terme réel va connaitre une augmentation progressive continue.
|
|