2.4. L'inflation
Durant une phase d'expansion, on assiste à un
gonflement de l'émission monétaire accompagnant le mouvement
général. Si cette création monétaire gonfle
conjointement à la demande qu'elle tend à satisfaire,
c'est-à-dire si les encaisses réelles désirées des
agents s'équilibrent, le stock monétaire va évoluer au
même rythme que la croissance réelle de l'économie. Par
contre, si les encaisses désirées et réelles ne peuvent
pas s'ajuster, une réduction de la demande de monnaie va se prolonger en
un excès de liquidité : la surabondance des liquidités va
se reporter non seulement sur les actifs financiers mais aussi sur les biens
réels, pouvant à terme créer une hausse injustifiée
des prix.
La prise en compte du taux d'inflation dans la fonction de
demande de monnaie est à l'origine d'une controverse. Dans les
modèles théoriques, il n'affecte pas la valeur
désirée à long terme des encaisses réelles.
Toutefois, on estime parfois que sa prise en compte est nécessaire. Les
arguments avancés en faveur de ce choix sont les suivants69
:
Source : données du FMI
- Il permet une nouvelle para-métrisation du
modèle en termes d'encaisses réelles et de taux d'inflation ;
celle-ci permet de conserver l'hypothèse
d'homogénéité de la demande de monnaie par rapport au
niveau général des prix dans le long terme tout en n'imposant pas
cette hypothèse dans le court terme ;
- Il permet une simplification intéressante dans
l'estimation économétrique du modèle si les encaisses
nominales et le niveau général des prix sont I(2) tandis que les
encaisses réelles sont I(1) ;
- Il a été démontré que dans les
situations caractérisées par un mécanisme d'ajustement
à court terme et la persistance de l'inflation, le taux d'inflation peut
figurer dans la modélisation de demande de monnaie même s'il
n'apparaît pas dans la demande d'encaisses désirées de long
terme.
Cette question de l'inclusion ou non du taux d'inflation dans
l'équation de demande de monnaie est l'un des enjeux majeurs de tout
travail économétrique.
Dans les pays en développement en
général, en l'absence de marchés financiers viables
où les agents peuvent disposer de placements en actifs financiers
alternatifs à la monnaie, l'acquisition des actifs réels
apparaît souvent comme un moyen de se protéger contre les effets
de l'inflation. Plus le taux d'inflation est élevé, moins les
individus détiennent de monnaie en termes réels. Etant
donné que la détention d'encaisses réelles rend des
services, les individus sont d'autant moins satisfaits que le taux d'inflation
est plus élevé. De ce point de vue, il existe une relation
négative entre le taux d'inflation et la demande de monnaie, nous
estimons un signe négatif du coefficient associé au taux
d'inflation ?3.
Tableau n0 4 : Evolution du taux d'inflation
de 1970 à 2014
Année
|
1970
|
1971
|
1972
|
1973
|
1974
|
1975
|
1976
|
1977
|
1978
|
1979
|
IPC %
|
6,6
|
2,63
|
3,66
|
6,17
|
4,7
|
8,23
|
9,43
|
11,99
|
17,52
|
11,35
|
Année
|
1980
|
1981
|
1982
|
1983
|
1984
|
1985
|
1986
|
1987
|
1988
|
1989
|
IPC %
|
9,52
|
14,65
|
6,54
|
5,97
|
8,12
|
10,48
|
12,37
|
7,44
|
5,91
|
9,3
|
Année
|
1990
|
1991
|
1992
|
1993
|
1994
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
IPC %
|
16,65
|
25,89
|
31,67
|
20,54
|
29,05
|
29,78
|
18,68
|
5,73
|
4,95
|
2,65
|
Année
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
2006
|
2007
|
2008
|
2009
|
IPC %
|
0,34
|
4,23
|
1,42
|
4,27
|
3,96
|
1,38
|
2,31
|
3,67
|
4,86
|
5,73
|
Année
|
2010
|
2011
|
2012
|
2013
|
2014
|
|
IPC %
|
3,91
|
4,52
|
8,89
|
3,25
|
2,92
|
Figure n0 10 : Evolution du taux
d'inflation
INF
1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000 2005 2010
Source : réalisé sur la base du
logiciel Eviews 8.1
L'expansion de la masse monétaire, sans contrepartie
productive en biens et services, durant la période 1970-1986, s'est
traduite par un taux d'inflation en progression permanente. Les mesures prises
dans le cadre de réformes économiques notamment, celles relative
au plan d'ajustement structurel, ont touché le taux d'inflation lequel
est resté au stade de deux chiffres en quelques années. Nous
observons une évolution qui a connu en 1990, une augmentation brusque,
et à partir de 1996 une baisse drastique. Entre 1998 et 2000, on observe
une légère baisse du taux d'inflation.
|
|