A.2. Foncier urbain et aménagement du territoire
La croissance urbaine entraîne la consommation de
plusieurs ressources naturelles. La transformation de terres agricoles en
logements ou en routes tend à être permanente et n'est
Aménagement du territoire et croissance urbaine au
Cameroun
réversible qu'avec des coûts très
élevés. L'étalement urbain implique aussi le transport de
matières premières utilisées pour la construction,
l'ouverture de carrières à proximité de réserves
naturelles, une extraction excessive des graviers des lits de rivière.
Il modifie les propriétés des sols en réduisant leurs
fonctions essentielles (perméabilité, puits de carbone). Il
modifie les interactions entre eaux superficielles et eaux souterraines.
L'artificialisation des sols s'accompagne de leur
imperméabilisation, donc d'une amplification du ruissellement des eaux
de pluies, augmentant donc le niveau des crues. Celles-ci deviennent d'autant
plus dangereuses du fait de l'augmentation du nombre de logements construits
dans des zones inondables (Laugier, 2012).
B. La croissance démo-économique et
l'aménagement du territoire.
La théorie démo-économique met en
relation les populations et leurs richesses. Elle permet aussi de comprendre la
relation qui existe entre les populations et leur environnement.
B.1. Populations et richesse urbaine
La croissance démographique urbaine couplée
à l'exode rural met d'énormes pressions sur les politiques
publiques d'aménagement du territoire mais aussi sur les ressources
disponibles. En effet, La théorie démo-économique
malthusienne et ses prolongements contemporains situent, a priori, la relation
entre population et richesse dans un univers fini. Dans cet univers, la
progression de la population est positivement liée au niveau de vie et
se heurte à la contrainte des ressources qu'elle contribue
elle-même à exacerber. Le modèle malthusien et ses
prolongements directs se sont concentrés sur la relation entre la
population et les ressources naturelles et alimentaires. Sous
l'hypothèse de rendements marginaux décroissants de la
progression démographique, ils concluent que la croissance de la
population exerce une pression négative directe sur l'accumulation,
considérée alors comme le seul facteur de la progression des
niveaux de vie.
La liaison dynamique entre croissance démographique et
accumulation de capital est décrite par les analyses pionnières
de Coale et Hoover (1958). Ils identifient, sur une double base
théorique et empirique, une série d'effets démographiques
négatifs sur les conditions de l'accumulation.
Aménagement du territoire et croissance urbaine au
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L'effet de diversion détourne l'investissement
d'emplois directement productifs vers des emplois non directement productifs;
l'effet de dilution du capital résulte arithmétiquement de la
dynamique d'un rapport macroéconomique dont le dénominateur est
la taille croissante de la population; et l'effet de dépendance relie
négativement la capacité d'épargne d'un ménage ou
de l'économie avec la part des inactifs par rapport à la
population active.
Dans l'agriculture, la relation positive qui existe entre la
densité et la productivité (choix des techniques,
économies d'échelle, infrastructures) semble se transformer en
relation négative (rendements décroissants) pour des
densités trop importantes (supérieures à 100 habitants au
km2). Dans l'éducation, le ralentissement de la croissance
démographique est associé avec des dépenses par
élève supérieures, de même que pour les
dépenses par tête de santé ou de nutrition au sein du
ménage.
Dans le court terme, une moindre croissance
démographique diminuerait l'inégalité de la
répartition des revenus, dans le cas toutefois où les politiques
de population seraient orientées vers les groupes à revenu le
plus faible. Dans le long terme, l'avantage potentiel résulterait de
l'accroissement du prix du facteur travail relativement aux autres facteurs de
production. Bien que la plupart des problèmes liés au
développement urbain (pression sur les services et ralentissement du
développement du secteur moderne) aient été
amplifiés par la forte croissance démographique, le
ralentissement de cette croissance ne les réglera vraisemblablement
pas.
«La revue de la recherche postérieure à
1986, bien que ne suggérant pas de distances radicales par rapport aux
résultats du rapport de la NAS6 de (1986), conduit à
une conclusion quelque peu appuyée concernant les effets négatifs
de la croissance démographique sur les potentialités de
développement des pays en développement» (ONU, 1993)
Cassen et al. (1994) identifient, dans un certain nombre de
travaux récents, une perception nouvelle des conséquences de la
croissance démographique, moins neutraliste et insistant sur un certain
nombre de mécanismes négatifs :
Dans un premier temps, la forte croissance
démographique a ainsi, à moyen terme, et sous des conditions de
forte fécondité, des effets négatifs évidents aux
niveaux des individus et des
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Cameroun
ménages, particulièrement sur la santé et
les opportunités économiques des femmes et des jeunes.
Dans un deuxième temps, la forte croissance
démographique constitue également une contrainte importante pour
la provision de services publics adéquats en éducation et
santé, et diminue l'assurance d'opportunités d'emplois pour une
force de travail croissante. De façon à alléger ces
pressions qui exacerberont les problèmes dans le long terme, il est
nécessaire d'agir rapidement sur les problèmes de population
(Cassen et Bates, 1994).
Le consensus qui semble caractériser les années
quatre-vingt-dix, tel qu'il émane des débats et des travaux de la
Conférence Mondiale sur la Population et le Développement du
Caire de 1994, s'organise donc autour de plusieurs traits
caractéristiques. Ces traits sont fédérés par
l'idée dominante selon laquelle la croissance démographique est
un obstacle majeur à un développement soutenu (Amalric et Banuri,
1994).
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