B. Aménagement du territoire et économie
d'agglomération.
L'aménagement du territoire peut être source de
croissance économique d'un territoire dans la mesure où,
lorsqu'il est une réussite, on arrive à la formation des
économies d'agglomération.
B.1. Apport de l'économie
géographique
Les nouvelles théories de l'économie
géographique mettent l'accent sur le rôle de
l'agglomération. « L'agglomération peut être un
facteur de croissance, permettant de stimuler les autres facteurs de
productions de façon directe grâce à l'innovation,
grâce aux infrastructures de transport...et indirecte par le biais des
économies de l'agglomération » (Cureaux, 2000).
Aménagement du territoire et croissance urbaine au
Cameroun
Ainsi, pour l'économie géographique (Scott,
Storper, 2003), la concentration d'acteurs économiques induit une
surproductivité globale (Krugman, 1991 ; Combes et al., 2009 ; Martin et
al., 2010) ou une croissance supérieure (Paci, Usai, 2008) en raison des
externalités positives induites par l'agglomération des firmes.
Cette règle vaut pour les externalités de type
Marshall-Arrow-Romer qui retracent la relation croissante entre les
interactions et le degré de spécialisation des firmes et les
externalités de type Jacobs (Massard, Riou, 2002) qui soulignent que les
interactions sont d'autant plus importantes que les firmes
agglomérées se caractérisent par un fort degré de
diversification des activités. Dans l'un et l'autre cas, la
densité urbaine exerce un effet positif sur les échanges et, par
conséquent, sur la dynamique économique (Dreier et al., 2001).
Le mouvement de métropolisation est un facteur puissant
d'efficacité et de croissance économique qu'il serait
contreproductif de vouloir contrecarrer. L'aménagement du territoire
doit avant tout viser à libérer les initiatives des territoires.
Pour cela, le cadre institutionnel doit évoluer dans le sens
amorcé par l'intercommunalité et, plus largement, vers une
recomposition de l'architecture des collectivités territoriales. Quant
à l'indispensable souci d'équité territoriale,
l'instrument le plus puissant pour y répondre réside de fait dans
la redistribution horizontale, par le canal de la fiscalité nationale,
de la protection sociale et d'un certain nombre de services collectifs
(Maurice, 2001).
Cependant, une très forte concentration spatiale peut
renforcer l'effet de concurrence dans les régions centre et peut
conduire à une délocalisation d'activités vers les
périphéries. Cette tendance se confirme d'autant plus que les
facteurs qui favorisent la localisation tels que l'infrastructure, la
main-d'oeuvre bon marché ou la demande des biens produits existent aussi
bien au centre qu'aux régions périphériques. La mutation
des espaces urbains est le résultat direct de la mobilité des
activités. Les activités pour se localiser « sont
amenées à retenir l'emplacement urbain le mieux adapté
à leurs besoins ou celui qui leur est imposé par les contraintes
auxquelles elles font face » (Aydalot, 1985).
Sans aucun doute, les principes de l'économie
géographique et urbaine font - ou devraient pouvoir faire - consensus en
fournissant aux décideurs un cadre de référence et des
concepts nouveaux susceptibles d'être mobilisés dans leurs
travaux. Ainsi, est-il nécessaire de reconnaître la
prévalence des rendements d'échelle croissants dans la formation
des espaces économiques (Prager et Thisse, 2009).
Aménagement du territoire et croissance urbaine au
Cameroun
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