B.2. Intervention des pouvoirs centraux
Dans son approche, le MINHDU a effectué en 2013, un
diagnostic urbain afin de faire ressortir les problèmes dont souffre le
secteur urbain au Cameroun dans les composantes que sont les transports
urbains, gouvernance urbaine et urbanisme-habitat-cadre de vie.
Dans la composante transports urbains, il ressort l'arbre
à problèmes suivant : Schéma 3 : Arbres à
problèmes/transports urbains.
Insuffisance des financements alloués à
l'aménagement des voiries
Formes d'extension urbaine peu favorables au développement
des transports collectifs
Insuffisance de la politique et de la stratégie de
construction et d'entretien des voiries urbaines
Chevauchement des interventions des acteurs publics sur le
terrain et absence d'un cadre de concertation
Augmentation des dépenses de transport
pour les usagers
Insuffisance de la couverture des villes par un
réseau viaire principal
Inadaptation des
infrastructures au transport en commun (absence de couloirs de
circulation réservés aux bus et aux taxis collectifs)
Allongement du temps d'attente d'un moyen de
transport
Mesures fiscales et réglementaires peu incitatives
pour les
entreprises de transports collectifs
Chevauchement des missions et absence d'un cadre de
concertation
Faiblesse quantitative et qualitative de l'offre de
transports collectifs et semi collectifs
Politique peu incitative de développement
du transport urbain de masse
Insuffisance de la signalisation routière
Conditions d'exploitation difficiles du fait des encombrements
Coût élevé
d'acquisition des matériels roulants neufs et absence
de réglementation
relative à l'importation des véhicules
Fréquence élevée des accidents,
encombrement des voies
Insuffisante application de la réglementation sur
l'occupation de la voie publique
Faible fluidité du trafic
Absence de voies de contournement des grands centres urbains
Inadéquation des caractéristiques
géométriques des voiries
Chevauchement des missions et absence d'un cadre de
concertation
Insuffisance d'aménagement des marchés de vivres
frais
Absence de plans de déplacement
Prolifération des
mototaxis
Source : Stratégie de Développement du Sous-secteur
Urbain au Cameroun, MINHDU, 2013
Aménagement du territoire et croissance urbaine au
Cameroun
Cet arbre à problème montre clairement que
« La faiblesse quantitative et qualitative de l'offre de transports
collectifs et semi-collectifs accessibles au plus grand nombre dans les grandes
villes », est le problème central en matière de transports
urbains au Cameroun.
Il apparaît que l'urbanisme n'est pas suffisamment
réglementé, et les textes en vigueur sont mal
maîtrisés ou mal appliqués ; la mobilité urbaine est
réduite, notamment du fait de l'insuffisance quantitative et qualitative
d'un réseau viaire adapté au transport collectif et
semi-collectif; l'insuffisance des aménagements à
caractère socio-économique entraîne des désordres
urbains, et amoindrit l'apport économique attendu des villes.
Dans la composante gouvernance urbaine, l'arbre à
problèmes se présente comme suit :
Schéma 4 : Arbre à problèmes /
gouvernance urbaine
Difficultés de transfert de compétences
Etat-CTD
Faible appui des CTD aux populations urbaines
Faiblesse des appuis structurel et organisationnel des
services déconcentrés de l'Etat
Faiblesse de planification, programmation
et exécution
Difficulté de la mise en cohérence de tous
les leviers novateurs d'une gestion optimale de la cité
Insuffisances organisationnelles, financières, humaines ;
faible productivité des villes
Insuffisances de la coordination entre services étatiques,
entre Etat et CTD, et entre les CTD
Nombreuses
insuffisances dans la
gestion des
communes, tant au
plan organisationnel
que financier
Capacités des services de l'Etat limitées, en
raison d'une insuffisance qualitative et quantitative des ressources
humaines
Insuffisance des moyens financiers et humains des communes
Faible respect des textes, éclatement des
compétences, absence d'approche concertée
Forte résistance de la plupart des administrations
à déconcentrer leurs activités
Insuffisances diverses au niveau des OSC
Faible ancrage des notions d'imputabilité et de
transparence, du fait à la fois des insuffisances d'un cadre formel,
mais aussi du non-respect des dispositions en vigueur tant par les CTD que par
les services de l'Etat
Faible participation des populations de communes aux
activités de l'Etat, méconnaissance des procédures et
fonctionnement des services étatiques
71
Source : Stratégie de Développement du
Sous-secteur Urbain au CAMEROUN, MINHDU, 2013.
Aménagement du territoire et croissance urbaine au
Cameroun
Cet arbre à problème fait apparaître
clairement que le problème central de la gouvernance urbaine est la
difficulté de la mise en cohérence de tous les leviers novateurs
d'une gestion optimale de la cité. Cette situation est due au fait que,
les mécanismes de la gouvernance urbaine sont insuffisants et ne jouent
pas leur rôle de manière satisfaisante, du fait en particulier du
faible niveau des capacités techniques et organisationnelles des
acteurs.
Dans la composante urbanisme-habitat-cadre de vie, nous avons
:
Schéma 5 : Arbre à Problèmes /
Urbanisme-Habitat-Cadre de vie
Caractère peu ordonné des installations
humaines et absence de réserves
Un habitat indécent s'est
développé de façon anarchique et inorganisée dans
l'essentiel des zones urbaines au Cameroun
Urbanisation de zones inconstructibles et impropres
à l'installation de l'habitat
Autoproduction de l'habitat par la grande majorité
des ménages (plus de 90%.)
Aggravation de la situation sanitaire de la population
qui affecte directement son développement
Lotissements domaniaux et communaux sommairement
aménagés et faible professionnalisation de la promotion
foncière et immobilière privée.
Insuffisance
d'espaces urbanisés
Absence ou non
application des documents d'urbanisme et de la
réglementation de l'occupation et de l'usage
des sols
Séparation des responsabilités
en matière de droit foncier et d'urbanisme
Insuffisance quantitative et qualitative de l'offre de
logements décents et de terrains à bâtir
Insuffisance de
l'offre quantitative
du secteur privé
formel
Existence d'un droit foncier archaïque par rapport
à la réalité de l'urbanisation
Désengagement de
l'Etat dans le
l'habitat planifié
Absence d'accompagnement,
d'orientation, de
soutien budgétaire à
canalisation, d'incitation et de contrôle de la
part
des pouvoirs
publics
professionnalisati
Faible
PME de la
on des artisans et
construction
Absence d'un
système de crédit
et/ou de garanties d'emprunts adaptés aux besoins des
promoteurs
d'approvisionne
matériaux de
construction
Difficultés
ment en
pour les
Absence
l'espace et de
réserves foncières
équipements et les VRD
d'organisation de
d'urbanisation non
consommatrice
Fourniture insuffisante des services urbains de
base
structurée et
fortement
d'espace
Forme
quartiers périphériques où le réseau
est essentiellement en terre
Enclavement des
réseaux très
Coût des
extensions de
élevé
Inadaptation
ménagères
des méthodes
de collecte des
ordures
72
Source : Stratégie de Développement du Sous-secteur
Urbain au Cameroun, MINHDU, 2013
73
74
75
76
77
Aménagement du territoire et croissance urbaine au
Cameroun
Cet arbre à problèmes laisse apparaître
clairement que, le problème central de la sous-composante urbanisme est
l'insuffisance d'espaces aménagés, celui de la sous-composante
habitat est l'insuffisance de l'offre de logements décents et de
terrains à bâtir et celui de la sous-composante cadre de vie est
une fourniture insuffisante des services urbains de base.
Les leçons que nous pouvons tirer du sous-secteur
urbain au Cameroun relatifs aux composantes transports urbains, gouvernance
urbaine et urbanisme-habitat-cadre de vie sont les suivants :
> L'urbanisme n'est pas suffisamment
réglementé, et les textes en vigueur sont mal
maîtrisés ou mal appliqués ;
> La crise économique a raréfié les
ressources allouées à l'aménagement urbain, et en
particulier aux opérations de restructuration et de rénovation
des quartiers dans les villes ;
> L'offre de logements décents accessibles au plus
grand nombre est insuffisante. Il en est de même pour la fourniture des
services urbains de base ;
> L'insuffisance des aménagements à
caractère socio-économique entraîne des désordres
urbains, et amoindrit l'apport économique attendu des villes ;
> La mobilité urbaine est réduite, notamment
du fait de l'insuffisance quantitative et qualitative d'un réseau viaire
adapté au transport collectif et semi-collectif ;
> Les difficultés d'accès aux financements,
couplés à l'insuffisance de la réglementation ou à
sa mauvaise application, freinent l'exercice des professionnels des
métiers urbains ;
> Les mécanismes de la gouvernance urbaine sont
insuffisants et ne jouent pas leur rôle de manière satisfaisante,
du fait en particulier du faible niveau des capacités techniques et
organisationnelles des acteurs ;
> Les données statistiques disponibles sur les
questions urbaines sont très globales et insuffisantes pour permettre de
bien cerner les problématiques du sous-secteur.
Ainsi, en tant que acteur central en matière
d'aménagement du territoire en milieux urbains, le MINHDU participe
à la mise en oeuvre de tous les projets d'infrastructures et
d'équipements urbains ; il assiste aussi les CTD dans
l'élaboration de leurs documents de planification (PDU, POS, PSU, PS) en
finançant les études.
Aménagement du territoire et croissance urbaine au
Cameroun
Somme toute, il était question dans ce chapitre de
présenter les politiques et les pratiques d'aménagement du
territoire au Cameroun, d'une part, d'autre part, les éléments
caractéristiques de la croissance urbaine dans ce pays. Il ressort de
cette analyse que, malgré les efforts consentis par les dirigeants,
l'urbanisation n'est pas maitrisée et, au lieu de constituer le levier
de la croissance économique, elle s'est traduite par l'expansion
anarchique de l'habitat, l'insuffisance des infrastructures et services urbains
de base.
Le corollaire de cette situation est la promiscuité,
l'insalubrité et la fracture sociale. Les nombreux dysfonctionnements
auxquels nos villes sont confrontées conduisent à un contexte
urbain marqué par la régression de la production, la stagnation
voire la baisse du revenu urbain, l'exposition des populations aux risques
divers et à l'aggravation de la pauvreté. En un mot, la
pauvreté urbaine et les désordres socioéconomiques qui en
découlent se sont considérablement accrus, en obérant par
là même la triple fonction économique, culturelle et
résidentielle des villes11.
Ainsi, l'ampleur des problèmes urbains demande une
réflexion plus poussée afin d'apporter des solutions
adaptées pour faire face aux désordres urbains. Cela est d'autant
plus vrai que les mesures mises en oeuvre interviennent dans un contexte
où le laxisme des dirigeants a déjà permis à
l'anarchie de précéder la planification urbaine.
Néanmoins, nous avons aussi vu que la Banque Mondiale
et les dirigeants camerounais sont d'accord sur le fait que
l'aménagement du territoire y inclue la densification urbaine est un
facteur qui influence positivement la croissance économique.
L'aménagement du territoire nécessite des moyens
colossaux, lesquels doivent provenir d'une source viable. Cela demande à
analyser les liens entre l'aménagement du territoire et la croissance
urbaine quantitativement.
11 DECLARATION DE S. E. JEAN CLAUDE MBWENTCHOU,
MINISTRE DE L'HABITAT ET DU DEVELOPPEMENT URBAIN DU CAMEROUN, Quito, Equateur,
18 octobre 2016
Aménagement du territoire et croissance urbaine au
Cameroun
CHAPITRE IV : RESULTATS DE LA VERIFICATION EMPIRIQUE ET
RECOMMANDATIONS
L'objectif de ce chapitre est de présenter les
résultats de la vérification empirique et de faire des
recommandations à l'intention des pouvoirs publics. Notre chapitre
s'organise autour de deux principales sections :
- La première présente la méthodologie dont
nous avons fait usage ainsi que les résultats ; - La seconde fait des
recommandations à partir des résultats obtenus par l'analyse.
Section I : L'analyse de la relation entre
l'aménagement du territoire et la croissance urbaine
Cette section présente le modèle d'analyse
usité (A) et son estimation (B), ainsi que les résultats et leurs
interprétations (C).
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