AXE II LA SECURISATION DES
BIENS CULTURELS ET DES PERSONNES EN ENVIRONNEMENT MUSEAL INTERNE
L'évocation de la définition d'un musée
fait surgir de manière quasi constante tantôt les concepts de
collection, de conservation, d'étude, d'exposition,
d'interprétation. On peut ainsi résumer ces fonctions à
trois avec Van Mensch, lorsqu'il assigne au musée essentiellement les
fonctions de préservation, d'étude et de communication. Une des
implications de ces fonctions est que le musée n'est pas un espace
fermé notamment en termes de fréquentation. Bien au contraire,
avec l'effet catalyseur des stratégies de management culturel a
même induit une explosion de la consommation culturelle au-delà de
la traditionnelle fréquentation du public qui donnait un sens à
l'existence d'une structure muséale.
Autrement dit, un musée est fait pour recevoir du
public à travers ses fonctions de production de sources de
délectation des oeuvres culturelles par ses visiteurs.
Les stratégies de marketing culturel portent
essentiellement sur ses biens culturels ne sont pas les seuls à vouloir
expliquer l'afflux des visiteurs pour l'espace muséal qu'il soit ouvert
au fonctionnement, comme dans le cas le plus courant, dans les structures en
termes de bâtiment.
Il faut aussi voir dans ce contexte, une évolution de
la fonction de présentation qui était dévolue au
musée à cause des fonctions extra patrimoniales observables dans
les musées que ce soit la restauration, les activités
commerciales, cinématographiques voire même d'hébergement
comme cela est constaté dans certaines parties du monde.
Une attention particulière doit donc être
portée sur deux dimensions considérées comme capitales
à l'activité des organismes de prestation de services
muséographiques. Il s'agit d'abord de l'objet d'attractivité
primordiale d'un musée représenté par l'ensemble
d'éléments constituant son patrimoine culturel et artistique.
L'observation de la fonction patrimoniale des musées invite de
manière invariable à voir dans cet ensemble des
éléments comme des chefs d'oeuvre `artistes
représentés soit en tableaux ou en sculptures ; des
éléments usuels de la vie pratique mais valorisé en biens
patrimoniaux à travers des critères divers comme
l'historicité, l'appartenance à des
célébrités passées. Il en résulte pour ces
objets devenus culturels des conditions d'acquisition marchande colossales en
ce qui concerne leur acquisition par les organisations muséales.
L'autre dimension est celle constituée par le public ou
les publics de l'institution muséale. On vient d'en souligner
l'importance en termes d'accroissement de la fréquentation des
musées. Une organisation comme le musée du Louvre à Paris
pour illustration peut ainsi enregistrer une moyenne de trois millions de
visiteurs par an alors que sa voisine le musée d'Orsay peut placer
à l'actif de son nombre de son public journalier une moyenne annuelle de
neuf mille visiteurs par jour. Un autre point de focalisation sur l'importance
du public dans sa relation avec les musées est la diversité de
ses publics : touristes, chercheurs, étudiants,
personnalités politiques, hommes d'affaires, enfants, personnes à
besoins spécifiques ; hommes, femmes. Bref, le musée, par sa
fréquentation s'interprète de plus en plus comme un
véritable microcosme de la société.
On peut concevoir le niveau de responsabilité qui
s'interpelle, pour une organisation muséale moderne en matière de
sécurisation tant pour son patrimoine d'exposition que pour ses publics.
La fonction sécuritaire d'un musée est pour ainsi dire le pilier
caché à même de garantir de manière pratique les
conditions de résilience en vue d'une perpétuation de la
réputation de l'institution muséale. Celle-ci consistera, en
effet, pour les biens culturels une source de perpétuation de leur
valeur par des conditions de conservation optimales eu égard aux
multiples sources de menaces pesant sur leur intégrité physique
pouvant provenir aussi bien des environnements extérieurs au
musée qu'à son propre environnement interne.
Du côté des visiteurs du musée, le
musée est un cadre inaliénable de protection de
l'intégrité morale et physique tout en étant une source
d'enrichissement culturel voire socialisation. La fonction sécuritaire
des musées est dans cette optique appelée à se renforcer
davantage si l'on s'en tient au moins aux dispositions du cadre légal,
celle-ci amenant les conditions de démocratisation de
l'accessibilité à s'appliquer de manière
systématique à l'exemple de la récente loi
d'accessibilité promulguée en France, dite loi du 11
février 2005. Le fait qu'elle mette l'accent sur l'accessibilité
des personnes en situation de handicap nous conduira spécialement
à se focaliser sur cet aspect dans la présente étude.
En choisissant cette direction, nous partons de
l'hypothèse que l'aménagement des conditions
d'accessibilité des personnes en situation de handicap dans les
musées n'est pas totalement acquis. En effet, si du point de vue des
autres publics, d'autres barrières à l'entrée des
musées peuvent être évoqués ( prix, accueil, places,
qualité des expositions etc...) ; ces aspects ne constituent pas
des phénomènes pouvant impacter directement la
sécurité physique des personnes que ne le sont les conditions
d'accessibilité physique et de circulation à l'intérieur
des espaces museaux.
Les deux axes que sont les biens culturels contenus dans un
musée et les personnes se trouvant à l'intérieur d'un
musée viennent ainsi à constituer les piliers d'une analyse des
conditions de résilience à l'intérieur des espaces
museaux. Cette analyse peut commencer par une détermination des objets
culturels conservés par les musées, leur base d'attraction avant
d'aborder les principaux risques auxquels ils sont exposés. La
démarche sera la même pour les personnes en situation de handicap,
maillon délicat dans la chaîne des usagers des espaces
d'activités muséales.
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