2.3. L'approche par la
théorie de la '' multiplicité de causes''
Sur le plan méthodologique, la thèse d'une
multiplicité des causes d'un événement accidentel doit
conduire à l'élaboration d'un outil de base, dès la
survenue d'un tel événement. Une telle élaboration peut
aussi se faire par l'exploitation des retours d'expériences sur des
événements similaires concernant l'organisation concernée
ou d'autres organisations aux missions similaires ou pas relevant de
l'environnement extérieur.
Fondé sur une étude de l'incident ou de
l'événement dommageable sur les structures d'appui d'un
musée à postériori, l'utilité d'un tel outil tient
à sa capacité de permettre une démarche
rétrospective à partir des faits objectivement observables.
Une telle approche devrait ainsi occasionner la détermination de la
cause primitive de l'événement insatisfaisant.
On considère en effet qu'une analyse du risques sur
la base d'une multiplicité des causes a l'avantage de prendre en compte
dans l'exercice de compréhension des causes d'une conséquence
indésirable les dimensions humaines, organisationnelles, techniques
voire institutionnelles d'une organisation afin de procéder à une
démarche globale de gestion des risques à long terme.
Un autre avantage de la méthode d'analyse des risques
par la logique des causes multiples est son caractère collaboratif. Elle
met en effet en communauté de travail les principales ressources
humaines dont la symbiose collaborative est capitale pour l'exploration de la
pluralité des facteurs ayant occasionné le fait dommageable ou
désastreux pour l'exploitation de l'organisation.
En France, l'Institut National des Risques et de
Sécurité au travail, initiateur de la démarche en 1970
préconise par exemple dans la constitution d'un tel groupe de travail
la présence :
-d'un membre de l'équipe de
sécurité ;
-d'une représentation du personnel ;
-d'une représentation de la commission d'hygiène
et de sécurité ;
-de la représentation de la ou les personnes
impactées par l'événement ;
-de personnes ressources à des fins de
témoignage
Aussi avons-nous trouvé transposable sur le domaine des
risques sur les structures physiques des musées, la notion d'accident
tant pour son impact sur ce domaine que sur celui des personnes et des biens.
En effet la limitation de l'étude sur les espaces ne saurait,
s'appliquée sur son impact, celui-ci pouvant ainsi s'étendre sur
les autres dimensions matérielles ou humaines.
Ainsi, les risques analysés dans le cadre spatial des
activités muséales, si on fait la censure méthodologique
de l'exclusion de leur portée séquentielle sur les personnes et
les autres biens d'un musée, sont considérés comme
accidentels s'ils sont caractérisés par un impact destructif ou
limitatif de fonctionnalité sur l'espace considéré.
L'espace considéré est en effet sujet à des risques
d'accidents, au sens large, les uns d'origine naturelle les autres d'origine
humaine, intentionnelle ou non. La notion d'accident ici doit donc être
vue dans une perspective plus large c'est-à-dire n'impliquent pas
nécessairement la personne humaine visiteuse ou travaillant sur l'espace
muséal, en tant que victime du fait accidentel.
C'est l'approche du dictionnaire qui veut donc être
privilégiée ici lorsque, par exemple le Petit Larousse en vient
à définir un accident comme « un
événement fortuit occasionnant des dommages ». C'est
dommages, par expérience peuvent être corporels sur le plan humain
en entravant l'intégrité physiologique de la personne pouvant
s'avérer mortels ou sur le plan des commodités physiques servant
de cadre de localisation des personnes. L'expérience montre aussi que
les deux sphères sont généralement impactées de
manière simultanée en cas de survenue de
l'événement accidentel.
Mais la nature fortuite de l'événement
accidentel pouvant impacter sur les dimensions physiques ou non humaines du
musée se réfère à la
spontanéité du risque accidentel, la définition ci-dessus
pourrait s'affranchir de toute objection. En effet la notion de
spontanéité n'exclut pas celle de la prévisibilité
dans la survenue d'un risque comme on l'a remarqué dans
l'évocation du triptyque `IMP', fondamental pour la gestion des risques
d'une organisation qu'elle soit muséale ou non.
La saisie méthodologique du risque accidentel vient
ainsi à être sujette à complexité lorsque la
nécessité d'une organisation globale de gestion des risques dans
une institution s'avère incontournable, si on se situe dans le cadre
d'une entreprise d'exploration des solutions de mitigation des risques divers
auxquels le musée, dans le cadre de sa mission principale, est soumis.
Cette complexité est sans doute associée
à la pluralité des tentatives théoriques cherchant
à déterminer les mécanismes de procession des causes des
accidents. C'est-à-dire les phénomènes transmission
pouvant se manifester entre les facteurs de survenues d'accidents tels que
l'on peut les examiner empiriquement. En somme, la baisse ou la cessation de
fréquentation d'un musée fermé ou ouvert peut provenir
de :
- la destruction totale ou partielle de la structure ou d'une
de ses parties ;
-l'altération de la solidité de toute la
structure ou d'une de ces partie ;
Ces deux hypothèses peuvent servir de base dans une
démarche d'exploration des facteurs à l'origine d'une
détérioration totale, partielle ou minime de la
réputation d'un espace muséal, eu égard à sa
mission principal d'éducation artistique, de divertissement, en somme
de délectation des ressources culturelles et artistiques qu'il peut
receler. Il s'agit en effet de procéder à l'identification, comme
le suggèrent les précautions du management des risques, des
facteurs d'occurrence de risques de cessation ou défaillance des
activités primordiales d'un musée.
Le principe de base peut consister ici à reporter
à partir de séquences d'événements contrefactuels
antérieurs pour expliquer la conséquence finale de ces processus
en termes crise de fréquentation de l'espace muséal. Cette
façon de procéder voudrait viser à montrer la
difficulté consistant à se fixer sur les principales causes
traditionnelles susceptible de rendre critique le sentiment de
résilience pouvant être ressenti dans la fréquentation d'un
musée qu'il soit physique en espace bâti ou ouvert, ou encore
virtuel. Ces causes rappelons les, sont de diverses sources :
-sismiques: par exemple les tremblements de
terre, les éboulements de terrain, les glissements de terrains, etc.
pouvant avoir un impact de détérioration sur le cadre physique
des activités muséales.
-climatiques
etmétéorologiques : par exemple les inondations,
orages, les avalanches, les variations anormales des températures.
-humaines à travers des imprudences ou
des actes de malveillance : par exemple dégradations par abus
d'usage des espaces, les incendies volontaires ou non, les actes
terroristes.
-technologiques à travers des usages
abusifs touchant à la sécurité des données
muséales numériques ou des attaques virtuelles sur les
communautés de partage de ressources en ligne ou des attaques sur
l'intégrité des oeuvres, etc.
-institutionnelles : la
réputation d'un musée peut être affectée de deux
manières ici. Dans un sens, elle peut être la conséquence
d'une non-conformité aux normes baptismales de développement des
activités muséales ; dans l'autre sens la
désaffection peut provenir d'une refonte des structures muséales
venant à en altérer la dimension artistique ou bien la valeur
historique des sites.
-des entreprises extérieures soit lors
de la réalisation de certains travaux d'appoint comme par exemple les
réfections internes
En effet la perte de réputation, les désastres
ou les défaillances pouvant survenir dans de tels espaces sont loin
d'être le fait d'une cause unique. Un exercice de mitigation des risques
doit ainsi tenir compte de la pluralité des causes sous-jacentes
à tout désagrément à impact nuisible sur les
fonctions et la réputation d'un musée.
Sur le plan théorique, la référence
à une accidentologie fondée sur l'existence des causes multiples
s'avère ainsi décisive dans l'élaboration d'une
démarche préventive des risques majeurs pouvant peser sur la
pérennisation des fonctions assignées à un espace
muséal.
La proposition de la thèse d'une multiplicité
des causes de risques de désagréments en espace muséal
veut surtout insister sur la dimension méthodologique nécessaire
à l'élaboration d'un plan de prévention de risques, du
fait du caractère illimité des scénarios possibles
à prendre en compte dans la compréhension de la
génération de l'occurrence d'événements non
souhaitables aux espaces museaux en termes d'espaces de production de services
et d'activités artistiques culturelles. Cependant la connaissance des
principales sources de remise en cause de leurs missions telles que
présentées précédemment peut déjà
suggérer une démarche préventive globale. La matrice
suivante essaye d'en esquisser les grandes lignes à la lumière de
quelques rapports existants, qui par ailleurs ne prétendent pas à
l'exhaustivité dans la présentation de risques pouvant impacter
négativement sur un espace muséal.
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