Deuxième
partie : ELEMENTS DE BASE POUR LA PREVENTION DES RISQUES SUR LES ESPACES
MUSEAUX.
La gestion des risques pour un espace muséal comme pour
toute organisation est une activité stratégique donc relevant
des activités régulières de l'organisation prise dans son
ensemble. La permanence qu'une telle mission implique est comme on peut
l'imaginer est assurément corrélée à la
nécessaire pérennisation de l'entité muséale tant
pour sa stabilité en termes de fonctionnement et de renforcement de ses
structures de base que pour la solidification sociale de son image ou de sa
réputation en tant que capital immatériel. En tant
qu'activité stratégique conditionnant la sécurisation de
la réalisation de la mission de l'institution muséale, un
triptyque méthodologique va y conditionner la gestion des
risques : l'identification des risques la maitrise des risques et la
prévention des risques.
2.1. L'identification des
risques dans les espaces museaux
En partant des deux espaces museaux traditionnels retenus pour
notre études à savoir les espaces fermés du type ERP ou
les espaces ouverts de type site, nous avons vu dans les développements
précédents que l'environnement extérieur au musée
entraine celui-ci dans la contrainte d'une variabilité de risques
liés à ses dimensions humaines, géographiques,
institutionnelle ou technologique. Il s'agit ici moins de procéder
à une énumération de ces risques que de vouloir montrer
comment une gestion des risques discontinue n'est pas de nature à
pouvoir apporter une dimension globale à la politique
générale de gestion des risques devant incomber aux responsables
d'une institution muséale. Une telle approche de gestion globale peut
être inspirée des apports théoriques qui cherchent
à comprendre la génération des événements
à caractère accidentels pouvant toucher les structures organiques
vivantes ou infrastructurelles.
2.2. Aperçu
théorique sur la genèse d'événements
accidentels.
En effet, la littérature sur les risques dispose d'une
diversité de contributions théoriques visant à comprendre
l'origine systémique de réalisation des phénomènes
brusque ou progressifs pouvant venir à mettre en péril ou en
dérangement le cadre physique de réalisation d'activités
muséales. Il s'agit en effet des thèses centrées sur le
risque accidentel eu égard au caractère central de la notion
d'accident dans leur développement.
Le traitement théorique de la genèse des
événements à caractère accidentel peut ainsi
s'apprécier à la l'exercice d'une diversité d'approches.
Les unes proposent de voir en l'occurrence de tels risques la
conséquence d'une transmission séquentielle
d'événements contrefactuels ayant comme conséquence
l'événement majeur, à impact critique sur la structure ou
organisation considérée ;ce sont les approches en termes de
`'dominos''.Le caractère linéaire qui les sous-tend ne permet pas
de les privilégier à cause de leur prédictibilité
trop directe et donc limitative de la complexité
d'événement qui peuvent interagir dans la réalisation d'un
risque à impact négatif majeur sur une organisation.
D'autres à fondement `'énergétique''
voient en les dommages physiques subies par une structure la conséquence
de flux énergétiques dont la vigueur est susceptible d'avoir un
impact destructif ou dommageable sur une entité donnée. S'il faut
voir en les catastrophes ou toute forme d'accident une manifestation
d'énergie une difficulté majeur est de partir de ce genre de
thèse pour cerner les paramètres de gestion de risque pratiques,
et maitrisables sur le court moyen ou long terme d'une organisation. Autrement
dit cette approche n'est pas pratique dans la gestion des risques multiples
pesant sur une organisation, car opaque sur des concepts opérationnels
d'une politique de prévention de risques fiable.
Les approches par '' émergence de symptômes'' de
risques quant à elles peuvent chercher à expliquer la
réalisation d'événements dommageables à la non
prise en compte des signes précurseurs de réalisation de risques.
Mettant en évidence la négligence humaine ou organisationnelle,
ces approches semblent axer relativiser l'occurrence du risque accidentel sur
un seul facteur, et vraisemblablement la vigilance majoritairement interne au
musée. En outre du point de vue de la gestion des risques
organisationnels, c'est à une approche par `'à coup'' ou par
`'tâtonnement'' qu'elle semble suggérer.
Il y a aussi des approches stochastiques qui sont
développées pour expliquer la réalisation des risques de
dommages que l'on peut enregistrer dans une organisation. Selon elle, certains
éléments d'une organisation sont aléatoirement plus
exposés à l'occurrence de risque dommageable que d'autres. Une
certaine rigidité de cette approche est facilement détectable
qui plus est serait à la base d'une politique de gestion de risques
parcellaire, fondée uniquement sur les éléments ayant une
probabilité d'endommagement plus déterminante à la suite
de réalisation d'un risque accidentel. Pour le cas d'un musée, on
se consacrerait ainsi à la seule protection des murs ou des tableaux
artistiques en négligeant d'autres facteurs bénins soient-ils.
D'autres approches plus réalistes vont sans doute faire
la synthèse des précédentes en cherchant à
attribuer aux risques majeurs la conséquence d'une origine
multiplicité de causes pouvant intégrer toutes les dimensions
possibles des environnements extérieurs et intérieurs au
musée, pour le cas d'espèce.
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