5.3.3.2.2 La demande
d'autonomie
La demande d'autonomie des Collectivités territoriales
est une revendication de participation aux décisions politiques, de
redistribution des biens et services produits globalement dans le pays, de
réalisation du développement local. Elle prend souvent la forme
d'un projet populaire soutenu par les organisations de base et les organismes
locaux de développement.
Cette demande est motivée et rendue pressante à
cause du rachitisme des provinces, de la concentration des services à
Port-au-Prince, de la posture d'exécutants des autorités
départementales et locales, de la prise de conscience de l'injustice qui
lézarde les rapports que le pouvoir central entretient avec les grandes
villes aux détriments des autres communes et sections du pays.
Les organisations existantes dans le milieu, les
collectivités et les Organismes Non-Gouvernementaux constituent la force
de pression qui porte le rêve d'autonomie qui peut selon le cas se
traduire par l'atteinte de quelques objectifs visés, pas toujours
quantifiables.
Le développement pose la question de l'autonomie
locale. Mais l'on remarque que plus les Collectivités locales ne sont
autonomes, en matière de fiscalité et de prestation de services,
plus les risques d'inégalités se précisent. Plusieurs
courants se dessinent, arc-boutés à un partage de fonctions entre
l'État et les Collectivités. Les services redistributifs
à l'État (la santé, l'éducation...) et les services
territoriaux aux Collectivités telles les fonctions liées
à la gestion, les transports, l'assainissement. Des conflits, des
tensions ont surgi pour savoir qui de l'État ou de la
collectivité, doit assumer tel service et comment les moyens financiers
d'exécution sont transférés et à quelles
conditions ?
La demande d'autonomie conduit directement à
l'auto-gestion et dans le cas d'Haïti à la co-gestion. L'Etat et
les collectivités ont des compétences communes dont l'exercice
conjoint devrait déboucher sur la satisfaction des besoins fondamentaux
de toute la population.
Il est tout à fait possible qu'en cas d'une demande
d'autonomie plus directe, on pourra adresser une réduction des
disparités communales.
5.3.3.3 Réduction des
disparités des communes
L'organisation du territoire haïtien s'est faite
historiquement autour des lieux de production de richesses, des lieux de
résistance, des lieux d'échanges et des lieux de force. Des
communes se sont constituées suivant les mouvements de populations, la
circulation des biens et services, la diffusion des idées et des
informations, la défense du territoire.
Ces disparités viennent de la taille de la population
et des potentialités de la commune en ressources humaines capables
d'innover et de gérer le développement local. Elles s'expliquent
par l'étendue et la localisation des agglomérations. Les villes
côtières, intérieures ou en hauteur n'ont jamais eu les
mêmes fonctions au cours de l'évolution du pays et les rôles
qui leur ont été assignés, ont déterminé
leur configuration socio-économique.
Les potentialités économiques naturelles et
touristiques telles les ressources minières, les complexes
industriels ; les terres cultivables, les ressources en eau, les
infrastructures, les monuments, les forts, les parcs nationaux dont sont
dotées certaines communes les ont rendues autonomes tandis que celles
victimes de l'exode, dépourvues d'infrastructures et peu
urbanisées ont vu se creuser la distance avec ce groupe plus
favorisé. L'organisation du transport en commun et la mise en place
d'institutions stables et équilibrées donnent le niveau de
fonctionnement des villes qui jure avec celui des milieux ruraux où
l'Etat et ses structures sont le plus souvent absents.
La délimitation des communes par la loi, leur fonction
de chef-lieu de département, d'arrondissement, de centre politique et
administratif ou de centre industriel et agricole ou de centre universitaire et
culturel créent entre elles des différences notoires.
Les communes qui ne sont pas favorisées par leur
géographie, qui ne sont pas aménagées, qui sont
marquées par une tradition de tensions et de turbulences, qui n'ont pas
bénéficié des courants de progrès, trainent les pas
et accusent des retards considérables par rapport à d'autres
mieux pourvues.
Les disparités communales se dessinent aussi à
partir du leadership qui mobilise une communauté ; un maire ou un
entrepreneur doué de compétences et d'initiative peut provoquer
un dynamisme local porteur d'un avenir différent de celui d'une commune
avoisinante.
L'inventaire des ressources des communes, leur
géographie, leurs infrastructures, leur niveau d'urbanisation, leurs
centres d'enseignement, leur organisation administrative, entre autres, sont
à la base des disparités...
Dans l'avenir, nous pourrions donc nous attendre à des
flux migratoires vers l'AMP et en même temps à des
stratégies initiés par tous les acteurs urbains, locaux,
nationaux ou internationaux.
Faut-il rappeler enfin que la mise en oeuvre de la
planification stratégique urbaine facilitera :
D'abord la restructuration du tissu urbain et la
révision et l'ajustement des politiques, programmes, projets et plans
réfléchis ;
Ensuite la nature de la croissance urbaine qui permettra de
contrôler les flux migratoires internes à savoir s'il ya une taille urbaine optimale pour l'AMP.
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