CHAPITRE II :
CONFRONTATION DES DONNEES DE TERRAIN ET DU CADRE
THEORIQUE
G. DONGMO ; Mémoire de MII en Sciences de Gestion-
Institut d'Administration des Entreprises, Nantes, France Page 126
L'évaluation de la performance de la recherche et de
l'innovation dans les laboratoires universitaires.
Dans les parties et chapitres précédents, nous
avons fait ressortir diverses caractéristiques fondatrices de notre
recherche, propres à notre question de recherche, à la
méthodologie de recherche optée et aux résultats de
terrain.
Notre dernier chapitre nous permettra dans la mesure du
possible de confronter les données recueillies avec le cadre
théorique présenté dans la première partie, de
façon à valider ou non les tendances décrites.
Ainsi, nous sommes évidemment conscients du fait que
l'analyse effectuée est vaste, et que le domaine d'investigation ne peut
se résumer à une recherche pour un mémoire,
c'est-à-dire, sur une période relativement restreinte. En outre
nous voulons insister dans ce chapitre sur les apports tout autant que les
limites de notre étude ; pour faire transparaitre le fait que nos
résultats s'inscrivent d'une part dans la continuité des travaux
déjà entrepris par ailleurs, et d'autre part, pour proposer des
pistes de réflexion susceptibles de nourrir et d'enrichir la
compréhension de l'objet d'étude. En espérant si possible
de continuer en thèse à peaufiner notre recherche pour un apport
plus considérable à la communauté scientifique.
Section I- Confrontation avec le cadre théorique
Il est question ici de rapprocher les paramètres de
terrain avec le cadre théorique établi ex ante. De ce fait, de
nos enquêtes de terrain, nous pouvons dresser des constats. Il convient
dès lors de les rapprocher le plus possible du cadre théorique
que nous avons privilégiés dans notre recherche.
Soulignons que notre but n'est pas enfin de compte de faire
une lecture exhaustive des bases théoriques qui ont nourries notre
étude, mais au contraire d'apporter des infirmations ou confirmations
par rapport aux aspects, aussi partiels soient-ils, utilisés pour les
besoins et l'intérêt de notre travail de recherche.
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L'évaluation de la performance de la recherche et de
l'innovation dans les laboratoires universitaires.
A- Regard critique des paramètres
bibliométriques.
La première conclusion à apporter ici est de
confirmer la nature des connaissances et des compétences détenues
par un laboratoire doit représenter un avantage pour celui-ci. Ainsi
l'évaluation doit prendre en compte tous les aspects et non quelques uns
facilement quantifiables. Alors l'évaluation de la production
scientifique s'appuie essentiellement sur les variables
bibliométriques.
Toutefois, la définition bibliométrique des
ratios des construits scientifiques à publier au sein des entités
évaluées tend à déplacer « le centre de
gravité de l'expertise en direction du support matériel qui est
de la publication », ceci au détriment de l'acte de jugement requis
de tout évaluateur. Autrement, la catégorisation des supports,
distingue divers supports de publication 77(livre, recueil d'acte,
article, etc.). Mais, à l'intérieur de ces supports de
publication, il existe une hiérarchisation de ceux-ci. Ainsi, les revues
de rang réputées inégales ; plus, ou moins bonne (A, B,
C...) sont d'une inégalité qui est supposée rejaillir au
niveau des articles évaluer. Nous sommes en effet en droit de nous poser
la question de savoir si ce sont les bonnes revues qui font les bons articles ;
ou les bons articles qui font les bonnes revues ? Répondre à
cette question nous rendrait plus facile la compréhension et la
pertinence de l'importance des supports dans l'évaluation des
productions scientifiques.
En revanche, on assiste à une automatisation de
l'évaluation qui avec ses effets pervers menace fortement la gestion de
la recherche et de l'innovation dans les laboratoires.
Pour revenir aux « définitions
bibliométriques », nous disons avant tout que les questionnements
ci-dessus ont jalonné notre recherche. En fait, sans croire à une
exhaustivité des pistes examinées, nous posons une autre question
tout aussi pertinente,
77 Voir l'extrait du rapport d'évaluation du
LEM (Laboratoire de l'Economie et de Management)
L'évaluation de la performance de la recherche et de
l'innovation dans les laboratoires universitaires.
mais embrassant des paramètres différents : en
quoi une définition bibliométrique des publiants d'un laboratoire
va-t-elle nous garantir une évaluation de meilleure qualité ?
Bien plus, qu'est ce qui rend aussi nécessaire la promotion de
l'évaluation des supports au détriment d'une évaluation
des travaux en eux-mêmes ? Autrement dit, d'où vient l'idée
selon laquelle on ait absolument trouvé urgent d'augmenter « la
part d'une évaluation de classement » en diminuant celle de «
l'évaluation de jugement » ?
Soulignons sans crainte que la recherche et l'innovation sont
perverties par les systèmes et les supports d'évaluation qui sont
sous l'emprise d'un comité d'évaluation scientifique très
souvent nommé (alors quelle objectivité dans les nominations ?).
A travers ces supports, il y a une entrave forte du jugement, du sens critique.
Ainsi, elle permet aux évaluateurs de se libérer du fado d'une
« liberté responsabilité ». Responsabilité qui
s'attache in fine aux connaissances produites. Ce fado certainement trop lourd
à porter devra être équilibré par la reconnaissance
que pourrait lui conférer le choix. C'est-à-dire,
l'élection préalablement opérée par la
communauté scientifique à laquelle il appartient.
A tout prendre, nous remarquons que nous somme fac à
une situation pouvant être perçue comme un « fait de
civilisation »avec cette anxiété du critère qui tend
sans cesse à privilégier ; la fiabilité de «l'outil
» plutôt que le talent de l'évalué, « la grille
d'évaluation sur l'acte de jugement ». Tout ceci rejoint ce que
D'Iribarne qualifie de « danger des listes des critères
d'évaluation par des comités restreints ».
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