3.11: Discussions des résultats
Les vallées des dallols Maouri, Fogha et du fleuve sont
des zones qui disposent d'énormes potentialités en ressources
naturelles qui sont diverses et variées. Parmi ces ressources, on peut
identifier la disponibilité des terres agricoles particulièrement
le potentiel irrigable avec une capacité agronomique assez importante et
l'eau.
Au regard des chiffres avancés par les études
récentes, la vallée du dallol Maouri est estimée à
30000 ha (Dambo, 2007) et de 120000 ha pour la vallée du fleuve qui
traverse l'ensemble de la région de Dosso. De celui-ci, seulement 6500
ha sont mis en valeur soit 7% du potentiel. Cependant, l'irrigation est
pratiquée de façon archaïque et traditionnelle. En effet,
même si les types des sols sont aujourd'hui connus dans la zone du fleuve
et des ses affluents fossiles (les dallols), il manque une étude
pédologique pouvant permettre la caractérisation de ces types des
sols. Autrement dit qu'à chaque type de sol doit nécessairement
correspondre un type de cultures.
8 Dans tous les périmètres
aménagés, des terres destinées au parcours et au passage
du bétail doivent être réservées.
9 Abel, 1990. Miehe, 1991. Thébaud, Miehe et
Grell, 1995
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Mais, il est important de souligner que le
développement de l'irrigation est en pleine expansion surtout avec le
projet de mise en valeur par les partenaires au développement rural et
l'Etat. Ces cultures ont permis aux producteurs de faire face aux
déficits alimentaires et au-delà de subvenir à leurs
besoins.
Si cette activité, requière d'énormes
avantages aux pratiquants, il n'en demeure pas moins que ce
développement de l'irrigation sur les espaces pastoraux a des
incidences.
Le problème central est celui de la coexistence de
systèmes de culture et de systèmes d'élevage en principe
très complémentaires et en pratique compétitive dans un
espace où la production annuelle de biomasse végétale est
insuffisante pour couvrir les besoins énergétiques et vivriers de
la population rurale et les besoins fourragers du cheptel (Pieri, in Raynaut,
1997 :184).
En effet, la cohabitation de l'agriculture et de
l'élevage dans cette zone au sein d'un même espace a
désamorcé le lien de tissu social entre ces deux acteurs. De ce
fait, les rapports sont devenus tendus et le risque de conflit n'est pas
à écarter dans ces conditions. L'exemple des
événements de Farin Gumé et de la commune de Doumega sont
assez illustratifs. En effets, à ce niveau les éleveurs ont
été victimes des dégâts matériels et
même humains en 2012. Dans cette dernière commune, les
éleveurs étaient mis au cours de la même année en
quarantaine et empêché d'exercer l'élevage.
Les problèmes auxquels ils sont confrontés sont
entre autres les difficultés d'accès aux ressources pastorales
à savoir les sous produits agricoles, les ressources fourragères,
les mares et certains points d'eaux dont disposent ces milieux faute
d'envahissement des couloirs de passages des animaux. Donc, l'équilibre
qui existait entre les zones des plateaux et les vallées sont entrain
d'être remis en cause parce que l'extension des chapelets des sites
clôturés a changé la dynamique du système et de la
mobilité pastorale. Du coup, cette pratique a inévitablement
entraîné de changement dans la structure paysagère et la
gestion de l'espace. Peut-on à ce niveau, parler de la recomposition et
du changement du statut foncier ?
Cela est du à un manque de statut clair et de plan de
gestion intégrée et concertée des ressources
foncières.
Si tel est le cas, quel serait alors l'avenir d'une
activité dont sa contribution dans le PIB national n'est pas de moindre
?
Pourtant, la mobilité est reconnue et définie
clairement comme droit fondamental des éleveurs dans le code
rural10.
10 Ordonnance n° 2010- 29 du 20 mai 2010 relative
au pastoralisme : titre II, article 3
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Cette situation a fait quitter beaucoup d'éleveurs vers
les pays voisins et leurs troupeaux. A ce sujet, ils ne manifestent aucunement
pas le désir de retourner aux Niger malgré les menaces qu'ils
courent dans certains pays.
Par ailleurs, l'une des préoccupations majeures qu'on
peut relever à l'issue de cette étude est aussi la
méconnaissance du code rural et de ses structures de
démembrements (les commissions foncières) faute des missions des
sensibilisations et de vulgarisations dans certaines communes. Même au
plan national, le taux d'installation des commissions foncières de bases
est très faible. Il est de 17,56% selon le bilan diagnostic de 20 ans
d'expérience du code rural en 2013.
A cela, s'ajoute d'autres facteurs entre autres des
dérives en matière de la gestion et où de la gouvernance
foncière, le manque des formations et de renforcements de
capacité et le faible niveau de certains cadres en charge de cette
tache. Ces fléaux justifient combien de fois que l'Etat est absent dans
l'application et le processus de vulgarisation des structures du code rural.
A la lumière de ce qui se précède, on se
rend à l'évidence que malgré le potentiel irrigable dont
dispose la zone d'étude, on constate une faible mise en valeur.
Seulement, 6500 ha sont mis en exploitation en 2011. Concernant les modes
d'accès, il existe en général dans l'ensemble de la zone
d'étude quatre modes d'accès aux sites irrigués à
savoir l'héritage (43,01%), le prêt (39,76%), l'achat (13,97%) et
en fin le gage avec 3,22% de la population enquêtée.
Il ressort aussi clairement que le développement de
l'irrigation dans les vallées des dallols et du fleuve a des incidences.
Seul, l'aménagement de cet espace partagé pourrait régler
cette situation dans ces milieux très riches et humides qui attirent
l'appétit des agriculteurs et des éleveurs. L'exploitation
apaisée et durable exige la complémentarité entre les
différentes activités à travers la
complémentarité des utilisations de l'espace.
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