3.5 : les incidences du développement de
l'irrigation sur les rapports sociaux
Le développement de l'irrigation sur les espaces
pastoraux dans le contexte de dallols et la vallée du fleuve a
engendré depuis des années des lourdes conséquences sur
l'élevage et son système. Il s'agit des problèmes relatifs
à l'accès aux ressources pastorales, c'est-à-dire à
l'exploitation des sous produits agricoles, des ressources fourragères
dont dispose énormément le dallol. L'envahissement des mares, des
autres points d'eau par les maraîchers et des certains couloirs des
passages qui ont fortement bloqué l'alimentation en eau du bétail
et la divagation des animaux, au sens plus large à la mobilité
pastorale. Au regard de cette situation, on risquerait d'assister à une
recomposition irréversible des espaces. L'accroissement des sites
communautaires, privés et des aménagements hydro-agricoles ne
peuvent que prendre de l'ampleur sur toute la zone. Les conséquences
liées à cette mise en valeur sont la réduction des espaces
pastoraux, rendant les rapports sociaux très tendus entre les acteurs
qui débouchent généralement sur des conflits. Ces
problèmes d'espaces auxquels font face les éleveurs de la
région ont poussé un bon nombre, presque dans toutes les communes
à quitter la zone des dallols pour les pays voisins, car le
développement des ressources animales ne peut se prévaloir dans
un tel contexte.
3.5.1 Situation de l'élevage et avis des
éleveurs
Dans la zone des dallols, les champs qui sont supposés
d'être pour les activités pastorales après la campagne
agricole, sont utilisés à des fins d'irrigation. Ces cultures
irriguées vont jusqu'à douze mois sur douze dans certaines
communes surtout dans le département de Gaya. Cela veut dire, que
lorsque les éleveurs descendent en transhumance en destination des
autres pays frontaliers ils trouvent les champs des cultures
complètement exploités et la vallée déjà
occupée par les cultures de contre saison. Pendant cette période
l'accès au fleuve devient difficile, ce qui crée un sentiment de
désolation chez les éleveurs.
L'irrigation est à l'encontre de la veine pâture
alors que la loi relative au pastoralisme dit que «
après la campagne agricole, tout le foncier rural devient
pastoral ». A cet effet, l'exploitation des zones à
fort potentiel pastoral et la mobilité risquerait d'être
compromise dans ces conditions. Face à cette extension des cultures
irriguées, les ressources pastorales tel que : les couloires de passage
des animaux, les enclaves pastorales, les aires de repos sont
sérieusement menacés d'envahissement par les agriculteurs.
A Kizamou, un éleveur disait que « les
maraîchers ont cultivé les vallées, ils ont tendance
à envahir les plateaux de nouveau. Avec cette extension, si rien n'est
fait l'élevage va cesser
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d'exister dans cette région ».
Ce problème est même plus aigue sur la vallée
du fleuve où les producteurs travaillent la terre douze mois sur
douze.
Les puits, les mares et d'autres points d'eau sont difficiles
à atteindre parce que les agriculteurs ont occupé jusqu' aux
bordures de ces points d'eau. Les éleveurs dans l'impasse, sont souvent
contraints d'introduire leurs troupeaux pour les alimenter. C'est cette
situation qui engendrent des tensions voire même des conflits entre les
producteurs ruraux particulièrement les éleveurs et
maraîchers aussi bien dans les dallols que la vallée du fleuve. En
dehors du rétrécissement des ces espaces, d'autres ont
complètement disparu, alors que sur les plateaux les ressources sont
dégradées surtout les aires de pâturage envahies par les
espèces non appétées comme sida cordifolia.
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