Conjointement avec la Banque Centrale, le Ministère de
l'Économie et des Finances définit les grandes orientations de la
politique monétaire. De ce fait, pour atteindre les objectifs
visés par la politique monétaire, toutes les Banques Centrales
à travers le monde disposent d'un ensemble d'outils communément
appelés instruments de conduite de la politique monétaire
leur donnant un certain contrôle sur les dépôts des
banques. Ces instruments sont dits directs - et regroupent entre
autres le contrôle du crédit ; le plafonnement des taux
d'intérêt et l'orientation du crédit - et indirects
dont l'opération d'open market, l'opération de prêt ou
de réescompte, les bons de la Banque Centrale (dénommés
Bons BRH en Haïti) et les coefficients de réserves obligatoires.
Toutefois, en Haïti certains de ces instruments sont tombés en
désuétude.
o 12
Taux d'intérêt
Selon l'économiste Eddy Etienne9, la
jonction des courbes d'offre d'épargne et de demande d'investissement
détermine le taux d'intérêt d'équilibre. Cependant,
pour lui en période d'inflation incontrôlée, l'ajustement
devra être fait à travers une politique de taux
d'intérêt adéquatement flexible. Ce constat a
été fait en Haïti au cours de la première
moitié des années 2000.
Dans la mesure où il y a une amélioration ou
une détérioration des fondamentaux de l'économie, la BRH
peut décider de modifier le loyer de l'argent (le taux
d'intérêt) afin de stabiliser le fonctionnement de
l'économie. De telles modifications ont des incidences non seulement sur
le crédit mais aussi sur le volume des opérations
financières de l'économie.
En effet, une baisse du taux d'intérêt est
souvent utilisée comme moyen de relancer l'activité
économique lorsque les fondamentaux donnent des signaux favorables au
bon fonctionnement de l'économie afin d'attirer davantage
d'investissements pour mieux soutenir la croissance.
Toutefois, la formation du taux d'intérêt est
l'un des thèmes de controverses de la macroéconomie si bien
qu'elle oppose les écoles keynésienne et classique. Pour la
première, le taux d'intérêt est déterminé sur
le marché de la monnaie alors que pour la seconde il se forme sur le
marché des titres.
o Les coefficients de réserves obligatoires
Dans l'optique de garantir une partie du dépôt
des épargnants ; de défendre la valeur de la monnaie nationale et
surtout de lutter contre l'inflation, la BRH fait obligation à toutes
les
9 Eddy V. ETIENNE, (1992) «Monnaie et
banque». Port-au-Prince, Henry DESCHAMPS
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banques de second rang du système bancaire de
transférer une portion des dépôts reçus des
épargnants, non productible d'intérêts, dans un compte
à la Banque Centrale : cette portion est calculée à partir
des coefficients de réserves obligatoires fixés par la
BRH.
Quand la BRH vise à freiner le développement de
la création de la monnaie scripturale par le biais du crédit,
elle augmente les taux de réserves obligatoires. Dans le cas contraire,
elle les diminue.
o Les bons BRH
À partir du mois de novembre 1996, la Banque Centrale
a introduit les bons BRH comme nouvel instrument visant à
assécher à court terme les excédents de liquidité
du système bancaire. Il existe des maturités de 7, 28 et 91 jours
sur les bons BRH. Cependant, le taux servi sur les maturités à
échéance de 91 jours est considéré de nos jours
comme le taux directeur utilisé par les banques commerciales pour leurs
opérations de trésorerie.
o Les opérations d'open market
Les opérations d'open market peuvent être
définies comme l'achat ou la vente d'instruments financiers par la
Banque Centrale sur le marché primaire ou secondaire. Les instruments
les plus couramment utilisés sont les bons du trésor et les
effets émis par la Banque Centrale. En Haïti, les interventions
non-routinières de la BRH sur le marché des changes sont
assimilées à une opération d'« open market »
puisqu'elles se réalisent sur le marché ouvert ; la BRH
intervient sur le marché formel des changes (banques et agents de change
agréés) pour acheter ou vendre des devises lorsqu'elle le juge
nécessaire. Quand la Banque Centrale acquiert des obligations pour son
portefeuille, elle fournit des liquidités aux institutions
financières. Par contre, lorsqu'elle en vend, elle assèche les
excédents de liquidités du marché. Les opérations
d'open market, nous dit
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le professeur Eddy ETIENNE10, constituent une
technique de contrôle monétaire relativement souple, qui peut
être appliquée graduellement.
o Le taux d'escompte
Le taux d'escompte constitue un autre instrument du coffre
d'outils de la BRH qui est très usité dans la conduite de la
politique monétaire et dans la recherche des grands objectifs
macroéconomiques.
C'est le taux auquel la Banque Centrale prête de
l'argent aux banques commerciales, conformément à l'environnement
macroéconomique, il peut être inférieur ou supérieur
au taux du marché interbancaire11. Ainsi s'avère-t-il
un instrument de contrôle des banques de second rang car lorsqu'il est
supérieur au taux du marché interbancaire ; le recourt de l'une
des banques commerciales auprès de la BRH pour faire des prêts
s'avère un indice de grave problème sur le plan financier. Car en
situation normale, la BRH devrait être le prêteur en dernier
ressort.
Mis à part les instruments utilisés par la
Banque Centrale, la politique monétaire se transmet sur
l'économie réelle à travers un circuit clairement
identifiable, ce sont les canaux de transmission de la politique
monétaire.