SECTION 2: ANALYSE DES SERIES ET ESTIMATION DU VAR
IV.2.1- description et sources des données
Qu'on se rappelle dès la formulation de la
problématique de la présente recherche, nous nous demandions
comment le niveau général des prix réagirait suite
à une modification de la masse monétaire au sens large de
l'économie haïtienne (M3) ; pour cela nous faisons un vecteur
autorégressif (VAR) à deux variables : la masse monétaire
au sens large (M3) et l'Indice des Prix à la Consommation
(IPC)55.
Les données relatives à la masse
monétaire au sens large (M3) ont été recueillies à
la Banque de la République d'Haïti (BRIT), tandis que celles
relatives à l'Indice des Prix à la Consommation ont
été fournies par l'Institut Haïtien de Statistique et
d'Informatique (IHSI).
55 Nous n'avons pas utilisé l'IPC moyen dans le
cadre de ce travail parce que l'agrégat monétaire M3 est un
stock.
67
Le VAR étant un modèle de court terme, il ne
peut s'appliquer que sur des variables stationnaires. Ainsi nous est-il
imposé d'étudier la stationnarité des séries ou
encore de déceler l'existence ou non de racine unitaire dans les
séries.
IV.2.2- test de racine unitaire et test de
causalité
Pour tester l'existence de racine unitaire dans les
séries, nous allons utiliser deux tests statiques : le test de Dickey
Fuller Augmenté et celui de Phillips Perron. Toutefois, les
séries seront étudiées en logarithme
népérien dans le but d'atténuer leur éventuelle
volatilité.
L'analyse des séries en logarithme
népérien nous a permis de déceler qu'elles ne sont pas
stationnaires en niveau. Mais elles sont stationnaires en différence
première comme l'illustre le tableau 1 retrouvé dans les pages
ci-après. Il est à noter que la stationnarité est la
condition sine qua non pour estimer un VAR.
o Test de Dickey Fuller Augmenté sur les
séries LOGIPC et LOGM3
Dickey et Fuller (1979) se basent sur les transformations du
modèle autorégressif AR(1) en utilisant les modèles
suivants :
Le test de racine unitaire suit la logique suivante, sous
l'hypothèse H0 : = , correspondant à l'existence d'une racine
unitaire. On effectue le test de racine unitaire en procédant par le
test t standard :
68
La statistique obéit à une distribution
calculée par Dickey et Fuller.
Plus tard, le test a été élargi (d'où
l'appellation de test de Dickey Fuller Augmenté) et publié en
1981. Pour construire ce test, on effectue la régression suivante :
La version élargie du test de Dickey-Fuller comporte des
retards additionnels sur la variable .
Cet ajout vise à prendre en compte la présence
éventuelle d'autocorrélation des résidus.
C'est donc cette version élargie que nous appliquons sur
nos différentes séries dans le cadre de ce travail. Les
résultats trouvés, ont été rapporté au
tableau ci-après :
Tableau 1: test de racine unitaire (ADF) sur
les variables des modèles 1, 2 et 3
Volet A : test ADF sur les variables prises en niveau
|
Variables
|
Valeur du test
|
Valeur critique
|
tendance/constante
|
Stationnarité
|
Modèle 3
|
LOGIPC
|
0.087
|
-3.44
|
TNS
|
Non
|
|
LOGM3
|
-1.92
|
-3.44
|
TNS
|
Non
|
Modèle 2
|
LOGIPC
|
-2.26
|
-2.88
|
CS
|
Non
|
|
LOGM3
|
-1.37
|
-2.88
|
CNS
|
Non
|
Modèle 1
|
LOGIPC
|
3.98
|
-1.94
|
-
|
Non
|
|
LOGM3
|
7.27
|
-1.94
|
-
|
Non
|
Volet B : test ADF sur les variables prises en
différence première
|
Variables
|
Valeur du test
|
Valeur critique
|
tendance/constante
|
Stationnarité
|
Modèle 3
|
LOGIPC
|
-6.93
|
-3.44
|
TS
|
Oui
|
|
LOGM3
|
-11.01
|
-3.44
|
TNS
|
Non
|
Modèle 2
|
LOGM3
|
-10.98
|
-2.88
|
CS
|
Oui
|
Source : Calcul de l'auteur à partir du logiciel
Eviews 5.0/ données BRH et IHSI
69
Interprétation des résultats
Aucune des séries n'est stationnaire en niveau selon le
test de Dickey Fuller augmenté56 mais les séries sont
stationnaires lorsqu'elles sont différenciées une fois.
La série LOGIPC est stationnaire en différence
première, car non seulement la tendance est significative
(d'après le modèle avec constante et tendance) mais aussi la
valeur de la statistique ADF (-6.93) est inférieure
à celle lue dans la table au seuil de 5%, soit
-3.44.
Quant à la série LOGM3, la tendance du
modèle avec constante et tendance s'est avérée non
significative en dépit du fait que la valeur de la statistique ADF de ce
modèle est inférieure à la valeur critique lue dans la
TDF. De ce fait, nous adoptons le modèle avec constante et sans tendance
pour lequel la constante s'est révélée significative et la
valeur de la statistique du test de la racine unitaire est inférieure
à celle lue dans la TDF au seuil de 5%, soit ADF= -10.98<
-2.88.
Vu l'importance de la stationnarité des séries
dans l'estimation d'un VAR, vérifions par un autre test si les
séries LOGIPC et LOGM3 sont stationnaires ou non.
o Test de Phillips-Perron sur les séries LOGIPC et
LOGM3
L'une des reproches adressées aux différentes
versions du test de Dickey-Fuller, c'est qu'elles mettent trop de restrictions
sur les termes d'erreur qui sont supposés indépendants et de
distribution homogène. Ainsi Phillips et Perron (1988) ont-ils
proposé une généralisation des tests de Dickey-Fuller qui
impose moins de restriction sur la distribution des résidus. Le test de
Phillips-Perron suppose seulement que ces derniers soient faiblement
indépendants et qu'ils puissent être distribués de
façon hétérogène. La régression qu'ils
proposent est la suivante :
56 Une table fournira en annexe les hypothèses,
la règle de décision et la stratégie du test de Dickey
Fuller Augmenté.
70
Où t= 1,2, ..., T. et « t » représente la
période d'observation.
Plus tard, en 1989, Perron a élargi le test de racine
unitaire au cas de changements structurels. Il considère
l'hypothèse d'un seul sursaut dans le niveau du processus de racine
unitaire contre l'alternative d'un changement au niveau du terme constant d'un
processus TS.
Nous résumons les résultats du test de
Phillips-Perron sur nos différentes séries dans le tableau
ci-après :
Tableau 2 : test de racine unitaire (PP) sur
les variables des modèles 1, 2 et 3
Volet A : test PP sur les variables prises en niveau
Variables
|
Valeur du test
|
Valeur critique
|
tendance/constante
|
Stationnarité
|
Modèle 3
|
LOGIPC
|
0.22
|
-3.44
|
TS
|
Non
|
|
LOGM3
|
-2.02
|
-3.44
|
TNS
|
Non
|
Modèle 2
|
LOGIPC
|
-2.20
|
-2.88
|
CS
|
Non
|
|
LOGM3
|
-1.31
|
-2.88
|
CNS
|
Non
|
Modèle 1
|
LOGIPC
|
5.32
|
-1.94
|
-
|
Non
|
|
LOGM3
|
6.52
|
-1.94
|
-
|
Non
|
Volet B : test PP sur les variables prises en différence
première
|
|
|
Variables
|
Valeur du test
|
Valeur critique
|
tendance/constante
|
Stationnarité
|
Modèle 3
|
LOGIPC
|
-6.90
|
-3.44
|
TS
|
Oui
|
|
LOGM3
|
-11.06
|
-3.44
|
TNS
|
Non
|
Modèle 2
|
LOGM3
|
-11.02
|
-2.88
|
CS
|
Oui
|
Source : Calcul de l'auteur à partir du logiciel
Eviews 5.0/ données BRH et IHSI
Interprétation
Le test de Phillips-Perron conduit à la même
conclusion que celui de Dickey Fuller augmenté. À cet effet, les
séries présentent une tendance en niveau. Mais prises en
différence première ; elles sont stationnaires. D'où la
significativité de la tendance au modèle avec constante et
tendance jointe à la valeur calculée de la statistique PP
(-6.90) qui est inférieure à la valeur tabulée au
seuil de 5%, soit (-2.88).
71
Une analyse graphique peut aussi nous permettre
d'apprécier l'existence d'une tendance ou non dans les séries en
niveau et en différence première.
Graphique 8 : évolution des séries
LOGIPC et LOGM3 en niveau et en différence première d'octobre
1999 à septembre 2010
10 8 6 4
|
|
.12 .08 .04 .00
-.04 -.08
|
00 01 02 03 04 05 06 07 08 09 10
|
LOGIPC
LOGM3
|
|
DLLOGIPC
DLLOGM3
|
|
|
|
|
Source : Calcul de l'auteur à partir de
données provenant de l'IHSI et de la BRH
En visualisant les séries, on peut constater qu'elles sont
effectivement stationnaires en différence première alors qu'elles
présentent une tendance en niveau. Maintenant notre préoccupation
est de déterminer le nombre de retard optimal à inclure dans le
vecteur autorégressif.
|