III.3.5- La politique monétaire en 2010
Après la bonne performance de 2009, l'économie
haïtienne est frappée au cours de l'exercice 2010 par un choc
interne (le séisme du 12 janvier 2010) qui a chambardé le sentier
de la
croissance sur lequel se trouvait Haïti durant le second
quinquennat des années 2000. En conséquence, le PIB réel a
chuté de 5.4% soit sa plus forte contraction observée depuis 15
ans.
Au cours de l'exercice, la BRH a maintenu les taux
d'intérêt sur les bons BRH inchangés, soient aux niveaux de
2%, 3.5% et 5% sur les maturités respectives de 7, 28 et 91 jours.
Toutefois, la Banque Centrale a profité des flux d'aides
étrangères pour intervenir sur le marché des changes. Ces
interventions visaient un double objectif :
- renflouer les réserves de devises afin que la Banque
Centrale soit plus apte à défendre la valeur externe de la
gourde.
- épargner le pays d'un syndrome hollandais (dutch
desease). En effet, Une appréciation de la gourde pourrait provoquer une
baisse de compétitivité des entreprises exportatrices, notamment
le secteur de la sous-traitance. Car les prix des biens nationaux deviendraient
plus élevés par rapport aux prix des biens étrangers.
Sources : données produites par l'IHSI, calcul de
l'auteur
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Ainsi, suite à ces interventions, les réserves
nettes de change de la BRH ont triplé pendant l'exercice pour atteindre
985 MD en septembre 2010 alors que les réserves nettes de change du
système bancaire atteignaient plus d'un milliards de dollars. Il est
à noter que, comme illustre le graphique précédent, les
interventions de la Banque Centrale du côté de la demande sur le
marché des changes ont permis non seulement à la gourde de se
stabiliser en fin d'exercice en dépit du choc interne de janvier 2010
mais aussi ont permis à la BRH de reconstruire ses coussins de
devises.
Au premier trimestre 2010, les principaux agrégats
monétaires ont connu une nette décélération en
terme de croissance tant en rythme trimestriel qu'annuel. La masse
monétaire au sens large n'a crû que de 1.5% au trimestre
précédent. Cette décélération de M3 est due
à la contraction substantielle de l'encours des bons BRH au passif du
bilan de la Banque Centrale. Cette diminution de l'encours52 des
bons BRH a occasionné des surplus de liquidité au niveau du
système bancaire, dont 372.1 millions de gourdes ont été
épongées grâce aux interventions nettes à la vente
sur le marché des changes.
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