III.2.3- La politique monétaire en 2003
La politique monétaire s'est déroulée en
2003 dans le cadre d'un programme économique et financier signé
en mars 2003, les objectifs visés par le dit programme sont les suivants
:
- porter le déficit budgétaire de 5.5% à
2.7% du PIB au premier trimestre à partir d'un scénario tablant
sur un taux de croissance nulle ;
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- baisser le taux d'inflation à environ 10% d'avril
à septembre 2003, moyennant une augmentation de la masse
monétaire de 38.7% en terme nominal.
Conjointement la BRE a adopté une posture
monétaire restrictive en réponse à deux chocs que
l'économie a connus en début d'exercice :
- une rumeur47 non fondée a provoqué
une véritable panique bancaire, elle a entraîné une
diminution de 86.9 millions de dollars des comptes libellés en dollars
détenus par les banques commerciales et une augmentation du taux de
change à 38.77 gourdes pour un dollar soit une
dépréciation de 33% en un mois.
- l'élimination des subventions à la
consommation des produits pétroliers a provoqué une hausse
considérable des prix.
Aussi, le taux sur les bons à 91 jours est passé
de 10.20% en septembre 2002 à 15.59% en décembre et à
27.5% en mars 2003.
De surcroît, dès le premier trimestre le
déficit budgétaire (1 223.6 millions de gourdes) s'est accru en
raison de l'augmentation des dépenses liées aux services de la
dette externe. Ce déficit a entraîné un recourt de l'ordre
de 1 309.6 millions de gourdes du gouvernement central au crédit de la
BRE qui a renforcé les pressions inflationnistes durant tout le
trimestre. Pour stériliser les liquidités excédentaires,
la BRH a décidé de relevé les taux d'intérêt
sur les bons BRE de 7 et 91 jours dès le mois de novembre.
Le deuxième trimestre s'est signalé par un
financement monétaire plus élevé que celui du trimestre
précédent, lequel a porté le crédit octroyé
à l'Etat à 2 724.6 millions de gourdes sur le premier semestre
2003. Ces évolutions ont provoqué des pressions sur le taux
d'inflation en variation mensuelle et ont porté la Banque Centrale
à doubler les taux d'intérêt sur les
47 Selon laquelle les autorités iraient
convertir les dépôts libellés en dollars à un taux
forfaitaire.
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instruments à échéance de 7 jours et
à augmenter de six (6) six points de pourcentage les taux
d'intérêt sur les maturités de 91 jours.
Toutefois, au troisième trimestre 2003, le
crédit au secteur public s'est contracté de 3.4% et l'exercice
s'est terminé avec une progression moyenne mensuelle de 0.21% et de
21.9% en glissement annuelle. En dépit de cette expansion du
crédit au secteur public, un ralentissement des pressions
inflationnistes et une stabilité du taux de change moyen mensuel autour
de 41.50 gourdes pendant les deux derniers mois de l'exercice ont
été observés.
Malgré les taux d'intérêt
élevés pratiqués en 2003, l'économie a
renoué avec la croissance. Cela s'explique par le fait que 25% du budget
de l'exercice était alloué aux projets de réhabilitation
et de maintien des infrastructures de base ainsi qu'à
l'achèvement d'équipements collectifs comme les lycées,
les centres de santé, les places et les marchés publics. Ainsi,
l'économie haïtienne est sortie de la récession
amorcée depuis l'année 2001.
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